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3 bonnes raisons de devenir directeur ou conseiller au sein d’un SPIP.
Parution : lundi 26 avril 2021
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L’Administration pénitentiaire souffre par nature d’une image compliquée, notamment auprès des étudiants en droit qui ont tendance à ne pas l’intégrer à leur plan de carrière... et c’est une erreur ! En effet, elle ouvre des portes à ceux qui voudraient ajouter une forte dimension sociale à leurs futures fonctions, à l’image de celles et ceux intégrant les services d’insertion et de probation.
Voici les témoignages de deux Conseiller.e.s Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (CPIP) et d’une Directrice de Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP). De quoi vous convaincre de placer la Pénitentiaire en haut de votre liste de prépa concours...

Alix Vacheron, Conseillère Pénitentiaire d’Insertion et de Probation [1].

1. Un sentiment d’utilité en œuvrant contre la récidive.
J’ai choisi de devenir conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) pour prendre part aux deux grandes missions qui incombent à la fonction, à savoir l’accompagnement et le contrôle des personnes condamnées. L’enjeu qui se dégage de ces deux axes est de prévenir la récidive en favorisant l’insertion professionnelle et sociale des personnes suivies. Cela permet également d’éclairer l’autorité judiciaire sur la situation socio-professionnelle, pénale et criminologique des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) et ainsi de concourir à l’individualisation des peines.

2. Donner un sens à la peine.
L’image que l’on se fait du métier de CPIP est souvent réduite à un rôle de contrôle de l’exécution de la peine. Si effectivement notre mission est de clarifier notre intervention auprès du public et de veiller à la compréhension de leur condamnation, nous devons également établir un accompagnement pour aider les personnes suivies à mieux appréhender les raisons de cette condamnation afin qu’elles puissent donner un sens à celle-ci.

« Pour ma part, l’accompagnement des personnes est la pierre angulaire du métier. »

Pour ma part, l’accompagnement des personnes est la pierre angulaire du métier. J’accorde une réelle importance à la création d’une relation guidante et structurante qui sera plus propice à la réflexion sur les comportements délinquants pour amener la personne à mettre en place des stratégies d’évitements et se tourner vers un avenir éloigné des Tribunaux.

3. Un métier pluridisciplinaire.
Nous intervenons dans le cadre d’un mandat judiciaire, ainsi nous entretenons un lien privilégié avec le Juge de l’Application des Peines et plus largement avec les différents intervenants de l’autorité judiciaire.

La richesse de notre fonction prend ses racines dans la diversité des tâches confiées, et résulte aussi par la pluridisciplinarité des acteurs qui gravitent autour des situations rencontrées (personnels pénitentiaires, insertion professionnelle, médical, milieu associatif). D’ailleurs, les missions confiées et les interlocuteurs seront différents si l’on évolue en milieu libre ou en milieu fermé.

Le métier de CPIP offre une certaine autonomie. Pour autant, les échanges entre collègues, avec les encadrants et de manière plus générale l’ensemble de cette équipe pluridisciplinaire me permettent de faire continuellement évoluer mes pratiques professionnelles.

Jérémy Dalaudiere, Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation [2].

1. Un métier au carrefour des professions.
Le métier de Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation est d’une richesse incroyable tant il mobilise des compétences diversifiées. Assurément, le CPIP assure des missions mobilisant un savoir technique allant du juridique au psychologique en passant par le social. Au-delà de la formation initiale et continue qui reflète cette schizophrénie, ces compétences s’étayent au contact des partenaires de tous champs. Ayant toujours eu le goût de l’apprentissage, ma curiosité est souvent comblée.

2. Un métier au cœur de l’humain.
Être CPIP, c’est côtoyer la réalité de notre société de façon parfois brutale. Les personnes placées sous main de Justice sont souvent porteuses des dysfonctionnements les plus fondamentaux de notre Nation. Il s’agit alors de repérer et d’accompagner les personnes sur la base de leurs difficultés, afin de garantir le respect de leurs obligations au service de la suprême lutte contre la récidive.

