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Law for code, un GIE Avocats - Fiscalistes - Experts comptables, pour une pluriprofessionnalité optimisée.
Parution : vendredi 14 avril 2023
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L’interprofessionnalité dans les métiers du droit et du Chiffre - parfois appelée pluriprofessionnalité - est en débat depuis longtemps. C’est un sujet régulièrement abordé par le Village de la justice notamment, que ce soit sous l’angle de la réponse aux besoins des clients, en termes d’opportunités de développement ou sur les questions de déontologie.
Nous saisissons l’occasion du lancement d’une nouvelle structure - Law for Code - pour regarder de près comment les professionnels du droit et du chiffre peuvent se structurer pour répondre au besoin d’accompagnement d’un marché spécifique.

Interprofessionnalité, Web3 et GIE : un "combo" inédit.

Nous le savons, il existe différentes manières de travailler "en interpro" : recommandations confraternelles, apport d’affaires (non rémunéré), SPE [1], etc. Différentes options sont possibles, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Peu mise en oeuvre par les professionnels du chiffre et du droit pour leurs propres activités, le Groupement d’Intérêt Économique (GIE) est une forme juridique permettant la mutualisation de ressources (matérielles et humaines), sans pour autant constituer une société. Une solution souple qui faciliterait le développement économique des entreprises concernées.
Tel est précisément le choix fait par les équipes de Law For Code : un GIE, constitué d’avocats, d’experts-comptables et de fiscalistes expérimentés, avec l’ambition de mieux sécuriser les entrepreneurs d’un secteur d’activité spécifique, par la prise en compte simultanée des contraintes légales, financières, comptables et fiscales.

"Law For Code" [2] est un groupement de compétences estimées par ses créateurs comme essentielles et indispensables aux entrepreneurs du Web3, grâce à une équipe pluridisciplinaire du droit et du chiffre.
Web3 ? Le Web3 fait référence à la génération de technologie internet reposant sur une infrastructure décentralisée. Cela signifie qu’aucune autorité centrale ne contrôle ou ne réglemente ces services [3] [4]. Ces technologies sont utilisées pour définir de nouveaux usages : on y trouve les technologies blockchain, NFT, les cryptomonnaies, les sujets de décentralisation, le metavers, etc. Plus important dans le cadre de cet article, elles nécessitent des connaissances, des réseaux, des pratiques, assez différents de ceux habituellement mobilisés dans l’économie traditionnelle. Leur développement nécessite à la fois une forte anticipation et des compétences multiples et nouvelles des entreprises du secteur. Celles-ci sont spécifiques, mais ont, comme les autres, des besoins comptables, juridiques, fiscaux.

Les créateurs de Law For Code, tous déjà partenaires de ces acteurs, sont partis de ce constat et du besoin de conseils intégrés, enrichis, croisés. Arnaud Touati (Avocat nouvelles technologies), Claryss Lefort (Expert-comptable et commissaire aux comptes) et Axel Sabban (Avocat fiscaliste), annoncent ainsi que "tous nos collaborateurs sont "Web3 friendly", connaissent l’écosystème et ses pratiques pour offrir le meilleur accompagnement possible" et proposent à partir de la mi-avril 2023 un accompagnement groupé sous la forme d’un forfait mensuel, avec des options supplémentaires pour les opérations exceptionnelles n’entrant pas dans le quotidien des entrepreneurs.

Voici quelques idées-clés issues de notre entretien avec un des fondateurs, Arnaud Touati, que nous souhaitons partager avec nos lecteurs pour mieux comprendre l’intérêt de cette offre en interprofessionnalité... et pourquoi pas s’en inspirer.

Les entrepreneurs du Web3 ont réellement des spécificités.

Par les besoins, le langage, la vitesse de développement, les besoins financiers ou le fonctionnement en écosystème, le secteur du Web3 a ses particularités et "peu de professionnels du droit ou du chiffre en maîtrisent les sujets techniques".
On pourrait dire la même chose d’autres secteurs, comme l’ESS ou l’industrie de l’énergie par exemple, mais la technicité est sans doute ici plus importante, et c’est un marché encore relativement nouveau.

