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[Documentaire] "Extramuros, la peine sans murs..."
Parution : samedi 1er avril 2023
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"Extramuros, la peine sans murs...", la rédaction du Village de la Justice souhaite vous faire découvrir ce documentaire où le dialogue et l’écoute règnent en maîtres. Et qui met en lumière la mesure de Placement à l’Extérieur, une possibilité donnée aux détenus d’effecteur la fin de leur peine, sous contrôle, hors de la prison. Et ainsi de reprendre pied plus facilement dans la vie.
Dans son film, la réalisatrice Catherine Rechard, choisit de démonter le bénéfice humain de cette mesure et non pas sa valeur comptable. Elle propose aux spectateurs de réfléchir et repenser l’image de la prison, l’image qu’ils s’en font.

Lorsqu’un condamné est incarcéré, il peut demander un aménagement de sa peine dès lors qu’il ne lui reste plus que deux ans d’emprisonnement à exécuter. Il existe plusieurs types de mesures, comme la libération conditionnelle, la semi-liberté, le bracelet électronique ou encore le placement à l’extérieur.
Et c’est ce dernier type d’aménagement de peine que met en avant Catherine Rechard dans son documentaire, car il est pour elle plus efficient, plus humain. Le détenu bénéficie ainsi d’un suivi personnalisé et régulier. Il est accompagné dans sa sortie de prison, il est aidé dans sa recherche d’emploi, de logement, de soin, pour effectuer ses démarches administratives... La mesure de placement extérieur évite au détenu une sortie dite sèche avec laquelle il est livré à lui-même ce qui est souvent synonyme de récidive.

Sortir en amont, c’est pour un détenu réapprendre à vivre, mais dans un cadre contraint, avec des horaires à respecter, des rendez-vous avec le Juge, avec le conseiller de probation et d’insertion à honorer, le tout avec l’aide d’un référent.

Ce documentaire permet aux spectateurs de mieux connaître cette mesure d’aménagement de peine. D’en comprendre les incidences et bénéfices pour les détenus. Egalement, un des objectifs de ce film est d’inviter les spectateurs à mener une réflexion sur la "meilleure façon" de vivre une peine de prison pour qu’elle ait du sens pour le détenu et la société. Pour que le détenu, qui avant son incarcération, faisait partie de la société s’y intègre de nouveau.

Tout au long du film, on suit le quotidien d’Olivier, Jean Pierre, David et Alexandre, qui ont passé plusieurs années en prison. Ils sont suivis par Marie, éducatrice au sein de l’association Le Mars [1] et ce jusqu’à l’exécution finale de leur peine.
Entre le bureau de Marie et le petit appartement mis à disposition des détenus par l’association, ces derniers nous donnent accès à leur quotidien, fait de démarches, de questionnements et aussi des déconvenues.

Découvrez quelques images du documentaire :

La rédaction du Village de la Justice s’est entretenue avec Catherine Rechard, réalisatrice du film.

Quelles ont été vos motivations à la réalisation de ce film ?

« Le film est issu des commissions post sentencielles de Citoyens et Justice (Fédération nationale des associations socio-judiciaires) auxquelles j’ai souvent assisté. J’y ai découvert la mesure de Placement à l’Extérieur qui est une de ses préoccupations majeures et le bénéfice qu’elle représente pour les personnes condamnées ».

Pourquoi vous intéresser ainsi au monde carcéral puisque c’était également le thème de votre précédent film "Ai-je le droit d’avoir des droits" ?

« C’était le thème de mon précédent film et de quelques autres auparavant. La prison nous parle de nous au travers de la façon dont nous la regardons. Regarder la prison c’est regarder la société par un jeu de miroir.
Pour "Ai-je le droit d’avoir des droits ?", j’ai rencontré des avocats. Pour Extramuros, j’ai filmé le travail d’une éducatrice, toutes et tous ont en commun d’incarner l’humanité de leur profession ».

S’il ne fallait en retenir qu’un seul, quel est le point fort de votre film que vous souhaitez mettre en avant ?

« C’est un film sur la valeur de l’échange, sur l’écoute et le respect apporté aux personnes condamnées ; sur la relation qui se noue entre la personne placée et l’éducatrice.
Dans le film, l’aspect humain de la mesure prime sur la procédure qui est passée au travers du filtre de la personnalité de l’éducatrice et de l’engagement de l’association ».

A qui s’adresse votre film ?

« Le film s’adresse à des spectateurs qui ne sont pas forcément avisés de l’existence de cette mesure d’aménagement de peine peu prononcée.
Au cours du film, le spectateur va cheminer dans sa compréhension de la mesure et en saisir l’esprit, un peu comme je l’ai fait moi-même en m’y intéressant.
Ce film n’est pas une présentation pédagogique du Placement à l’Extérieur, c’est ma vision subjective, le résultat de ce que j’y ai vu en tant que cinéaste et citoyenne. Grâce à l’appareil photo ou à la caméra nous sommes des passeurs, nous avons accès à des endroits de la société méconnus du public, ce qui touche à la prison et particulièrement aux peines aménagées en est un ».

Quel message voulez-vous faire passer au travers de vos images et sons ?

« A son niveau, Extramuros propose aux spectateurs de repenser l’image de la prison considérée comme unique voie possible ».

Voudriez-vous nous préciser en quelques mots votre parcours ?

« J’ai commencé par être photographe, je me suis ensuite dirigée vers le cinéma documentaire, à l’occasion de mon premier film tourné en prison "Une prison dans la ville", sur les rapports entre une ville et sa prison en plein centre. D’autres films ont suivi, dont plusieurs réalisés en prison et autour de la prison, jusqu’à celui-ci ».

La vie du film.

Le film circule en France depuis 2021, proposé lors de projections-débats.
Ces évènements peuvent être initiés par des associations ou des organisations. Les associations qui font du Placement à l’extérieur, la LDH, l’OIP, mais aussi des associations de cinéma qui veulent faire vivre le film.

Plusieurs projections sont prévues :

Enseignants, professionnels du Droit, associations... si vous êtes intéressé(e)s pour organiser une projection, voici l’adresse à laquelle envoyer votre demande : contact chez unfilmalapatte.fr
La production Un film à la patte vous indiquera ensuite la marche à suivre.

Informations techniques :

- Documentaire écrit et réalisé par Catherine Rechard (76’ + 52’) ;
- Produit par Agnès Trintzius - Un film à la patte ;
- Avec la participation du Réseau des Télévisions du Grand Est - ALSACE 20 ;
- Avec le soutien du Centre National du Cinéma et de l’image animée, de la Région Grand Est et de Strasbourg Eurométropole en partenariat avec le CNC, et de la Procirep-Angoa ;
- Première projection en 2021.

Rédaction du Village de la Justice.

[1Le MARS, pour Mouvement d’action et de réflexion pour l’accueil et l’insertion sociale, est une association de type loi 1901 à but non lucratif, créée le 23 juin 1973 (https://lemars.fr/).