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Le président de la République et les obligations non écrites. Par Paul de Vaublanc, Juriste.
Parution : vendredi 24 mars 2023
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Une règle non écrite veut que le locataire de l’Élysée organise une cérémonie de la galette des rois. Et comme tous les ans, le président de la République refusera que cette galette soit munie d’une fève. En effet, la République ne peut célébrer les rois ! Le chef de l’Etat est soumis à d’autres pratiques...

31 décembre 2023 : le président Macron respecte la tradition des vœux adressés à la Nation. Une semaine plus tard, il se soumettra à une autre obligation non écrite : la galette des rois.

La galette des rois.

C’est devenu une tradition inaugurée par Valéry Giscard d’Estaing en 1975. Elle est respectée par ses successeurs. Au début du mois de janvier, une galette des rois est dégustée à l’Élysée. C’est l’heure de l’Épiphanie.
Cette galette mesure 1,20 mètre de diamètre et pèse 30 kilos.
Sa particularité tient surtout au fait qu’elle n’est dotée d’aucune fève ! Le directeur de l’Institut national de la boulangerie pâtisserie lève le voile sur ce mystère :
« C’est une demande du protocole de ne fournir ni fève ni couronne puisqu’on est dans une enceinte de la République et que ça fait mauvais effet de désigner un roi ! »
En bref, la galette des rois est morte, vive la galette des présidents !

Une tradition sportive centenaire.

C’est en 1927 que cette coutume a pris forme à l’initiative du président de l’époque Gaston Doumergue. Ce dernier remettra le trophée au capitaine de l’équipe victorieuse lors de la dixième finale de la Coupe de France.
Depuis 1927, chaque président a assisté au moins une fois à cette finale y compris Alain Poher, en 1969, à la tête par intérim de l’État.
Cette règle non écrite donnera lieu en 1967 a une image historique : celle du général de Gaulle renvoyant le ballon parvenu à lui vers le terrain.
Il en est de même en 1995. La finale e eu lieu en présence de deux chefs d’Etat. François Mitterrand et Jacques Chirac. Ce dernier allait officiellement occuper la fonction suprême trois jours plus tard.
Emmanuel Macron assiste à toutes les finales y compris celle ayant eu lieu en 2021 à huit-clos en raison de la pandémie. Il imite sur ce point son prédécesseur François Mitterrand qui détient le record avec 14 finales !

Le respect dû à Paris.

14 mai 2017. Emmanuel Macron est investi président de la République puis se rend à la mairie de Paris pour y être reçu par la maire, respectant ainsi une vieille tradition.
En effet, elle remonte au XVIème siècle. Ainsi, la grande salle de l’ancien Hôtel de ville servait de salle du trône et était décorée du portrait du souverain régnant. Interrompue pendant la Révolution, la tradition est reprise à partir du Premier Empire. Napoléon Ier y fut donc solennellement reçu quelques jours après son couronnement en décembre 1804.
De nouveau interrompue par la chute du Second Empire et par l’incendie de l’hôtel de Ville par la Commune de 1871, la réception du chef de l’État n’a été reprise qu’en 1913, lors de l’élection de Raymond Poincaré.
Elle s’est depuis maintenue… y compris pendant la Seconde Guerre mondiale : Pétain est reçu en 1944 et de Gaulle en août de la même année.
Aujourd’hui, la cérémonie se déroule dans la salle des fêtes.
Pour François Hollande, cette coutume permet d’une part de mettre en avant un « respect à l’égard de Paris » et d’autre part à ce que seul le maire de la capitale – avec le nouveau président – fasse un discours le jour de l’investiture. Le président du Conseil constitutionnel ne faisant que proclamer les résultats [1]
Pour Nicolas Sarkozy, cette tradition est une « marque d’attention du pouvoir central à son plus haut niveau avec les élus parisiens. Elle est révélatrice de la place de Paris dans l’imaginaire national (…) [2] ».

Le père Noël.

Aucun chef de l’Etat sous la Vème République n’a dérogé à la tradition de l’arbre de Noël. Ainsi, l’Élysée ouvre ses portes aux enfants.
Outre les enfants des collaborateurs de l’Élysée, sont invités notamment ceux de policiers, gendarmes, pompiers et de militaires morts ou gravement blessés en service.
Cette coutume est née en 1889 sous Sadi Carnot, sous l’impulsion de sa femme sensible au sort des enfants défavorisés.

Paul de Vaublanc Juriste [->pdevaublanc@hotmail.com]

[1Entretien avec l’auteur le 4 décembre 2019.

[2Entretien avec l’auteur le 4 décembre 2019.

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