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Avocats ’ultra spécialisés’ - le droit se niche dans les détails (4) : Glynnis Makoundou et le droit de la mode.
Parution : mercredi 19 octobre 2022
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Le Droit est partout... même dans les détails. Les "niches du Droit" en sont de moins en moins - justement- des détails, tant le nombre de professionnels qui choisissent un terrain de jeu très précis augmente régulièrement. Mais pas nécessairement dans les spécialités officielles, puisqu’au contraire les mentions de spécialisations officielles validées ne sont pas en franche augmentation.
La Rédaction du Village de la Justice est allée à la rencontre de ces avocats qui ont choisi de créer des cabinets entièrement de niche autour d’une activité sectorielle de leurs clients, créant alors une sorte de "spécialisation transversale" : mode, équitation, tourisme, e-sport [1]...
C’est au tour de Glynnis Makoundou, qui a fait du droit de la mode son activité principale [2], de répondre à nos questions pour ce quatrième portrait [3].

(Retrouvez les précédents portraits en "articles liés" tout de suite à gauche ).

Pourquoi avoir choisi de vous "ultra" spécialiser ? Ou de devenir avocat généraliste d’un secteur précis ? S’agit-il du résultat d’une passion, ou d’une vraie stratégie de création de valeur ajouté maximale pour les clients ?

"Exercer mon métier dans un secteur qui me plait, en alliant ma passion, ma formation et mes expériences !"

« Tout d’abord, je suis fan de mode et de vêtements depuis toujours ! Cela dit, mon parcours a débuté de manière plutôt classique. J’ai fait des études de Droit à Lyon, pour finir titulaire d’un Diplôme de Juriste Conseil d’Entreprise (Master II Droit des Affaires et Fiscalité) obtenu en 2009. J’ai ensuite commencé à travailler comme juriste d’entreprise dans le secteur du numérique. La mode était un loisir pour moi, que j’exprimais notamment à travers la tenue d’un blog.
Après quelques années de pratique du droit en tant que juriste salariée, mon goût de l’entrepreneuriat m’a amené à prendre un tournant dans ma carrière. J’ai décidé à l’automne 2018 de préparer l’examen d’entrée à l’Ecole des Avocats en parallèle de la création d’une marque de mode et accessoires, sans avoir particulièrement de connaissance dans le monde du textile. J’ai alors été confrontée moi-même aux problématiques qu’un entrepreneur dans la mode peut rencontrer et notamment les problématiques juridiques !

Cette phase m’a permis de mûrir ma réflexion quant à un nouveau projet professionnel, qui serait centré sur la pratique du droit, et de réaliser des formations complémentaires. C’est ainsi qu’après avoir prêté serment fin 2021, j’ai créé mon cabinet d’avocat dédié aux entrepreneurs du secteur de la mode. Une belle manière d’exercer mon métier dans un secteur qui me plait, en alliant ma passion, ma formation et mes expériences !

Aujourd’hui, j’accompagne juridiquement des créateurs de marque, des freelance ou encore des start-up dans la mode. Pour moi la mode n’est pas futile. C’est une manière d’exprimer sa personnalité à un niveau individuel, mais aussi de retranscrire les mœurs d’une société. C’est pourquoi je pense que tout un chacun devrait avoir “le droit à la mode”, mais pas à n’importe quel prix. C’est pourquoi j’apprécie particulièrement de travailler avec des porteurs de projets et entrepreneurs engagés pour une mode plus responsable et plus éthique, ceux qui innovent pour répondre aux défis du secteur de la mode en pleine mutation ».

Cette approche est-elle novatrice ? A quels besoins répondez-vous ? Permet-elle de mieux répondre aux attentes des clients ?

"Mes clients m’identifient comme un interlocuteur au fait de leurs problématiques spécifiques et de leurs enjeux".

« Le point positif de cette approche, c’est que mes clients m’identifient comme un interlocuteur au fait de leurs problématiques spécifiques et de leurs enjeux. Ils apprécient de pouvoir entrer directement dans le vif du sujet sans devoir ré-expliquer leur métier.
Cependant, ce positionnement sectoriel n’est pas le plus simple. Il nécessite de réaliser une veille à la fois économique et juridique, sur plusieurs domaines du droit susceptibles d’affecter ma clientèle : propriété intellectuelle, droit des contrats, droit du numérique, droit de l’environnement…La formation continue et la veille occupent donc une bonne partie de mon temps.

Ayant à cœur de sensibiliser les acteurs de la mode aux enjeux juridiques qui les concernent, j’alimente le blog hébergé sur le site internet de mon cabinet ainsi que les réseaux sociaux Instagram et LinkedIn. Cette création de contenu juridique accessible à forte valeur ajoutée est au cœur de l’activité du cabinet.
Enfin, ma clientèle est répartie dans toute la France. Cela nécessite de mettre en place les outils et méthodes pour travailler efficacement à distance, tout en maintenant une proximité dans la relation client.
La devise du cabinet, “le droit à la mode” fait aussi référence à la manière d’exercer le droit, que je souhaite réactive, efficace et pragmatique ».

Le commentaire de la Rédac’ du Village :

- C’est parce que parfois l’avocat par son expérience professionnelle a connu lui-même les problématiques juridiques rencontrées par ses clients qu’il peut y répondre de façon précise et adaptée.
- Se consacrer à une activité sectorielle ultra-définie, est une plus-value pour le client qui apprécient de pouvoir entrer directement dans le vif du sujet sans devoir ré-expliquer son métier.
- Un tel positionnement sectoriel nécessite de réaliser une veille à la fois économique et juridique ; cette veille et la formation continue occupent une grande partie du temps de l’avocat.

Interview de Glynnis Makoundou réalisée par Marie Depay, Rédaction du Village de la Justice.

[1"L’esport, aussi orthographié e-sport ou eSport (pour electronic sports, orthographié esports) et parfois traduit par sport électronique ou jeu vidéo de compétition, désigne la pratique sur Internet ou en LAN party d’un jeu vidéo seul ou en équipe, par le biais d’un ordinateur ou d’une console de jeux vidéo." Source Wikipédia.

[2Attention, l’article traite ici d’un domaine du droit particulier, et non des spécialités officielles qui font l’objet de 28 mentions de spécialisation et de leurs qualifications spécifiques dont la liste est publiée par le Garde des sceaux. Source CNB.

[3Glynnis Makoundou, avocat au Barreau de Lyon, Cabinet Glynnis Makoundou, "Le Droit à la mode".