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Le cercle des Juristes de Respect zone, un think-tank pour prévenir les cyberviolences.
Parution : mardi 29 décembre 2020
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L’association Respect Zone dont la raison d’être est la prévention des cyberviolences et l’aide aux victimes est épaulée dans ses actions par des avocats, juristes, magistrats, experts du droit, étudiants, bénévoles regroupés en un cercle de réflexion : le Cercle des juristes de Respect Zone.
Il est toujours enrichissant pour une personne de s’engager que ce soit à titre personnel ou professionnel, et les juristes par leur expertise et leur capacité à utiliser, créer le droit, représentent des atouts pour le monde associatif.
C’est la raison pour laquelle le Village de la Justice s’est intéressé au Cercle des Juristes de Respect Zone et s’est entretenu avec Philippe Coen, directeur juridique et président de l’association Respect Zone et Eric Lauvaux, avocat-associé du cabinet Nomos, bénévole, pour qu’ils présentent ce cercle de réflexion et l’intérêt pour des professionnels du droit d’y participer.

Pouvez-vous nous présenter le Cercle des juristes de Respect Zone, quelle en est la philosophie ?

Philippe Coen et Eric Lauvaux : « Le Cercle des Juristes a été lancé en juillet 2018 et regroupe, depuis, avocats, juristes, magistrats, experts du droit, étudiants, bénévoles et signataires de la Charte Respect Zone, au sein de l’association.

"Une créativité en droit souple au service de la cause de la prévention des cyberviolences."

Eric Lauvaux, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle et des médias, encadre notre Cercle qui s’organise autour de quatre groupes de travail. Ces Groupes apportent le soutien juridique nécessaire à l’association et notamment pour la mise en œuvre de la feuille de route de l’association de prévention des cyberviolences et de l’aide aux victimes. Notre feuille de route est résumée en 50 propositions que nous complétons et révisons au fil du temps.

La philosophie est la prévention positive nourrie par notre creativité en droit souple au service de la cause de la prévention des cyberviolences (harcelement, discrimination et radicalisation). Nous sommes au cœur de nombreux débats de société sur la sécurité, l’éducation, les écrans, le séparatisme, la responsabilité des internautes et des plateformes, le statut des victimes etc. »

Quelles actions mène-t-il ?

« Le Cercle est divisé en groupe de travail spécialisé, et chacun des membres est libre de choisir le ou les groupes qui l’intéresse. 

Aujourd’hui ces groupes sont :

Le groupe "Etude et stratégie" sous la direction d’Anne-Charlotte Gros, directrice des Affaires publiques de l’Association : ce groupe travaille à la mise en œuvre des 50 propositions de l’association pour la prévention des cyberviolences. Il se charge également de travailler sur les contributions qu’il va porter dans différentes instances. Par exemple, comme pour la loi Avia ou encore pour le DSA pour lequel le Cercle a émis une contribution fouillée pour nourrir sa rédaction, en tant qu’ONG enregistrée auprès de la Commission Européenne.
Ce groupe travaille également sur l’accompagnement de l’association dans ses fonctions de membres permanent de l’Observatoire de la haine en ligne, proposition Respect Zone et adoptée par la loi Avia.

Le groupe "Accompagnement juridiques", dirigé par Estelle Chemla, juriste et Secrétaire Générale, ce groupe a pour fonction de sécuriser juridiquement les différents projets de l’association en pro bono avec l’aide de membres de notre Cercle. Les cabinets d’avocats par exemple ont vocation à signer une convention de partenariat pro bono avec notre association s’ils le souhaitent (c’est déjà le cas d’Eversheds, Nomos, Kramer Levin et Skadden).

Le groupe "Aides et informations juridiques aux victimes", coordonné par Mary-Daphné Fishelson (AMCO), a pour principal objectif le développement d’une plateforme mettant à disposition des victimes de cyberviolence des informations juridiques.

