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Fonctions support en cabinet d’avocats : un rôle pivot qui se transforme.
Parution : mardi 14 décembre 2021
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Les fonctions supports au sein des cabinets d’avocats changent. Sous cette dénomination, on retrouve deux principaux types de profils de métiers : le paralegal et l’assistant juridique. Mais les réalités se révèlent plurielles avec un spectre large. Le secrétariat, l’administratif et la facturation semblaient par ailleurs des impondérables de ces profils, mais le changement arrive avec de nouveaux désirs de missions. La Rédaction du Village de la Justice s’est intéressée à cette évolution et vous explique ses tenants et ses aboutissants sur ces profils clés au sein des structures.

Les profils d’assistant juridique ou de paralegal sont très divers. Comme nous le précisions dans un précédent article : « Le rôle des assistantes [et assistants] est donc lié aux modes de travail de leurs responsables. Les titres sont variés et pas forcément indicateurs du contenu du poste ou de la rémunération. » [1]

Des profils pivots et « touche-à-tout ».

Néanmoins, en ce qui concerne plus spécifiquement les cabinets d’avocats, deux intitulés de poste ressortent clairement : l’assistant juridique et le paralegal. Là encore, il y a lieu de prendre en compte une autre subdivision créée par la différence entre le cabinet de taille internationale et le cabinet à taille plus humaine (1 à 5 avocats), au sein desquels les process seront bien différents. Dans le cas du paralegal, les profils associés vont être bien plus portés vers des domaines spécifiques. Aujourd’hui l’assistant juridique a des missions avec une partie juridique, une partie assistanat classique et une partie facturation. Leur formation les amène à se spécialiser année après année sur des domaines du droit. Là est la différence avec le paralegal qui se concentre sur la partie juridique, en laissant de côté la partie assistanat administratif et facturation.

La taille des structures a également une incidence sur les dimensions du travail des paralegals car, selon qu’il s’agit d’un cabinet de taille internationale ou d’un cabinet de taille plus humaine, les process ne seront pas les mêmes. Comme l’explique DJG Consulting sur son site : « Dans une grande structure hiérarchisée avec des procédures, différents services coexistent et se complètent pour participer à la vie de la société (…) Dans la TPE, l’assistante est souvent un véritable bras droit pour sa direction, elle assure un rôle administratif et parfois elle est la seule à l’assurer d’où une polyvalence qui peut-être extrême. [2]

Le juridique de plus en plus en tête des préoccupations.

Cette différence décrite plus haut tend à s’estomper avec une évolution des compétences, une influence de la taille de la structure et des missions exercées par les assistants juridiques. Paul-Antoine Bertrand, consultant en recrutement chez DJG Consulting, nous explique ainsi que dans les petites structures, ces postes sont transversaux et « touche-à-tout ». Ils ont donc un rôle pivot, qui ne peut se construire qu’avec la confiance des managers : « Avec le temps s’installe une confiance qui est la base de la relation Assistante / Manager et qui va étoffer et modifier les contours du poste de l’assistante de direction. »

Côté marché de l’emploi, selon David Greaves, managing consultant chez DJG Consulting, « cette année, pour la première fois depuis 14 ans, le marché de l’emploi est à l’avantage des candidats ». Une situation dont les causes sont plurielles : d’abord, la métamorphose progressive de ces fonctions qui amène les talents à revendiquer davantage l’aspect juridique dans leur profil de missions. Ils ne veulent ainsi plus se cantonner aux tâches de secrétariat et/ou facturation. D’autant que pour atteindre cet objectif professionnel, ils peuvent se lancer dans des formations juridiques, souvent en parallèle du travail. Une entreprise qui n’est pas toujours couronnée de succès et qui peut entraîner de la frustration.

Depuis le début de la crise, les candidats ont été longtemps plongé dans l’incertitude, avec de nouvelles pratiques professionnelles, en particulier le télétravail, qui se développent et sont dorénavant considérées comme des acquis. Le contexte des confinements, de la distanciation sociale imposée, a toutefois rendu difficile la projection dans un nouveau poste, tout comme la relation de confiance avec les associés.

Des revendications de missions plus ou moins bien acceptées.

