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Parution] "Lawyers à la dérive".
Parution : vendredi 3 septembre 2021
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Avec "Lawyers à la dérive" tome 1 et 2, un avocat, sous le pseudo de Nicholas Beaulieu [1], propose une fiction (à ne pas mettre entre toutes les mains) sur les mondes des avocats d’affaires et des politiques où se mêlent jeux de pouvoir, ambitions personnelles et luxure.

Ce roman noir, écrit à la première personne du singulier telle une autobiographie, met en scène Nicholas Beaulieu, Managing Partner du bureau parisien d’un cabinet d’avocats international à qui revient la tâche de se délester de deux avocats de sa structure parisienne pour accroître les rendements du cabinet principal américain. Et là, tous les coups, même les plus bas, semblent permis.

Cet ouvrage, qui nous le rappelons est une fiction, laisse transparaître une image peu reluisante et proche de la caricature d’un monde où règnent l’argent, le sexe, la drogue, l’humiliation et la vengeance. Personne n’est épargné ; hommes, femmes, politiques, grandes écoles, institutions, chacun en prend pour son grade.

"Lawyers à la dérive" est un ouvrage facile à lire, mais également dérangeant, voire choquant et excessif sur certains aspects. L’auteur semble avoir pris un malin plaisir à concocter cette fiction ;-)

Après la lecture de ce livre, intriguée et pour pouvoir distinguer la frontière entre outrances et vérités, la rédaction du Village de la Justice a souhaité connaître un peu mieux l’avocat auteur de cette fiction et les raisons qui l’ont poussé à écrire une telle histoire... Au-delà du livre, nous souhaitions qu’il partage son expérience d’avocat d’affaires travaillant en France et pour des cabinets américains, ainsi que son ressentit face à l’application du droit aux États-Unis et son application en France.

Quelles ont été vos motivations pour la rédaction de ce roman ?

« Le goût du challenge. Après avoir interrompu la lecture d’un roman que je trouvais très moyen, des amis m’ont mis au défi d’écrire une nouvelle. Après avoir rédigé un chapitre, puis deux, je me suis rendu compte que les idées me venaient naturellement. Je me suis donc lancé dans la rédaction d’un livre. J’avais une vingtaine de pages sous le coude. Il ne me restait plus qu’à en trouver 160 !
Cela dit, j’ai la chance de bien connaitre les cabinets d’avocats d’affaires, un univers où se mêlent jeux de pouvoir et ambitions personnelles. L’inspiration vient donc très naturellement ! »

Ce livre donne une image assez noire et cynique, voire outrancière de la profession d’avocat (coups-montés, humiliation, luxe et luxure…) pourquoi avoir choisi cette orientation ? Est-ce votre réalité ?

« C’est un aspect totalement romancé et sans doute lié aux auteurs américains de mon Panthéon personnel comme Bret Easton Ellis, l’auteur d’"American Psycho", Guy de Maupassant avec son "Bel Ami", pour ne citer que quelques exemples. Ou des séries comme "House of cards" et des films comme "Wall Street" d’Oliver Stone.

Dans la vraie vie, la confraternité entre avocats est la pierre angulaire de notre Profession.

Par ailleurs, dans les cabinets d’affaires, les hard et soft skills des candidats au partnership sont minutieusement scrutées. Le moindre faux-pas se paie donc "cash".

Plutôt que de la "jouer perso" et de se lancer dans des coups tordus, qui peuvent s’avérer certes payants à court terme, il est conseillé d’être loyal, aussi bien avec ses confrères qu’avec ses clients, sa hiérarchie et ses collaborateurs. Un avocat qui veut durer doit savoir jouer en équipe ! »

Pourriez-vous partager votre expérience professionnelle en tant qu’avocat en France et pour un cabinet américain, quelle est votre vision de la profession côté outre-Atlantique et côté français ? 

Le droit est devenu un enjeu de souveraineté, et les Américains l’ont bien mieux compris.

« J’ai la dent dure avec les cabinets américains dans mon ouvrage mais finalement, les processus sont plus normalisés et un avocat qui se comporterait comme un roi Soleil toujours dans l’excès est de la pure fiction. De la même façon, la lutte contre les discriminations et la promotion des femmes sont désormais inscrites dans la stratégie des firmes outre-Atlantique, ce qui devrait être également le cas des cabinets français, dont certains conservent une vision très patriarcale.
Ce qui est certain, c’est que le rapport à l’argent est plus décomplexé chez les Américains. La façon d’envisager le droit est différente de la nôtre car il y a plus de distance ainsi que de pragmatisme chez les Anglo-Saxons. Cela se sent dans les négociations. »

Quel est votre ressentit face à l’application du droit aux États-Unis et son application en France, par rapport à leur philosophie distincte ?

« Le droit est devenu un enjeu de souveraineté, et les Américains l’ont bien mieux compris. On le voit tout particulièrement en matière de sanctions extraterritoriales, lorsque la justice américaine se saisit de dossiers qui ne la concernent que très indirectement.
Il convient donc de défendre et promouvoir davantage l’application de notre droit. Il s’agit d’un enjeu crucial pour notre attractivité en général, et la place de Paris en particulier. A ce titre, il serait opportun de rouvrir, de façon sereine, la question de la création d’un véritable statut d’avocat en entreprise.
Comme je le mentionne dans le roman, les postes de juristes en entreprise sont de plus en plus prisés, car ils offrent toujours plus de responsabilités opérationnelles et stratégiques.
Il convient donc d’offrir à nos juristes les mêmes garanties, et donc le même statut, que celui dont bénéficient leurs homologues de droit étranger et les avocats français, que ce soit en terme de secret professionnel ou de confidentialité. »

Pourriez-vous brièvement relater votre parcours professionnel ?

« J’ai le parcours classique de l’étudiant en droit qui passe le CAPA et devient avocat sans être destiné à fréquenter les structures internationales. Après avoir travaillé dans différents cabinets, la plupart américains, je pense disposer aujourd’hui d’une bonne connaissance du fonctionnement de ces derniers.
Cela dit, comme mentionné précédemment, tout ce qui est relaté dans le roman n’est que pure fiction. Toute ressemblance avec des personnages existants est donc purement fortuite ! »

A noter : Tous les revenus tirés du livre seront reversés à l’Îlot, association qui accueille, héberge et accompagne vers la réinsertion des personnes sortant de prison, sous main de justice, et en grande difficulté [2].

La Rédac’ prolonge l’info :

A noter qu’en décembre 2021, l’auteur, toujours sous le pseudo de Nicholas Beaulieu proposait une suite à son roman noir : Lawyers à la dérive 2, Récidive.
On y retrouve le héros, qui d’avocat d’affaires voit sa carrière évoluer pour devenir Directeur de Cabinet du Garde des Sceaux. Dans une écriture un petit peu moins crue, mais toujours aussi excessive et noire, l’histoire nous plonge dans le monde des affaires et de la politique, où tous les coups sont permis.

Informations techniques :
Titre : Lawyers à la dérive/ Lawyers à la dérive 2, Récidive ;
Auteur : Nicholas Beaulieu (pseudo) ;
Editeur : Editions Maïa ;
ISBN : 978-2-37916-719-5/ 9782379168901 ;
Prix : 19 euros ;
Pages : 199 pages ;
Parution : mai 2021 (tome 1) et décembre 2021 (tome 2).

Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.

[1Avertissement : Nicholas Beaulieu est un personnage fictif, il en est de même pour sa page Linkedin, cette dernière a été réalisée dans le cadre de la stratégie de communication propre à l’ouvrage.

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