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Interview croisé de 3 professionnels du droit passionnés.
Parution : lundi 3 octobre 2022
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Pour symboliser notre couverture et notre baseline « Liberalis c’est vous », nous avons interviewé trois grands professionnels : l’avocate, Emmanuelle Hoffman, l’experte en joaillerie et commissaire-priseur, Anne Pellerin et le notaire associé, Fabrice Luzu.
Avec leurs témoignages et leurs multiples passions personnelles, nous souhaitons vous dévoiler un autre regard sur ces différentes professions.

Cet article est extrait du nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ces multiples iris en couverture pour ce premier numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner » pour l’horlogerie, « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.

Interview de Emmanuelle HOFFMAN Avocat aux Barreaux de Paris et du Québec et spécialiste en droit de la propriété intellectuelle

Pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours ?

Après des études de droit à Assas et un DEA de propriété littéraire et artistique, j’ai intégré le Cabinet Hoffman en 1988. A l’origine, il était davantage réputé pour ses dossiers dans le secteur de la mode. Depuis, J’ai travaillé pour l’ouvrir à d’autres secteurs impactés par le droit de la propriété intellectuelle et qui soulèvent également des problématiques de concurrence déloyale et de distribution (design, architecture, gastronomie, cosmétiques, industrie agro-alimentaire, start-up…). Nous aurons le plaisir de fêter les 60 ans du cabinet en 2023 ! Je suis également membre du conseil d’administration de l’Union des Fabricants et j’ai été élue au Conseil de l’Ordre en 2009. En 2016, j’ai également intégré le Barreau du Québec.

Quels sont les défis aujourd’hui dans le domaine du droit de la propriété intellectuelle ?

Ils sont liés à l’évolution de la société. En tant que spécialistes nous devons adapter notre pratique, notre législation et notre jurisprudence à ces évolutions principalement technologiques et internationales (NFT, Metaverse, développement des réseaux sociaux et du ecommerce). Un autre défi majeur nous semble être de rendre le droit accessible à nos clients, et être des « facilitateurs » de projets, afin de les rendre possibles, sécurisés et de les valoriser.

Quelles sont les qualités principales pour exercer votre métier ?

Les qualités essentielles sont d’être à l’écoute, perfectionniste, réactif et extrêmement créatif. Ces qualités s’expriment à tous les niveaux de notre expertise : dans le conseil, la rédaction contractuelle, le pré-contentieux et le contentieux. Notre métier nous pousse également à améliorer notre ouverture au dialogue qui est un véritable atout pour la négociation et la médiation.

Qu’est-ce que le nom de Liberalis évoque pour vous ?

Liberalis nous évoque le terme latin de bienveillance qui fait écho à la fois à la délicatesse et à la confraternité inhérents à notre profession. Cela nous évoque également les notions de liberté et de légalité.

Comment définiriez-vous le mot liberté ?

"La liberté est l’essence même de la profession d’avocat."

La liberté est l’essence même de la profession d’avocat. Il n’y a pas de démocratie, ni de liberté sans avocat. L’avocat doit être libre, cela fait partie de ses principes essentiels.
Dans notre métier, la liberté se manifeste tout d’abord comme une liberté de parole : défendre notre client face à différentes autorités administratives et judiciaires (comme les douanes, police, magistrats), malgré les difficultés qui peuvent se poser.

C’est aussi une liberté de pensée : imaginer une stratégie de défense créative en prenant de la hauteur sur les éléments qui nous sont transmis pour s’adapter au mieux à la situation du client.

Quelles sont vos passions personnelles ?

J’ai la chance que mes passions personnelles rejoignent mes passions professionnelles notamment la gastronomie, l’œnologie, la mode. La vie parisienne me permet de découvrir et d’apprécier les différents aspects de la culture contemporaine.

Interview de Anne Pellerin Experte en joaillerie et commissaire-priseur

Pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours ?

Titulaire du diplôme de Commissaire Priseur depuis 2007, j’exerce dans les différentes régions de France et à Paris. Je suis également experte en joaillerie (diplômes de l’ING Paris et le HRD d’Anvers) et j’ai aussi créé le e-shop diamantiques.com, site précurseur, consacré aux bijoux d’occasion et vintage expertisés.

Quels sont les défis aujourd’hui dans votre domaine ?

Depuis la loi du 10 juillet 2000 et ses décrets d’application, deux activités bien distinctes coexistent au sein de la profession de commissaire-priseur : un premier volet judiciaire et le second qualifié de « volontaire » (ceux qui choisissent leurs propres missions). Depuis le 1er juillet 2022, du côté des commissaires-priseurs judiciaires, la fusion avec les huissiers de justice aboutit à la naissance des commissaires de justice ce qui engendre une réorganisation globale de l’activité.

Quelles sont les qualités principales pour exercer votre métier ?

"Il faut savoir être parfaitement adaptable sur le terrain."

Il faut savoir être parfaitement adaptable sur le terrain, lors d’un inventaire, comme lors d’une vente aux enchères… La vivacité est de mise ! Il faut également faire preuve d’une curiosité enthousiaste et avoir un attrait renouvelé pour la découverte et la soif d’apprentissage pour enrichir constamment une culture générale transversale. Et pour finir, être dotée d’un bon relationnel pour comprendre les humains et flairer les tendances.

