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Avocat demain ? Valorisez votre projet et votre image numérique aujourd’hui ! (Partie 1).
Parution : vendredi 26 mars 2021
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Être acteur de son futur projet professionnel et construire, entretenir une image numérique valable et attrayante, c’est minimiser ses chances de faire des choix par défaut et de quitter la profession prématurément, et maximiser ses opportunités d’offres et d’expériences satisfaisantes et épanouissantes. Éléments d’analyse et de perspective.

Construire une candidature pour réussir.

« On joue comme on s’entraîne… et on collabore comme on a été recruté ! ». Cette métaphore sportive, en apparence triviale et qui pourrait apparaître datée, est parfaitement d’actualité pour les élèves-avocats en quête de stages et, surtout, de futures collaborations. Que cela signifie-t-il concrètement ? Qu’il faut soigner son accroche et son approche.

Victor Mollet

70% des premières collaborations sont issues des stages finaux des élèves-avocats en cabinet.

Dès les premiers échanges, les rapports créés entre l’élève-avocat et l’avocat-recruteur vont façonner le cadre de leur coopération ultérieure, qu’il s’agisse d’un stage ou, a fortiori, d’une première collaboration.

Dans cette perspective, l’élève-avocat doit avoir en tête que le stage final en cabinet recèle une importance capitale. Les expériences préliminaires ne sont pas nécessairement moins formatrices et émancipatrices mais c’est cette ultime étape avant de revêtir la robe qui décide souvent du début de carrière de l’avocat et dicte la cadence des premiers pas dans la profession. 70% des premières collaborations sont d’ailleurs issues de ces stages finaux. Ce pourcentage augmente encore si l’école d’avocats offre la possibilité de l’alternance durant la période des fondamentaux. Chaque élève-avocat doit prendre conscience de ces données pour augmenter ses chances de succès.

Définir son projet et candidater de façon pertinente.

Les premiers échanges entre l’avocat en devenir et sa future structure d’exercice débutent dès la construction de sa candidature. Une fois son projet et ses ambitions clairement définis, matérialisés par la réalisation d’un curriculum vitae et d’une lettre de motivation soignés, l’élève-avocat doit mener un travail de recherche précis quant aux cabinets qu’il souhaite rejoindre. Au-delà de proposer une demande en phase avec les attentes réelles du cabinet, cela lui permettra en outre de faire écho aux qualités d’adaptabilité et de recherche juridique qu’il pourra déployer demain et rassurera sans nul doute l’associé en charge du recrutement.

Sur le fond, chaque candidature doit être dédiée et personnalisée. L’erreur à ne surtout pas commettre est celle qui consiste à inonder le marché et, finalement, à ne jeter que des bouteilles à la mer, en espérant qu’un cabinet ne finisse un jour par mordre à l’hameçon.

Vincent Guiguen

Au-delà de circonstancier son parcours et de conter son projet, l’élève-avocat veillera à s’adresser à une cible dédiée et identifiée, non pour la flatter outre mesure (éviter à tout prix les flagorneries pompeuses qui peuvent s’avérer parfaitement contreproductives) mais pour capter son attention et sa considération. Ce n’est pas au cabinet de s’adapter au candidat mais bien l’inverse. Par là même, ce n’est pas au cabinet de faire des efforts de compréhension à la lecture de la candidature mais à l’élève-avocat de faire montre d’une limpidité et d’une lisibilité sans faille. Inutile d’être compréhensible ou intéressant à la dixième phrase si le lecteur vous quitte à la troisième.

Sans être une œuvre d’art, la candidature doit donner une impression soignée.

Sur la forme, il convient de soigner le graphisme et la maquette de sa lettre de motivation et, surtout, de son CV, ce dernier offrant plus de latitude et d’opportunités visuelles. De nombreux outils existent aujourd’hui pour y parvenir. Faire l’impasse sur la mise en page de sa candidature, c’est clairement minorer ses opportunités de résultats à une époque où la forme est devenue au moins aussi importante que le fond. La première impression, souvent déterminante, qu’aura le recruteur devant une candidature, sera graphique.

