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#EtudiantsSansMaster en droit : comment dédramatiser et rebondir ?
Parution : vendredi 6 août 2021
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Cher(e)s étudiant(e)s en droit, vous êtes nombreuses et nombreux à traverser une période difficile. Après une année à distance, réussie malgré tout (bravo d’ailleurs !), vous ne pouvez pas vous inscrire en Master. La situation peut bien sûr se débloquer à la suite de désistements/création de nouvelles places, mais il serait bon d’avoir un plan B pour la rentrée. La Rédaction du Village de la Justice vous assure de tout son soutien et vous ouvre ici quelques pistes à explorer pour réajuster efficacement vos projets.

Ne pas pouvoir continuer ses études de façon linéaire, alors que l’on n’a aucunement démérité durant l’année et que l’on a réussi ses examens… Difficile de ne pas dramatiser. Evidemment. Impossible de ne pas s’associer à votre désarroi, votre déception, voire votre colère. Nous comprenons le coup de massue qui vous est tombé sur la tête. C’est à la fois un coup d’arrêt et une remise en cause de vos projets professionnels à plus long terme... ou pas en fait !

Il est possible que cet état de fait vous donne en réalité une opportunité inédite. Les options qui s’offrent à vous sont classiques, c’est vrai. Mais au vu des attentes des recruteurs et employeurs et des tendances actuelles du marché de l’emploi, cela pourrait bien tourner en votre faveur, en vous permettant de vous démarquer.

Pour ça, il faut mettre les choses en perspective et remettre la machine en route. Souvenez-vous d’une évidence heureuse : votre vie ne s’arrête pas là. Donc, on arrête de dramatiser et on booste sa motivation pour rebondir. Rien n’est jamais perdu. Voyons les différentes options pour renverser la vapeur !

Option 1 : l’insertion professionnelle.

Rien de vous empêche de vous mettre dès maintenant à la recherche d’un emploi, avant de postuler à nouveau en Master l’année prochaine si vous le souhaitez encore à ce moment-là.
Il est vrai que les postes et les conditions de rémunération associées seront peut-être moins attractifs qu’avec un Bac+4 ou un Bac+5, mais c’est quand même une option à ne pas négliger.
De nombreuses carrières sont accessibles avec un Bac+3 en droit : voir 10 métiers juridiques accessibles après une licence en droit.

L’acquisition d’une première expérience professionnelle dès maintenant (si vous reprenez vos études par la suite) sera forcément un élément différenciant lorsque vous vous présenterez à nouveau sur le marché du travail avec votre Master en poche. Si cette expérience est concluante, cela vous fera peut-être changer d’avis sur les poursuites d’études, voire de spécialité. Et, à terme, la validation des acquis d’expérience pourra vous permettre de faire évoluer votre carrière, avec la validation de ce fameux niveau Master (sur la VAE, voir www.service-public.fr et min. Éducation, Éduscol).

Cela peut aussi vous permettre de vous confronter à la réalité du travail pour vous projeter et de confirmer vos propres projections. Comme pour les stages d’ailleurs, vous pourriez bien vous rendre compte à temps que la réalité de l’exercice professionnel n’est pas tout à fait à la hauteur de vos espérances.

La page emploi du Village de la Justice peut grandement vous aider dans vos recherches ;-)

Option 2 : les concours.

Comme l’indique l’Onisep, « justice, sécurité, santé, administration, impôts et douanes : la fonction publique offre de réels débouchés aux juristes ». Et, bonne nouvelle, bon nombre de concours de la fonction publique sont accessibles à Bac+3.

Sur les concours de la fonction publique, voir :
- www.emploipublic.fr : Les concours accessibles à Bac+3 ;
- www.onisep.fr : Les concours de la fonction publique ouverts aux diplômes en droit.

À consulter aussi, la page « métiers » sur le site du ministère de la Justice.

Et bien sûr, sur le Village de la Justice, nos fiches métiers.

Option 3 : l’année « césure ».

Quand on parle d’année césure (au sens large), il est souvent question d’aller s’installer temporairement à l’étranger. Et avec cette fichue Covid-19, les perspectives ne sont plus les mêmes qu’auparavant, c’est certain.
Mais rien n’est impossible, y compris en restant en France. Service civique, volontariats, bénévolats, les possibilités de s’engager sont nombreuses (voir par ex. sur le site www.etudiant.gouv.fr).
Des expériences enrichissantes d’un point de vue personnel, mais pas seulement. De quoi aussi vous construire un parcours et un profil « atypique », ce n’est plus un gros mot semble-t-il ;-)

Option 4 : les formations non-juridiques.

