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5 sujets que les avocats vont suivre de près en 2022.
Parution : vendredi 13 mai 2022
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Le Village de la Justice a laissé traîné ses oreilles à la 11ème convention nationale de l’ACE-Jeunes Avocats pour détecter les sujets qui questionnent et enthousiasment les avocats... Voici les cinq thèmes que nous avons retenus, accompagnés par le regard de Ludovic Blanc, nouveau Président de l’ACE-JA.

La Blockchain.

Parce qu’elle s’applique au droit... et que le droit s’applique à elle !

La blockchain est devenue l’un des outils dont l’avocat va devoir s’emparer en matière de preuve, un "protocole" différent de celui utilisé avec les huissiers, et qui suscite beaucoup de questions de la part des avocats qui ne sauraient se contenter de l’utiliser sans en comprendre la complexité... Ce serait oublier que les avocats sont des "techniciens" du droit avant tout !

Un outil qui va aussi dans les années à venir poser en lui-même pas mal de questionnements voire de tourments juridiques aux professionnels du droit. Un seul exemple en matière de protection des données : celles intégrées dans la blockchain sont tout simplement... immuables ! Vertigineux n’est-ce pas ?

L’Open data.

Parce qu’enfin, après avoir été tant attendu, il continue de se mettre en place selon le calendrier prévu.

Un bien pour un mal ? De 200 000 décisions par an, ce sont près de 4 millions de décisions à terme qui seront disponibles annuellement, toutes juridictions confondues... Avec des enjeux forts en terme de "jurimétrie" et de son impact sur l’accès au droit (va-t-on à terme dissuader les justiciables de saisir les tribunaux en anticipant l’échec de la procédure ?), de régulation des algorithmes (risque de discrimination, respect des droits fondamentaux etc.), de pseudonymisation des décisions (le nom des avocats faisant partie des mentions "en clair") et donc de "ranking" des avocats". Avocats et magistrats se prononcent d’ailleurs de façon plutôt unanime pour la création d’une autorité indépendante de régulation...

Les nouveaux métiers des avocats : DPO, enquêteur interne, mandataire sportif...

Parce que c’est une des clefs pour un épanouissement professionnel garanti, dixit Nathalie Leroy, devenue récemment "avocate-enquêtrice".

Aussi parce que multiplier les casquettes est un avantage concurrentiel qui va sans dire quand il faut se démarquer parmi 70 000 avocats.

Enfin, parce que le métier même d’avocat s’y prête particulièrement et que sa déontologie forte rejaillit sur cette activité "en plus".

La RSE.

Ce n’est pas le Village de la Justice qui vous dira le contraire : la RSE est définitivement un sujet et surtout un enjeu central pour les cabinets d’avocats. D’abord parce que sa mise en œuvre -auquel l’avocat peut apporter sa contribution- ouvre un nouveau secteur d’activité.
Ensuite parce que la RSE est également un modèle de structuration pour le cabinet lui-même, en interne. Les préoccupations notamment environnementales sont devenues chez les jeunes collaborateurs une des priorités dans leurs choix de postes, et à l’heure où les recrutements sont difficiles, tant le marché de l’offre d’emploi est abondant, il serait dommage que les avocats/recruteurs ne sachent pas se vendre par le biais d’une RSE forte !

A lire sur ce sujet :
- La responsabilité sociétale des cabinets d’avocats en 2022 : un levier pour le monde d’après ?
- Dossier du Village - La RSE, levier stratégique des cabinets d’avocats.

Le Metavers.

Parce que c’est probablement le mot qui sera à la fois le plus mystérieux et le plus prononcé en 2022 ! Une nouvelle réalité, un monde virtuel qui va entraîner avec lui une multitude de questions juridiques, infinies...
Un sujet technique et complexe dont les avocats vont devoir en saisir un minimum les subtilités pour ne pas passer à côté d’un marché, mais aussi d’un nouveau "monde" de travail.