Sans être une œuvre d’art, la candidature doit donner une impression soignée, d’attrait et de clarté. Délaisser la forme de sa candidature, c’est prendre le risque qu’elle ne soit placée à la corbeille avant même d’être véritablement étudiée. Il faut d’ailleurs inclure que la forme, c’est justement le fond qui remonte à la surface. Un excellent profil ne peut se permettre de proposer un graphisme médiocre.

Réussir son entretien pour "mettre le pied à la porte".

Cette étape de la candidature passée avec succès, l’élève-avocat se dirigera vers un ou plusieurs entretiens pour préciser encore son projet et voir sa candidature définitivement retenue. C’est du moins l’objectif. Dans cette optique, l’avocat en gestation doit inclure que l’objet premier de sa candidature n’est pas d’obtenir directement un stage ou une collaboration mais en premier lieu de décrocher cette entrevue et in fine de « mettre le pied dans la porte ».

Le stress ou la tension peuvent être pardonnés, pas l’impréparation ou la suffisance.

L’entretien est un moment de vérité, d’autant plus lorsqu’il se déroule en face-à-face et sans masque. Du côté du l’avocat-candidat, la sincérité, l’honnêteté et l’authenticité doivent être de mise. C’est d’ailleurs ce qu’espèrent et attendent les élèves-avocats de leurs futurs mentors en retour. Naturellement, la préparation est primordiale. Le meilleur moyen de réaliser un entretien probant et percutant est de s’entraîner en amont et de s’y prédisposer sérieusement. On n’a qu’une seule fois l’occasion de faire une première bonne impression.

La présentation initiale de l’élève-avocat, construite autour de son parcours et de son projet, communément renommée "pitch" aujourd’hui, doit être rodée et parfaitement maîtrisée. Le stress ou la tension peuvent être pardonnés, pas l’impréparation ou la suffisance. En complément de cet exposé oral maîtrisé, les softs skills (ou savoirs-être) sont également à mettre en avant et à contextualiser le plus finement et concrètement possible, au regard de l’histoire personnelle de l’élève-avocat. Les hard skills (ou savoir-faire) étant généralement inclus et travaillés par les candidats, ce sont désormais de plus en plus ces savoirs comportementaux (le travail en équipe, la capacité de communiquer, l’appétence pour le numérique, la culture économique ou historique…) qui font la différence et permettent à l’avocat de demain de faire valoir sa singularité et de se distinguer de ses pairs et concurrents. Il s’agit aujourd’hui de véritables compétences additionnelles.

L’élève-avocat, fin connaisseur de son script et de ses éléments de langage, doit enfin être en mesure de lâcher prise, notamment dans le cadre d’échanges plus informels avec le cabinet qui le recevra et l’avocat avec qui il échangera. Les lieux communs et les réponses stéréotypées sont à oublier, pour privilégier toujours la parole du cœur et de la loyauté.

Mieux vaut être éconduit pour ce que l’on est plutôt que d’être retenu pour ce que l’on n’est pas.

Le candidat doit laisser l’avocat-recruteur avec le moins de zones d’ombre et de doutes possibles, sources de frustrations et d’incertitudes. Cela permettra d’être recruté ou écarté pour les bonnes raisons. Et ce n’est pas anodin. Mieux vaut être éconduit pour ce que l’on est plutôt que d’être retenu pour ce que l’on n’est pas, au risque de se placer dans un cercle vicieux fort malaisant duquel il peut être bien difficile de s’extirper ou de ressortir indemne. En définitive, l’élève-avocat est invité à être lui-même, fort de ses qualités et spécificités.

Cet article fait suite à un module d’enseignement, notamment dispensé par les deux auteurs à l’IXAD, à l’ERAGE et à l’EDASE.

Vincent Guiguen Intervenant - Formateur en écoles d’avocats et en cabinets Dirigeant-Fondateur de l’agence Exprim Formation Victor Mollet Communicant Directeur de la Communication du cabinet Adekwa Avocats