(Se cultiver / Art & Culture) : Le poil envahit la capitale ! Liberalis a décidé de passer ce mystère au peigne fin… et mène l’enquête au MAD.

Par Jean-Louis Roux-Fouillet

L’escalier de « La Samaritaine » par Charlie le Mindu

Depuis février dernier, l’escalier emblématique du grand magasin parisien « La Samaritaine » a été littéralement recouvert de poils par Charlie Le Mindu, artiste fétichiste du cheveu.

Et le MAD (Musée des Arts Décoratifs) n’est pas en reste puisque s’y tient jusqu’au 17 septembre 2023, une ébouriffante exposition qui explore à travers 600 œuvres, portraits, perruques, outils, vêtement en cheveux ou campagnes publicitaires, du XVe siècle à nos jours, les thèmes inhérents à l’histoire de la coiffure ainsi que les questions liées à la pilosité faciale et corporelle.

Depuis l’Antiquité, cheveux et poils, qu’ils soient longs, courts, présents ou absents, ont toujours eu une signification sociale importante. Bien plus qu’une mode, ils sont surtout des symboles et ont souvent été domptés, dressés, maîtrisés.

Le parcours très historique interroge ce qui fait du poil, dans les cultures gréco-romaine et judéo chrétienne, un attribut de l’animal et de la sauvagerie et explique pourquoi, il a dû être maîtrisé pour éloigner la femme ou l’homme de la bête. Les métiers et les savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui sont mis en avant avec leurs figures emblématiques, Léonard Autier (coiffeur favori de Marie-Antoinette), Monsieur Antoine, les sœurs Carita, Alexandre de Paris et plus récemment les coiffeurs studio. De grands noms de la mode contemporaine tels Alexander McQueen, Martin Margiela ou Josephus Thimister sont présents avec leurs réalisations spectaculaires faites à partir de ce matériau singulier qu’est le cheveu.

Lodewijk van der Helst — Portrait d’Adriana Hinlopen 1667© Rijksmuseum, Amsterdam

Marisol Suarez — Perruque tressée © Katrin Backes

Alexis Ferrer — Wella Professionals Global, Creative Artist, Postiche imprimé 2021 (collection La Favorite) © Rafa Andreu. Mannequin : Emma Furhmann, Agence Blow models

Les coiffures sophistiquées - « à l’hurluberlu », « à la Fontange »…, du XVIIe siècle aux perruques des drag-queens, de la barbe tantôt symbole de virilité, tantôt proscrite à la cour, tantôt signe distinctif de l’Autrichienne Conchita Wurst, gagnante de l’Eurovision 2014, ou de l’androgyne Grace Jones des années 80, c’est l’évolution des modes, des perceptions, des mœurs et des sociétés qui nous est donnée à voir.

Buste de coiffeur Siégel — Vers 1925-1930, Cire, cheveux naturels, Collection particulière © Photo : Nicolas Descottes

Et pour la petite histoire, qu’elle est la différence entre les cheveux et les poils ? Et bien en fait il n’y en a pas vraiment, si ce n’est leur emplacement. Ils sont tous deux constitués d’une même protéine, la kératine. Les cheveux comme les poils poussent à partir d’un follicule pileux, composé d’une partie inférieure et d’une partie supérieure, la glande sébacée, au sein de laquelle est produit du sébum. La partie inférieure quant à elle, renferme une présence de bulbe. Le bulbe est le lieu où se divisent les cellules de follicules pileux.

En Anglais, le mot « hair » s’emploie aussi bien pour les cheveux que pour les poils. Que se soit chez les animaux ou humains, l’appellation reste la même. En Allemand également il n’existe qu’une seule appellation pour ses deux termes. À l’inverse, la langue française, toujours un peu tirée par les cheveux, parle de chevelure, de pilosité chez les humains et de pelage chez les animaux.

Fred Goudon — Calendrier Les Dieux du Stade avec Morgan Parra 2015 © Stade.fr - Photo : Fred Goudon

Charlie Le Mindu — Coiffure Blonde lips Collection Printemps- Été 2010 dite Girls of paradise, Fashion Week au Royal Festival Hall, 19 septembre 2009, Londres © Samir Hussein / Getty Images

Cela ne fait pas une mise en plis, c’est l’exposition incontournable du moment à Paris.

« Des cheveux et des poils », jusqu’au 17 septembre 2023 :
Musée des Arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris 1er.
https://madparis.fr