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Convocation pour une audition libre ou une garde à vue : comment réagir ? Par Florian Godest Le Gall, Avocat.
Parution : vendredi 3 décembre 2021
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Vous venez de recevoir un appel ou un courrier des forces de l’ordre, vous convoquant prochainement pour être entendu dans le cadre d’une affaire qui vous concerne.
Après la sidération et l’inquiétude, doit venir le temps de la préparation. Que faire ?

Commencez tout d’abord par mesurer la « chance » qui vous est offerte : vous disposez d’un peu de temps que vous allez pouvoir mettre à profit !

En effet, contrairement à une grande partie des gardés à vue, vous n’allez pas être auditionné après avoir été immédiatement interpellé. Vous n’allez pas avoir à vous souvenir du nom d’un avocat vu à la télévision que vous allez tenter de désigner. Vous n’allez pas non plus avoir à solliciter la désignation d’un avocat commis d’office qui devra réussir, dans un délai de 30 minutes, l’exploit de tisser une relation de confiance, vous expliquer le sens des infractions que l’on vous reproche, vérifier que vos droits ont été, et sont respectés, les diverses stratégies qui s’offrent à vous, les possibilités de suites, avant de recueillir votre version des faits et de vous prodiguer les premiers conseils « d’urgence ».

Vous allez pouvoir choisir votre avocat pénaliste et organiser votre défense, dans le confort et la confidentialité de son cabinet.

La première chose qu’il convient de faire, c’est de ne pas tenter de camoufler l’étendue du problème (s’il est connu) par peur d’être jugé. L’avocat pénaliste est un professionnel du droit habitué aux situations complexes, voire dramatiques. Il est précisément là pour vous écouter et vous conseiller. Il ne pourra cependant pleinement le faire que si vous lui fournissez un maximum d’informations et d’éléments tangibles. En effet, au stade de la garde à vue ou de l’audition libre, l’avocat n’a pas accès au dossier, il ne peut par conséquent pas vous confronter aux éléments éventuellement déjà présents en procédure.

Pour autant, cela n’empêche pas une défense active !

Tout d’abord, en plus du travail préparatoire déjà effectué en cabinet (qui peut durer plusieurs heures), chaque période de 24h débutera par un entretien de 30 minutes avec votre avocat. L’entretien de la première tranche de 24h sera utile pour vous rassurer et bien consolider la stratégie précédemment déterminée. Les entretiens suivants seront utiles pour « débriefer » le déroulement de la procédure, ajuster la stratégie mise en œuvre et envisager plus précisément les suites de l’affaire (classement sans suite, COPJ, défèrement…).

L’avocat que vous aurez désigné aura pu organiser son emploi du temps et sera présent à chacune de vos auditions.
Son rôle sera multiple :
- Analyser d’un œil professionnel l’étendue du risque pénal qui vous concerne ;
- S’assurer de la conformité de la retranscription de vos propos afin que l’esprit de vos déclarations soit scrupuleusement respecté ;
- Vous poser des questions si certains points ont été omis ou survolés durant l’audition ;
- Formuler des observations écrites qui seront annexées à la procédure et communiquées électroniquement au parquet. Ces observations peuvent porter sur des problématiques de fond, mais aussi sur des points techniques pouvant avoir des conséquences déterminantes sur les suites de la procédure.

N’oubliez pas que l’avocat est votre unique allié. Il est le seul dont la mission relève exclusivement de la défense de vos intérêts. Par sa présence et par son action, il participe à la restauration d’un équilibre des forces en votre faveur.

Par ailleurs, en cas de poursuites, l’avocat qui vous aura défendu en garde à vue ou en audition libre aura déjà acquis une vue sur le dossier grâce aux questions qui vous auront été posées, ainsi qu’aux éléments qui vous auront été dévoilés. Il s’agit là d’un avantage considérable qui ne peut que vous être bénéfique.

Ainsi, en cas de convocation, n’hésitez pas à prendre attache avec un avocat pénaliste et commencez immédiatement à préparer votre défense. Les conséquences d’un manque de préparation ou d’une maladresse au stade de la garde à vue peuvent totalement changer la face d’un dossier, même si vous n’avez rien à vous reprocher.

Enfin, n’imaginez pas que la saisine d’un avocat vous causera un préjudice d’image aux yeux des forces de l’ordre et des magistrats. Les acteurs de la justice ont fort heureusement bien intégré le rôle de chacun et la nécessité impérieuse de se défendre.

Florian Godest Le Gall Avocat pénaliste Barreau de Paris.