Prenons un postulat assez communément admis : vos connaissances et compétences juridiques (celles que vous avez acquises ou que vous allez acquérir pendant votre futur master) sont globalement communes à tous les étudiant(e)s de votre spécialité.

Pouvoir présenter à un employeur des compétences complémentaires à ces « hard skills » est un marqueur différenciant sur votre CV.
Et, ceci, qu’il s’agisse de soft skills (savoirs-être et « compétences » comportementales) ou de digital skills (les professions juridiques se digitalisent à vitesse grand V, donc, ça peut-être le moment de vous y atteler).

Parmi nos articles sur le sujet :
- Enquête au pays des soft skills : quels enjeux pour le monde juridique ?
- Petit lexique des nouveaux métiers du droit.

Il pourrait aussi s’agir une année de formation dans une autre spécialité que le droit, qui vous donnera des connaissances spécifiques dans d’autres matières et environnements dans lesquels vous souhaitez exercer par la suite (santé, environnement, économie, psychologie, etc.).
Vous pourriez bien ainsi devenir le « mouton à 5 pattes » tant recherché par de nombreux recruteurs… avec ou sans Master d’ailleurs.

Option 5 : les autres formations et certifications juridiques.

Se former au droit « dans le privé », c’est possible. A la condition d’en avoir les moyens, il est vrai. Au sein des écoles, collèges et instituts du droit, il ne s’agira pas d’obtenir un « Master », mais un « Mastère ». Le « LLM » peut aussi être une option.
Vous pouvez lire à ce sujet :
- notre Guide pratique du LL.M pour étudiants perdus !
- Faire un L.L.M, oui, mais par quels moyens ?

Les diplômes universitaires (DU) sont aussi de bons compléments, voire de véritables filières professionnalisantes pour devenir DPO, médiateur familial etc.

Option 6 : le recours pour faire valoir son droit à la poursuite d’études.

Avec la réforme du master en 2016, un droit à poursuite d’études a été créée pour chaque diplômé de licence... « Avec cette réforme, aucun étudiant souhaitant poursuivre ses études en master ne sera sans solution, sans choix, sans droit » [1]. Telle était du moins la promesse, la réalité est très différente... et vous le savez bien, puisque - sans vouloir remuer le couteau dans la plaie - vous avez encaissé les décisions de refus les unes après les autres et/ou que vous êtes sur liste complémentaire.

Pour faire valoir votre droit à la poursuite d’études, nous vous invitons à consulter la FAQ du site www.trouvermonmaster.gouv.fr, Questions relatives à la poursuite d’études.

Vous pouvez également regarder ce que nous avons sur le sujet sur le Village de la Justice :
- Vidéo (juillet 2021) : J’ai été refusé(e) à mon master de droit : conseils pour réagir
- Les articles sur le sujet proposés par les auteurs professionnels du droit qui écrivent dans notre blog

En synthèse

Pour peut-être vous convaincre de voir les choses sous un autre angle... retrouvez le contenu de cet article... sous un autre angle ! >> présentation interactive.

Un pas de côté...

Les compétences et carrières sont en plein bouleversement ! En attestent, la part de plus en plus forte des soft skills pour s’intégrer dans de nouvelles organisations que mettent en place les entreprises, les capacités de compréhension et de manipulation de la technologie pour pratiquer le droit différemment, les pratiques collaboratives et parfois distantes pour le travail... On n’exercera sans doute plus son métier en 2025 tout à fait comme en 2021 !

Il ne s’agit pas de renier le droit, ni de se mettre une pression excessive, mais de songer qu’une part du travail de demain, et donc des formations et compétences - peuvent utilement être un peu décalées au sens de complémentaires au droit.

Nous vous invitons à mûrir le sujet dès maintenant, car il peut vous pousser à vous interroger sur les multiples possibilités de formation, pas toujours traditionnelles. Consultez à ce sujet les ressources de notre article de synthèse d’une conférence que nous avions organisée en 2019 sur l’évolution de l’exercice du Droit.

Rédaction du Village de la Justice