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Acquisitions d’entreprises basées en Espagne par des entreprises françaises.
Parution : mercredi 12 avril 2023
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Comment les entreprises françaises peuvent acquérir des entreprises espagnoles en utilisant une méthode globale, en explorant des solutions innovantes pour atteindre une structuration optimale.
Cet article a été rédigé sur la base de de notre expertise en matière de gestion et de structuration des opérations d’acquisition d’entreprises en Espagne.
Les clefs que nous vous donnons sont très rarement commentées.
Nous sommes convaincus qu’une structuration optimale passe nécessairement par une vision transfrontalière.

Article co-écrit par Pierre Callède, Avocat, Associé Constellation - Jean Michel Nogueroles, Avocat, Abogado (Barcelone) et Solicitor (Angleterre), Associé Lexwell et Emilie Poignon, Avocate et Abogada, Associée Lexwell.

La taille, la croissance et la diversité du marché espagnol en font une destination d’intérêt pour les entreprises françaises.

- Importance de l’environnement juridique et fiscal
L’environnement de l’Union Européenne est propice au développement des acquisitions et fusions transfrontalières. Attention : un schéma de structuration d’acquisition transfrontalière qui serait pertinent dans un Etat-membre, peut ne pas l’être par ailleurs. C’est pourquoi, il est toujours nécessaire de prendre conseil auprès d’experts en capacité d’apporter une vision transfrontalière.

- Le choix du véhicule d’investissement
Cette question se pose en amont de l’identification et la prise de contact avec le détenteur du capital de la société cible espagnole et en tout état de cause préalablement à la signature d’un protocole d’acquisition ou « SPA ».

- Le financement de l’acquisition
Quelle est l’origine et de la nature du financement (pays, dette bancaire, tiers investisseurs ou fonds propres etc…).

- Les éléments de droit fiscal interne
il faut ensuite intégrer d’autres éléments relevant de l’environnement juridique et fiscale de chaque pays concerné, outre les dispositions de la convention fiscale entre la France et l’Espagne [1] .

Il existe en Espagne, comme en France, des limitations – comparables mais différentes - affectant la déductibilité fiscale des charges financières :

Les régimes dits mère-filiale

Il existe en Espagne, comme en France, des régimes dits mère-filiale ou de participation – exemption – pouvant affecter les distributions de dividendes ainsi que, le cas échéant, les plus-values de cession des titres de participation qui pourraient être cédés.

Cependant, le droit fiscal espagnol exclut du bénéfice du régime de participation – exemption [3] les plus-values de cession de titres détenus dans les sociétés qui sont susceptibles d’être qualifiées de « société patrimoniale » au sens du droit fiscal interne espagnol [4] Ce point qui est particulièrement essentiel, est souvent méconnu en dépit des conséquences fiscales possibles que cela peut avoir à terme s’agissant notamment de l’imposition des dividendes et des plus-values futures.

Or il est à noter qu’une société à prépondérance immobilière ou une société holding dite passive ou non animatrice (absence d’implication dans la gestion de ses filiales) peuvent, sous certaines conditions, être qualifiées de « société patrimoniale ».

La nécessaire animation de la nouvelle filiale espagnole

La question de l’animation et de la gestion de la future filiale espagnole au sein du groupe doit dès lors être posée et appréciée avant la détermination de tout schéma de structuration d’une acquisition de société espagnole. Cette question est en effet déterminante quant à l’imposition des dividendes et des plus-values de cession de titres futures.

Droit applicable et formalisme relatifs à l’acquisition

Dans le cadre de la rédaction du protocole d’acquisition sous conditions suspensives ou SPA, il est toujours possible de choisir librement le droit applicable régissant le signing. Seule la réitération de la cession ou closing – dont le contenu contractuel pourra être plus limitatif - devra se faire impérativement en la forme authentique, selon le droit espagnol, par-devant un notaire établi en Espagne.

Dans le cas où le véhicule d’investissement choisi est une société française (la société mère ou sa filiale dédiée), il sera obligatoire, sur un plan juridique, que cette société obtienne préalablement à la réalisation de l’acquisition :

Il est également toujours possible de choisir la juridiction compétente (étatique ou arbitrale) dans le cadre du protocole d’acquisition/cession (ou SPA), aux fins de régler tout différend pouvant résulter des contrats conclus entre les parties. Cette attribution de compétence pourra être réitérée dans l’acte authentique (au moment du closing) passé par-devant un notaire établi en Espagne.

Conclusion : Pensez donc à vous poser ces questions au moment de vous lancer de l’autre côté des Pyrénées...

1 Quel est le véhicule d’investissement qui sera choisie pour mener à bien cette acquisition ?
2 A quel type de financement va-t-on faire appel ?
3 Quelles sont les règles applicables (interne/ internationale) quant à la déductibilité fiscale des charges financières ?
4 Quelles sont les règles applicables aux distributions de dividendes ?
5 Quelles sont les règles applicables à l’animation/direction de la future filiale ?

Etes-vous prêt pour votre acquisition en Espagne ?

Pour le savoir, répondez à notre questionnaire en ligne pour recevoir un premier diagnostic gratuit :

Article co-écrit par :
Pierre Callède, Avocat, Associé Constellation
Jean Michel Nogueroles, Avocat, Abogado (Barcelone) et Solicitor (Angleterre), Associé Lexwell
Emilie Poignon, Avocate et Abogada, Associée Lexwell.

[1Convention entre la France et l’Espagne du 10 octobre 1995.

[2Il est à noter que la source de ces limitations est commune puisque qu’elle résulte principalement de la transposition de la Directive européenne dite « ATAD 1 » mais aussi, le cas échéant, de la Directive dite « ATAD 2 »– qui vise tout particulièrement les « asymétries hybrides » ou l’exploitation des asymétries en matière fiscale.

[3Paragraphe 5 de l’article 21 de la LIS.

[4Paragraphe 2 de l’article 5 de la LIS.

[5Pour ce faire, il faudra présenter le K-bis traduit et apostillé du véhicule d’investissement/ ou de la société étrangère à l’administration fiscale espagnole qui pourra lui attribuer son NIF.