« La latitude laissée au CPIP garantie son bien-être. »

Il faut avoir un ancrage solide pour assumer l’expérience de l’échec, mais c’est autant de belles surprises.

3. Un métier de confiance au service de la liberté.
Les fonctions de CPIP sont exercées dans le cadre d’un mandat judiciaire avec l’appui de sa hiérarchie. Pour autant, l’exercice concret des missions est largement laissé à la discrétion du professionnel qui rassure ses interlocuteurs au quotidien par ses compétences et son investissement. Qu’il s’agisse de son temps au travail ou du déploiement de ses objectifs afin de favoriser l’évolution des condamnés, la latitude laissée au CPIP garantie son bien-être. Des entretiens individuels ? En collectif ? Des programmes d’insertion autour de la culture, la citoyenneté, le sport ? La limite est celle de votre imagination !

Zora Benhamouda, Directrice adjointe d’un Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation [3].

1. Un métier humain au cœur du service public pénitentiaire.
Le Directeur Pénitentiaire d’Insertion et de Probation conçoit un projet de service déclinant la politique nationale de prévention de la récidive et de réinsertion des personnes confiées par l’autorité judiciaire.
Au quotidien, le DPIP est un acteur de terrain qui supervise et appuie l’action des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation en charge des personnes placées sous main de Justice.
 
Le DPIP peut exercer sa fonction en milieu fermé (prison), en milieu ouvert ou occuper des fonctions au siège. En fonction du poste occupé, il côtoie des publics différents et intervient auprès de son équipe pour s’assurer de la continuité du service public pénitentiaire.
 
S’il ne prend pas en charge directement les mesures judiciaires confiées par l’autorité judiciaire (en principe, le DPIP ne réalise pas d’entretien avec les PPSMJ), il est le premier interlocuteur des CPIP. Il tente de résoudre les difficultés rencontrées avec le public et partage son expertise en vue d’assurer le bon déroulement des mesures.
 
Le DPIP doit pouvoir accompagner son équipe dans la mise en œuvre de modalités de suivi innovantes et l’encourager à mettre en place des actions collectives (par exemple, des programmes de prévention de la récidive).
 
Le DPIP doit nécessairement disposer d’une fibre humaine et sociale importante. En effet, il ne doit pas être jugeant et doit croire à la possibilité de la réinsertion des personnes dans notre société.

« La dimension managériale de ce métier est ce qui le rend le plus riche et le plus exigeant. »

2. Un métier à la croisée de partenaires multiples et variés.
Le DPIP joue un rôle majeur auprès des partenaires institutionnels (autorité judiciaire, préfecture, communes…) et associatifs.
Le DPIP est en lien direct avec les magistrats mandants (juge d’instruction, JAP) et parquet.
Son objectif est de s’assurer du bon déroulement des mesures et donc de prévenir le risque de récidive.
Il participe aux instances partenariales et porte la voix de l’Administration pénitentiaire et de son service à cette occasion ; c’est ce partenariat qui permet, par exemple, aux personnes détenues de bénéficier d’une offre socio-culturelle riche en prison ou de permettre de proposer des aménagements de peine comme le placement extérieur.
Ce que j’apprécie particulièrement dans mon métier est justement cette richesse partenariale.
 
3. Le DPIP, un manager incontournable en SPIP.
Le DPIP est un leader qui porte l’ensemble du service.
La dimension managériale de ce métier est, ce qui le rend le plus riche mais aussi le plus exigeant. Le DPIP doit être à l’écoute de ses personnels, soucieux du bien être au travail et prendre des décisions équitables.
Le DPIP manage une équipe multi-partenariale et compose, avec elle, un projet de services déclinant les priorités nationales. 
En effet le DPIP se trouve à la croisée de métiers divers : CPIP, agents de surveillance, personnels administratifs, psychologues, assistantes sociales, coordinateurs socio-culturels.
Cette diversité des métiers apporte une vraie richesse au quotidien du DPIP.

 

Propos recueillis par Nathalie Hantz Rédaction du Village de la Justice.

[1Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation du Loiret (45) - Antenne de Montargis.

[2SPIP du Cher.

[3Loiret.