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L’affacturage
décembre 2004
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Les articles de la "Lettre du Recouvrement" Numéro 2 :

L’affacturage résulte du terme francisé de factoring, terme plus communément employé dans les années antérieures.

L’affacturage, mode de financement du poste client, se substitue dans certains cas à la loi Dailly ou au nantissement de marché.

Il présente de multiples avantages pour la gestion de la trésorerie de l’entreprise et la sécurisation du portefeuille clients, mais aussi des inconvénients majeurs, lorsque l’on ne sait pas gérer cette nouvelle méthode de gestion des créances client.

Souvent décrié par le passé comme étant une méthode de gestion du poste client " des canards boiteux " du commerce de gros et de l’industrie, l’affacturage est désormais considéré comme une méthode moderne de gestion de celui-ci.

L’affacturage permet à l’entreprise de réunir en une seule opération 3 composantes :

1) Le souci permanent du chef d’entreprise de sécuriser son poste client.

2) Une gestion sommaire du poste client

3) Le financement des besoins de trésorerie de l’entreprise.

En aucun cas, l’affacturage ne peut permettre de financer des besoins de financement à moyen ou long terme, sans mettre en péril la survie de l’entreprise.

Quels sont pour l’entreprise les atouts d’une convention d’affacturage ?

Elle permet, de par l’analyse de la solvabilité du client, de définir avec celui-ci des conditions générales de paiement.

Mais elle peut aussi être un frein à la relation client et à l’accroissement des encours, il appartient alors à l’entreprise d’analyser , de mesurer le risque qu’elle prend en nouant des relations avec un client non assurable, ou partiellement assurable.

En effet, l’affacturage ne prend nullement et ne couvre nullement les créances sur des canards boiteux, ou sur des entreprises dont les ratios de solvabilité sont fragiles, ou sur des secteurs sinistrés ou à risque ( automobile, bâtiment, nouvelles technologies, notamment) .

Bien plus, l’affacturage, de part ses méthodes d’analyse, peut provoquer une suspicion illégitime sur la qualité du client potentiel.

L’affacturage n’est pas une panacée pour se débarrasser du risque de défaut de paiement des créances clients, c’est une méthode d’accompagnement dans l’analyse de la gestion et de la sécurisation du poste client.

Elle ne doit pas prédominer, elle doit être un moyen de facilitation commerciale, et de régularisation du poste client.

L’affacturage, s’il est souvent présenté en termes commerciaux comme une délégation de gestion du poste client, ne peut se substituer à l’entreprise, dans le suivi de son portefeuille de créances clients.

En effet, les sociétés d’affacturage de part leurs méthodes ne peuvent avoir l’efficacité d’action du cédant sur le respect des dates d’échéance de paiement.

Souvent décriée par les cabinets de recouvrement de créances, l’affacturage peut être un moyen de valoriser une assistance déclenchant le règlement à terme de la facture cédée de sécuriser l’échéance (l’out-sourcing).

Ce que ne sait pas faire la compagnie d’affacturage.

Elle se contente d’encaisser, de relancer, et éventuellement de recouvrer par voie contentieuse les factures cédées.

L’affacturage fut aussi, il y a une décennie, la source favorite de financement des canards boiteux, elle leur permettait dès l’émission de la facture de récupérer la trésorerie inhérente au volume d’affaires traitées dans le mois, elle présentait dans ce cas d’utilisation, des risques certains à court terme de cessation de paiement, si la marge de l’entreprise ne permettait pas de se libérer progressivement de l’emprise de la société de factoring.

Comment gérer efficacement un contrat d’affacturage ?

1) l’analyse du risque client

Comme il a été indiqué ci-dessus l’analyse de risque faite par la compagnie d’affacturage ne doit pas venir perturber la relation client, si ce n’est lui permettre de se sécuriser soit par voie de cession, soit par voie de mise en œuvre de conditions de règlement plus strictes que les conditions habituelles de paiement.

2) la gestion du poste client

Elle permet de visualiser et de connaître en permanence les encours clients, la régularité des envois de BO, de chèques, ou de virements de ces mêmes clients à la compagnie d’affacturage, et de vérifier que les paiements sont émis à la bonne date.

