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Droit à l’avortement : pourquoi est-il menacé ? Par Myriam Gauche.
Parution : mardi 8 mars 2022
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Ce mardi 8 mars 2022, nous célébrerons la 47ème journée du droit des femmes. À cette occasion, il est primordial de se rappeler toutes les avancées qui ont été mises en œuvre dans le monde et qui ont permis de faire évoluer les mentalités depuis ces dernières décennies.
Parmi elles, l’IVG est tout particulièrement au cœur des débats politiques et se voit, hélas, de plus en plus attaqué. Mais alors, pourquoi le droit à l’avortement est-il encore menacé ?

Les pays qui soutiennent le droit à l’avortement.

L’Europe en grande majorité.

Si toutefois, quelques-uns des 27 pays de l’Union européenne refusent d’y participer, le droit des femmes et l’égalité des sexes est largement approuvé par le reste du continent. L’Irlande a ainsi rejoint la bande en 2018, suite au vote favorable du peuple irlandais et de l’adoption du projet de loi adopté par son sénat.
En France, c’est en 1975 que le droit à l’avortement a été légaliser, grâce à la loi Simone Veil. Cet acte médico-social y est d’ailleurs protégé par le code de la santé publique et celui du code de la sécurité sociale. Mais les inégalités territoriales, les déserts médicaux et la suppression de 130 centres d’IVG en presque 15 ans affaiblissent ce dispositif, pourtant remboursé à 100 % par l’assurance-maladie. Avec 220 000 femmes qui souhaitent stopper la grossesse chaque année dans l’hexagone, il est même né un délit d’entrave à l’IVG pouvant menée à 2 ans de prison et 30 000 € d’amende. Certaines de ces initiatives ont, de plus, franchi les frontières d’autres grandes nations telles que la Russie, le Canada et la Turquie (où le consentement du partenaire reste néanmoins indispensable).

L’émergence de l’ Amérique du Sud.

Faisant partie intégrante des pays en voie de développement, l’Amérique du Sud se met doucement à changer son état d’esprit sur la question des libertés des femmes. D’abord avec Cuba, qui dès 1965, fut le premier à dépénaliser l’avortement dans cette partie du monde. Puis par l’Argentine en 2020, grâce à son nouveau président Alberto Fernandez, fervent défenseur des droits sexuels féminins et de l’égalité homme-femme. Un projet qui fut difficile à acquérir, car en 2018, le congrès argentin avait déjà refusé un premier projet de loi. Le dernier en date étant la Colombie, qui en février 2022, à rejoint les rangs des pays ayant pris comme décision historique l’autorisation de l’IVG, à la suite de nombreuses manifestations et rassemblements féminins.

Une poignée d’états africains.

En matière de liberté sexuelle et de droit humain, l’Afrique est globalement restreinte. Il existe cependant une poignée d’États qui progressent en ce sens et commencent à lutter contre un système patriarcal persistant. Le Bénin, le Mozambique, l’Afrique du Sud et la Tunisie font alors exception au reste du continent africain. Le Bénin, après avoir recensé près de 200 victimes de complications d’un avortement chaque année, a donc pris la décision de modifier la loi sur la santé sexuelle et la reproduction datant de 2003, afin d’éviter le maximum de drames familiaux. En Tunisie, l’avortement est librement exercé depuis 1973 à la demande de la femme jusqu’aux trois mois du fœtus. Qui plus est, c’est l’un des seuls pays à majorité musulmane qui a légalisé l’IVG, avec la Turquie, l’Albanie et le Kosovo.

Les pays qui condamnent partiellement l’interruption de grossesse.

Les États-unis et la Pologne en chute libre.