Le groupe "Projets Respect Zone", piloté par Laura-Blu Mauss, qui centralise les demandes d’action ponctuelles de l’Association pour les proposer aux membres. Ainsi, plusieurs membres sont volontaires pour intervenir auprès de notre Clinique Juridique Respect Zone des Droits Humains Numérique, développée avec Paris Dauphine, qui débutera en Janvier 2021. Cette clinique est une belle innovation dans le monde des cliniques universitaires. Nous sommes convaincus que cette expérience en inspirera d’autres.
Autre exemple, les “#RespectsDuels”, concours d’éloquence numérique, inspirés par les concours d’éloquence et de plaidoirie pluricentenaires du barreau, sur lesquels Maître Patrick Vilbert, ancien secrétaire de la Conférence, travaille, sont un rapprochement étonnant entre le monde du droit et les cyberviolences. »

Le Cercle des juristes de Respect Zone peut-il être considéré comme un think-tank ?

« Le Cercle offre un espace dédié à la réflexion pour une meilleure compréhension et prise en charge juridique des cyberviolences par notamment l’utilisation innovante du droit souple.

Il offre à chacun la possibilité de s’associer à des projets impactants et de participer à l’avènement de nouveautés tant en termes de développement d’outils de prévention des cyberviolences que leur prise en charge juridique.

Le Cercle travaille notamment sur la conception de contre-discours et nos #RespectDuels permettent d’associer différents publics et de bénéficier de leur créativité.
Nous avons testé l’utilité de permettre à tout un chacun et notamment les jeunes d’exercer leurs talents d’éloquence sur un fil de réseau social en défendant l’affirmative ou la négative dans le respect de la charte du respect en ligne de Respect Zone. La seule « contrainte », c’est le respect du respect. Et c’est un angle très ludique et vertueux.
Les juristes ont beaucoup à dire sur ce qu’est l’éloquence et la plaidoirie. Sur les réseaux sociaux, lorsque l’on veut convaincre, on doit être éloquent, la question du comment se pose. Et oui c’est un élément constitutif de notre Think Tank. »

Pourquoi lancez-vous un appel aux juristes pour y prendre part ?

"S’engager pour plus d’éthique en ligne, est un combat qui nous parlent à tous."

« Aujourd’hui notre Cercle est composé d’une soixante de professionnels du droit à la fois avocats, juristes, directeurs juridique, étudiants, doctorants essentiellement situés en région parisienne. 
Notre objectif consiste à réunir et élargir sa portée et de mettre en réseau de compétences les meilleurs experts désireux de collaborer avec nous sur ces questions. Qu’elles soient de Paris mais aussi d’ailleurs. Ce Cercle à vocation à être d’envergure nationale, européenne et internationale. 
Il ne faut pas beaucoup de temps par mois pour apporter son soutien juridique à notre association.
C’est aussi un think tank juridique sur toutes ces questions cruciales qui confrontent notre société au jour le jour. Des réponses sont attendues de la communauté des juristes et nous sommes là pour organiser les réponses du monde du droit. S’engager pour plus d’éthique en ligne, est un combat qui nous parlent à tous. »
 

Quelle "plus-value" cela représente-t-il pour un juriste d’intégrer ce cercle ?

"Intégrer le Cercle des Juriste est un tremplin intellectuel mais aussi professionnel."

« Intégrer le Cercle des Juriste est un tremplin intellectuel mais aussi professionnel.
Ce Cercle de réflexion juridique avec un objectif très clair qui permet à ses membres d’associer la réflexion sur des principes à leur mise en œuvre pratique mais aussi de s’engager personnellement sur un sujet d’ampleur et impactant.
Respect Zone offre aux adhérents du Cercle la possibilité de participer à ses activités dans son ensemble et donc de participer aux activités de formation et de d’éveil au respect de tous les types de public. 
Nous nous adaptons aux contraintes horaires de chacun tant nous savons que les professionnels du droit sont très pris.
Notre Cercle offre à chaque juriste l’opportunité de faire de l’impact social pour cette cause si importante et si irrésolue de la lutte contre les cyberviolences. Qui mieux que les experts en droit peuvent s’engager en recherchant dans les armes juridiques de quoi réduire les souffrances vécues par les jeunes et les moins jeunes du fait de la toxicité de l’usage des réseaux sociaux. »

Propos recueillis par Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.