Blockchain, NFT, Metavers : vous retrouverez ces sujets d’actualités juridiques dans notre rubrique "Droit du numérique et des TIC" ici, et pour son volet management dans notre rubrique Outils des métiers du droit et technologies.

L’interview de Ludovic Blanc, Président de l’ACE-JA.

Village de la Justice : Pourquoi avoir fait le choix de ces sujets pour votre première convention nationale en tant que Président ?

Ludovic Blanc : Camille Merlet [1] et moi avons débuté nos mandats en début d’année. Nous avions à cœur, aux commandes de l’ACE Jeunes Avocats, de trouver un thème qui pourrait mêler technique juridique, actualité, business et prospective. Nous sommes en effet convaincus que l’avocat et que les jeunes avocats doivent être à l’avant-garde des nouvelles économies.

Ludovic Blanc

Finalement, après avoir beaucoup échangé avec nos confrères et amis il est devenu évident qu’il fallait s’emparer des toutes dernières tendances ’tech’ qui étaient omniprésentes dans l’actualité sociétale : les NFT, les cryptomonnaies, le Metavers…autant de sujets défrayant la chronique sans pour autant avoir été traités, jusqu’alors, par un évènement officiel au sein de la profession.

Or, nous nous sommes rendu compte que nous étions plusieurs jeunes avocats à évoluer dans cet univers qui a d’énormes besoins de droit. Nous avons donc décidé de construire notre convention autour de ces concepts qui nous permettaient d’aborder diverses matières techniques traditionnelles (fiscal, social, concurrence, civil, PI, nouvelles technologies…) et diverses qualités qu’il nous faut avoir pour nous adapter aux évolutions de nos clients (RSE, nouveaux métiers pour de nouveaux services…).

Il va sans dire qu’une convention ACE-JA ne serait pas ce qu’elle est sans un brin d’insolence… C’est la raison pour laquelle nous avions décidé de faire intervenir The Poken Company, dont la CEO Marie L’Hermite est une ancienne avocate, qui évolue certes dans le monde des cryptomonnaies, des NFT et du Metavers mais, surtout, sur le marché du « divertissement pour adulte ». Un véritable marché trop souvent dissimulé sous un voile pudique mal placé lorsque l’on connaît les immenses besoins de structuration juridique du secteur. Sans tabou ni concession donc !

Nous commençons déjà à réfléchir à ce que pourrait être le thème de la prochaine convention mais une chose est certaine, nous ferons tout pour conserver notre approche du métier d’avocat et du droit : une pincée de rigueur, une dose de créativité et un soupçon d’impertinence !

Les dernières années ont montré de nombreuses limites des modèles historiques concernant la manière de travailler, d’être avocat.

Je retiens que les jeunes avocats sont de plus en plus attirés par l’aventure entrepreneuriale et que les dernières années ont montré de nombreuses limites des modèles historiques concernant la manière de travailler, d’être avocat. L’installation ou l’association sont à portée de main : la liberté et l’indépendance constituent dans ce cadre les vecteurs d’un développement de carrière respectueux d’attentes profondes, qu’elles soient personnelles ou professionnelles.

Je retiens aussi que la manière que nous avons d’aborder les choses à l’ACE Jeunes Avocats est de plus en plus entendue et reconnue. Nous sommes fiers d’être avocats, que nous soyons collaborateurs, installés ou associés. Nous pensons que nous appartenons à une belle profession qui a toutes les cartes en main pour vivre ses plus belles années à condition de ne pas se replier sur elle-même. Le dynamisme et l’optimisme guident nos orientations qui s’inscrivent en toute cohérence avec la doctrine défendue plus largement par l’ACE.

Finalement je retiens qu’il y a de l’espoir, que tout est à faire et que nous avons tout pour être acteurs du monde de demain, tant sur les aspects sociologiques qu’économiques. Charge à nous, avocats et jeunes avocats en particulier, de nous en saisir avec courage et détermination !"

Rédaction du Village de la Justice

[1Avocate au Barreau de Marseille, Présidente PACA Section Jeunes Avocats de l’ACE.