En effet, pendant de nombreuses années des grandes compagnies débitrices auprès des sociétés d’affacturage prenait un malin plaisir à différer le règlement à l’échéance et à gagner ainsi 10, 20 voir 30 jours d’échéance.

Ces pratiques sont devenues de moins en moins courantes dès l’instant où le cédant accompagne systématiquement le suivi de la créance client, à l’encontre de ce que préconisent les sociétés d’affacturage, à savoir le désintéressement complet de l’entreprise de la gestion de son compte client.

3) le financement de la trésorerie

L’affacturage permet une souplesse que ne présentent pas les autres modes de financement de trésorerie, que ce soit les facilités de caisse autorisées ou non autorisées, l’escompte, la loi Dailly, ou le nantissement de marchés.

L’affacturage permet de mobiliser uniquement les sommes nécessaires au financement du cycle d’exploitation.

Elle permet également de déterminer les modes de financement adoptés par virement ou par BO, et ainsi de négocier avec les banquiers court terme des conditions de refinancement notamment des BO Factor à des conditions très avantageuses.

4) Un coût maîtrisable

La mise en œuvre d’une convention d’affacturage se dissocie des opérations concomitantes qu’elle recouvre, l’assurance et la cession de factures et la gestion de trésorerie permet de limiter les frais inhérents à ces trois opérations dans le cadre d’un contrat global.

L’on remarque en effet, que les frais liés directement ou indirectement à la gestion du poste client par l’affacturage sont moins élevés de 50% que ceux liés de la mise en place de contrats superposés d’assurance crédit , d’escompte et de Loi Dailly, ou de nantissement de marchés.

En conclusion,
l’affacturage n’est plus, comme par le passé un moyen privilégié de financement des canards boiteux.

L’affacturage est un métier désormais de spécialiste, les grandes compagnies bancaires s’y intéressent de très près depuis de nombreuses années, puisqu’elles leur permettent de faire financer le moyen et le long terme en externalisant la gestion du court terme.

Aujourd’hui, les majeurs dans cette activités sont tous issus et rattachés au milieu bancaire, que ce soit EUROFACTOR (crédit lyonnais) FACTOREM (groupe banque populaire) FACTOCIC (groupe cic) BNP FACTO (groupe BNP) TRANSFACT (groupe crédit agricole), l’autre acteur majeur de la branche GE CAPITAL FINANCE étant lui issu d’un métier industriel réassurant notamment FACTOCIC, EUROFACTOR, FACTOREM étant quant à eux réassurés par la SFAC.

Doit-on opposer les compagnies d’affacturage aux sociétés de recouvrement de créances ?

Tout nous porterait à les opposer dans la mesure où fort logiquement les compagnies d’affacturage ne laissent en principe après leur passage aucune créances impayées , si ce n’est des irrécouvrables, et ce même si certaines compagnies délèguent le traitement de l’impayé à des sociétés de recouvrement de créances.

Tel n’est pas le cas aujourd’hui.

En effet, les pratiques des sociétés d’affacturage que ce soit dans la gestion du poste client, que ce soit dans le recouvrement des créances impayées sont limitées.

Les prestations que peut offrir un cabinet de recouvrement de créances dans des prestations dites d’out-sourcing et de suivi du poste client, les prestations que peut offrir un cabinet de recouvrement de créances en accompagnant les impayés à bonne date des créances cédées, ne peuvent que valoriser le professionnalisme de ces cabinets.

Il s’agit bien évidemment d’une vision nouvelle mais déjà vendue et appréciée par de nombreux clients des sociétés de recouvrement de créances.

L’affacturage ne peut qu’aider les sociétés de recouvrement à se remettre en cause, et à remettre en cause leurs méthodes et les méthodes qu’elles préconisent à leurs clients pour la gestion de leur poste client, et la détermination de leurs conditions de vente.

Les cabinets de recouvrement ne seront jamais des assureurs crédit, mais ils peuvent mettre en place les procédures qui permettront d’éviter ou de limiter les impayés au terme convenu, en sachant au surplus, qu’ils peuvent fort bien accompagner la gestion du poste client sur les créances non assurables, en apportant un soutien commercial et technique, et devenir pour la gestion globale du portefeuille de créances de l’entreprise " des credit manager à temps partagé ".

Christian COTTENCEAU