L’intégration du conseil a un sens particulier sur ce secteur.

On peut dire cela car les enjeux sont ici complexes, avec un sujet central : la confiance que doivent inspirer ces entreprises d’un secteur nouveau et souvent "à risque" à l’ensemble de l’économie. Intégrer le conseil multiple et simultané sera rassurant pour les interlocuteurs, et "le GIE a même décidé de créer et d’attribuer un label de confiance" que les clients pourront porter dans leur développement pour mieux se défaire de l’inquiétude des marchés.
C’est une bonne et originale idée que de donner des arguments qualité à ses propres clients, même si cela implique d’apporter un haut de niveau de conseil.

La proposition de valeur peut-aussi être dans la proximité avec le client.

En plus d’intégrer des services jugés indispensables dans un abonnement de type "Package", démarche qui tend à devenir plus courante dans le monde du conseil, Law for Code adopte un environnement de travail qui est celui des clients : un metaverse (ensemble d’outils réunis dans un bureau virtuel) pour l’ensemble des 25 collaborateurs du GIE et leurs clients qui maîtrisent déjà ce type de plateforme. "Nous proposons aussi un outil de suivi (dashboard), ou encore la possibilité de paiement de la prestation en cryptomonnaie" - la "monnaie de leurs clients".

L’offre ne s’arrête pas au conseil juridique, comptable et fiscal.

Dans ce secteur d’activité, l’interrelation est la règle. Aussi Law for Code a-t-il créé un écosystème d’une cinquantaine de partenaires qui pourront être mis en relation avec les clients, avec des conditions d’accès spécifiques (des partenaires dans le domaine financier, technologique ou du conseil).
C’est donc une communauté en cours de création que nous devinons-là.

Pourquoi le choix d’un GIE ?

Selon Arnaud Touati, "pour la simplicité et la souplesse" ; l’intégration est aboutie tout en respectant les règles déontologiques et la responsabilité de chaque professionnel.
Par rapport à d’autres formes de réseaux plus informels, on est là dans un principe de construction d’une vraie offre intégrée, qui va bien au-delà de l’apport d’affaires ou de la recommandation, avec la mise en place d’une réelle ingénierie juridico-sociale.

N’y a-t-il pas un risque de "cannibalisation" de clientèle du GIE vis-à-vis des trois cabinets créateurs ?

Il y a toujours un risque, mais mineur : au contraire, l’offre groupée et élaborée peut être un aimant pour les nouveaux clients. "Celles et ceux qui n’ont besoin que d’une petite partie de l’offre ne changeront pas leurs habitudes (les avocats et conseils peuvent être consultés individuellement bien entendu)."
La forte valeur ajoutée du GIE est dans le conseil sur les opérations croisées, dans l’environnement de travail, la coordination des équipes et le label de confiance.
On peut imaginer que "le GIE permettra aussi de mieux répondre aux attentes de clients d’envergure".

***

Bien entendu il reste d’autres sujets à creuser pour tout projet d’interprofessionnalité, comme les moyens d’investir (sujet peu traité par les cabinets d’avocats, pourtant l’investissement dans la technologie ou les ressources humaines demande de l’anticipation et la conscience d’un besoin de capitaux à long terme par exemple pour se développer et savoir valoriser une structure), la répartition des bénéfices, la constitution d’une marque... Ce sont des projets au long cours. Vous trouverez dans nos pages d’autres exemples, comme notre Observatoire de l’interprofessionnalité des métiers du droit ou encore les candidats du Prix 2022 de l’innovation des avocats, catégorie "Interpro".

Christophe Albert Rédaction du Village de la Justice

[1Société Pluriprofessionnelle d’Exercice.

[3En dehors du cadre légal évidemment.

[4Pour en savoir plus, une définition sur emarketerz.