Qu’est-ce que le nom de Liberalis évoque pour vous ?

Je pense à l’étymologie du mot Liberalis, liber donnant l’adjectif libre. Vient ensuite le libéralisme au sens de la doctrine économiste privilégiant la liberté de chacun dans un intérêt collectif. Et nous concernant, une nouvelle revue, dédiée aux professions libérales renforçant notre autonomie professionnelle.

Comment définiriez-vous le mot liberté ?

La liberté pour moi est celle de ne pas être enfermée dans une activité rigide. Le commissaire-priseur a la liberté d’exercer un même métier sous différentes formes et dans des domaines très variés. Cela peut aller des bijoux aux NFT en passant par les automobiles de collection ou l’art contemporain. Selon vos intérêts et vos compétences vous pouvez être spécialisé dans un ou plusieurs domaines. Ce métier vous amène aussi à côtoyer des personnes très différentes de la société et à découvrir de nouveaux lieux. Et pour cela, seules les capacités individuelles d’ouverture d’esprit et d’adaptabilité font la différence.

Quelles sont vos passions personnelles ?

J’aime tout particulièrement la découverte culturelle au travers des voyages, l’histoire des objets et les créations joaillières. Plus spécifiquement, je suis attirée par la résonance pouvant exister entre les matières, les formes et les couleurs à travers les créations. La perfection créatrice restant bien évidemment les matières premières naturelles.

Quels sujets aimeriez-vous découvrir dans Liberalis ?

Un partage d’expériences professionnelles avec des découvertes de profils et des spécialités. Une présentation de groupes associatifs ou syndicats professionnels pouvant apporter leur contribution. Des présentations culturelles et des anecdotes professionnelles historiques qui relient le passé au présent.

Interview de Fabrice Luzu Notaire dans le domaine du patrimoine et transmission d’entreprise


Pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours ?

Dans mon cursus, j’ai commencé par faire des études de finance et de gestion à Dauphine puis à l’ESCP. Par la suite, pour acquérir un double cursus, j’ai effectué mon parcours notarial. Aujourd’hui, je suis associé chez DIXSEPT68 Notaires et nous sommes présents à Paris et à Lyon avec une cinquantaine de collaborateurs spécialisés.

Quels sont les défis aujourd’hui dans votre domaine notarial Patrimoine et Transmission d’Entreprise ?

Au quotidien, j’accompagne des chefs d’entreprises et dirigeants de sociétés qui nous interrogent sur la meilleure manière d’organiser la détention de leur patrimoine, privé et surtout professionnel, et de planifier sa cession ou sa transmission. Ce qui rend mon métier passionnant c’est qu’il est en perpétuel mouvement. Il convient de toujours se remettre en question et s’adapter aux mutations des patrimoines ou aux évolutions des attentes. Nous discutons par exemple avec nos clients de portefeuilles de crypto-monnaies, de gouvernance d’entreprise, de transmission d’œuvres d’art ou de NFT ou encore de constitution de fondations… Le domaine d’intervention du notaire, loin d’être cantonné à l’immobilier, est au contraire quasi illimité.

Quelles sont les qualités principales pour exercer votre métier ?

Je pense qu’il est important d’avoir une grande capacité d’écoute, d’avoir le goût de la transversalité, car les enjeux des patrimoines des clients font appel à des compétences techniques diverses et d’aimer le travail en équipe, car nous réunissons des équipes informelles de professionnels pour accompagner les clients : avocat, expert-comptable, banquier, familly-office … et parfois commissaire priseur.

Comment définiriez-vous le mot liberté ?

"La liberté c’est d’avoir un métier qui nous passionne."

Au plan professionnel, la liberté c’est d’avoir un métier qui nous passionne et dans lequel on peut s’accomplir et se réinventer presque chaque jour. Au plan plus personnel, c’est le voyage des passions intérieures qui constitue une liberté. La natation que je pratique beaucoup constitue une autre forme de liberté : ce sentiment de glisse du corps et de communion avec l’élément que tous les nageurs connaissent. C’est déjà vrai en piscine, alors que dire de ce sentiment en mer lorsqu’on s’éloigne du rivage !

Quelles sont vos passions personnelles ?

Depuis 25 ans, je collectionne le mobilier d’architectes et de designers français des années 50 à 80. J’ai commencé par acquérir des pièces de Jean Prouvé, Charlotte Perriand ou Jean Royère. Puis, de manière chronologique, je me suis intéressé aux créations des années 60 et 70. J’achète maintenant beaucoup de pièces rares des années 80 de Philippe Starck, Martin Szekely ou du groupe Nemo. Le design est une forme d’expression artistique à part entière, témoignage d’une époque et de la manière dont on la vit. Chaque objet peut se définir selon 3 critères : sa forme plastique, sa fonction et le sens qu’il porte. Les designers français, qu’ils soient architectes, artistes, décorateurs ou « pure players », sont reconnus dans le monde entier, car chacune de leurs créations porte un peu de l’art de vivre et de la « french touch ».

Dossier réalisé par Kyra Brenzinger et Jean-Louis Roux-Fouillet Photographe : Alexandre Fadel