Toutefois, la réalité des cabinets, l’organisation même de ceux-ci, notamment les plus gros, peut-être plus rigides en termes de process, invite à nuancer la situation. Les cabinets faisant appel aux experts en recrutement essaient généralement d’aller dans le sens de trouver un terrain d’entente pour répondre aux besoins des talents. Dans certains cas cependant, les assistants se retrouvent regroupés en pool permettant à l’ensemble des associés et collaborateurs de faire appel à eux mais impliquant que la relation de confiance, à la base même du métier d’assistant, qu’ils devraient normalement tisser avec leurs managers directs, est mise en échec. La possibilité de se spécialiser est donc diminuée et le suivi des dossiers est moins important. Une situation qui peut amener l’assistant juridique à se sentir dévalorisé et qui peut être source de frustration.

Néanmoins, l’évolution du poste et des missions vers plus de juridique peut se réaliser. Dès lors, comment combler le manque sur les tâches les plus administratives ? « Il faut savoir que les associés sont de plus en plus autonomes par exemple avec la gestion des voyages. Reste la facturation qui n’intéresse globalement pas et qui forme la principale lacune en termes d’organisation. Elle peut être comblée au sein des gros cabinets avec un service dédié, mais les profils acceptant de prendre en charge ces tâches ne sont pas légion, alors que les cabinets à leur recherche sont bien plus nombreux. Reste que des solutions existent par exemple en permettant aux paralegals de se concentrer sur l’aspect juridique via l’association avec des experts-comptables dont c’est là la compétence première et qui verraient d’un bon œil de travailler au sein d’un cabinet d’avocats. »

Un vivier d’emploi pour les diplômés en Licence et Master de droit ?

Le profil même des candidats semble bouger. Véritable engouement pour le poste ou bien porte d’entrée sur le marché du travail dans une période de grande incertitude ? Il ne semble pas y avoir de réponse claire. En tous cas, Paul-Antoine Bertrand nous l’assure : « Beaucoup d’étudiants de Master de droit postulent aux annonces d’assistant juridique que l’on publie, probablement parce qu’ils sont focalisés sur la mention de la spécialisation juridique, par exemple « droit des sociétés » affichée sur la fiche de poste. Toutefois, bien qu’ils puissent devenir de sérieux prétendants à ces postes, ils n’ont pas encore conscience de toute la dimension assistanat classique (administratif, facturation, etc.) que comprend ce poste et qui est généralement précisé dans le descriptif de la fiche. »

Comment trouver la perle rare ?

Le cabinet spécialisé en recrutement nous explique qu’avant toute chose, l’employeur se doit de « sourcer ses besoins » afin de savoir exactement quel profil rechercher. « La première chose que nous faisons pour comprendre la demande est d’aller à la rencontre du client. Chaque cabinet est différent, dans son ambiance, sa culture. Il faut donc discuter avec eux du contenu du poste, du projet, de la personnalité qui peut « matcher ». » Il est important de ne pas se précipiter selon eux : « Il faut prendre son temps pour comprendre la cible, par exemple en faisant passer un entretien d’1h au candidat. »

Le dialogue entre les deux parties est primordial dans la co-construction du plan de montée en compétences : « Dans tous les cas, les employeurs doivent participer à la stratégie, soit pour aider les assistants à redéfinir leur poste selon qu’ils souhaitent aller vers plus de juridique ou d’administratif, soit pour faire venir les talents. D’habitude, les grands cabinets demandent plus ou moins les mêmes compétences pour le poste d’assistant juridique : stabilité, expérience dans un cabinet de taille plus ou moins identique, diplômes, maîtrise de l’anglais. Et le critère de l’expérience en cabinet d’avocat est un incontournable. »

Les secrétaires juridiques ont-ils disparu ?
En réalité, non. Selon David Greaves, managing consultant chez DJG Consulting, « c’est le terme même de secrétaire juridique qui est devenu démodé. Il correspond à un métier qui existait il y a 20 ans ». Fruit de la mue du poste, qui voit l’intitulé d’assistant juridique prendre de plus en plus d’espace depuis quelques années, « on n’entend désormais presque plus parler de secrétaire juridique » selon David Greaves.

Simon Brenot Rédaction du Village de la Justice
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