Si beaucoup de pays se disent aujourd’hui convaincus, des bienfaits d’une égalité entre les sexes, d’autres en revanche, n’hésitent pas à faire machine arrière. C’est notamment le cas des États-Unis, qui a vu son nombre de restrictions envers les droits des femmes exploser ces dernières années. Avec plus de 97 nouvelles lois adoptées dans une vingtaine d’états comme l’Ohio et le Mississippi, 2021 se révèle être l’année la plus destructrice envers la place des femmes américaines. Le Texas à tout particulièrement fait polémique et excite les débats politiques, en raison de la loi du 1 septembre 2021 qui rend illégal le fait de renoncer à sa maternité après 10 semaines. Une période jugée trop courte par les militants, car à cette date, les femmes ignorent souvent qu’elles sont enceintes. Des poursuites judiciaires sont même prévues dans les cas où quiconque aiderait une femme à avorter. Famille, amis, professionnels de santé subissent dès lors de fortes discriminations et dénonciations rémunérées. Au Mexique, pays lui aussi connu pour ses idées conservatrices, l’avortement n’a été autorisé qu’en septembre 2021 et ce dans des cas bien spécifiques, tel que : le viol, les maladies infantiles ou l’état de santé de la mère.
Une législation de l’IVG dite “ thérapeutique” que la Pologne à également décidé d’employer. Davantage strict sur le sujet, le gouvernement polonais ne cesse de réprimander les manifestations pro-avortement et de mettre en œuvre toujours plus de lois liberticides depuis 2015.

Un continent asiatique mitigé.

Du côté du soleil levant, la relation entre les sexes prend très souvent une tout autre tournure. Si l’avortement est généralement toléré et légal depuis les 70’s, ce droit subit les revers d’une idéologie traditionnelle visant à privilégier les individus masculins. Ceci afin d’honorer et de conserver un patrimoine familial et religieux très ancré dans la mentalité collective. La Chine, le Népal, le Vietnam, la Corée du Nord, Taiwan et l’Inde y figurent en tête de liste. À l’exception de la Thaïlande, des Philippines et de la Corée du Sud où l’avortement est lourdement condamné (sauf en cas de viol ou d’inceste).

Les pays où l’avortement est illégal.

L’Afrique et l’Amérique centrale fermées.

Contraception, fausse couche et avortement sont dans ces régions synonymes d’infanticide. Au Honduras et au Salvador, particulièrement, les interventions volontaires de grossesses peuvent vous envoyer directement à la case prison. Comme ce fut le cas pour Imelda Isabel Cortez Palacios, qui s’est vu accusée de tentative de meurtre aggravé avec en prime 20 ans d’emprisonnement, avant d’être finalement acquittée. Ces jugements pernicieux et cette aversion pour le droit à l’avortement conduisent malheureusement des millions de femmes à agir dans la clandestinité et mettant en péril leur propre santé. Ce qui en fait la 3e cause de mortalité maternelle dans le monde.
Dans ces pays où le rôle de la femme est toujours plus dévalorisé, l’avortement constitue donc un crime impardonnable comme par exemple : en Egypte, en République du Congo, Sénégal et à Madagascar.

Les réfractaires Européens.

Au nombre de 3, les seuls endroits qui continuent de rejeter l’IVG sont Malte, l’Andorre et le Vatican. La religion y prenant une place omniprésente et voyant d’un mauvais œil cette intervention médicale. Les directives administratives et le refus des médecins d’accorder des soins en raison de leur croyance personnelle (clause de conscience) empêchent de nombreuses femmes d’accéder à l’IVG et les obligent à se rendre à l’étranger. Auquel cas la personne risque de 18 mois à 3 ans de prison ferme.

Ce qu’il faut en retenir.

Bien qu’il reste encore du chemin à parcourir avant d’espérer avoir un jour une égalité parfaite entre les sexes, la question du droit à l’avortement s’impose plus que jamais dans notre société moderne. Célébré le 28 septembre, ce droit fondamental est aujourd’hui respecté et encadré dans une grande partie du monde grâce à différents textes et événements mis en place à cette occasion. La Convention sur l’élimination de toutes forme de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) de 1979, la convention internationale des droits de l’enfant de 1989, la conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994 et le programme d’action de Pékin en 1995 sont autant d’actions réaliser par les Nations unies afin de protéger les droits et libertés des femmes. Un combat de chaque instant contre les stéréotypes et les institutions patriarcales qui menacent encore et toujours les femmes et les filles du monde entier.

Myriam Gauche, Rédactrice Web.