Bonjour,
Après mûre réflexion, votre réponse me laisse un peu perplexe…
Certes, la loi impose à tout promoteur de construction neuve de prévoir un certain nombre de places réservées aux handicapés.
Sauf qu'en fait, cela pose deux problèmes indirects (et non réglés par la loi), à mon humble avis.
Cas n°1. Le parking est une voie
non ouverte à la circulation publique. Sans entrer dans des détails maintes fois discutés, il s'agit de parkings avec accès sélectif par barrières fermées au "vulgum pecus" (barrières automatiques accès sélectif par badges, barrières + gardien, à la rigueur barrières manuelles simples avec pancarte "Entrée interdite à toute personne étrangère à la résidence / société"). Ici, c'est "du privé de chez privé".
Il appartient donc au promoteur (ou au syndic de copropriété ou au chef d'entreprise) de matérialiser les emplacements par une signalisation idoine.
Sauf que, dans ce cas, ces emplacements n'ont aucune existence légale et les forces de l'ordre n'ont pas le droit de verbaliser puisque le code de la route ne s'applique pas sur des voies privées non ouvertes à la circulation publique. Le maître des lieux n'ayant aucun pouvoir de police, il ne peut pas lui-même verbaliser. Il ne peut pas non plus demander l'enlèvement du véhicule gênant aux forces de police, puisque ce véhicule n'y est pas "sans droit ni titre" si son possesseur fait partie de la résidence ou de personnel de la société. Ce dernier n'est en infraction qu'en vertu du règlement de copropriété ou du règlement intérieur de la société, pas du code de la route (d'une part, parce que le code de la route ne s'applique pas, d'autre part parce que l'emplacement en question n'a pas d'existence légale). Autrement dit, au sens pénal du terme, pas en infraction.
Cas n°2. Le parking est une voie
ouverte à la circulation publique.
Dans ce cas, nouveau "hic"… selon la loi, ni le promoteur, ni le syndic, ni le chef d'entreprise, qu'ils le veuillent ou non, n'ont le droit de matérialiser ces emplacements par une signalisation idoine.
Rappel :
Code de la voirie routière a écrit :Article L113-1
Les règles relatives au droit de placer en vue du public des indications ou signaux concernant la circulation sont fixées par l'article L. 411-6 du code de la route, ci-après reproduit :
Art. L. 411-6. – Le droit de placer en vue du public, par tous les moyens appropriés, des indications ou signaux concernant, à un titre quelconque, la circulation n'appartient qu'aux autorités chargées des services de la voirie.
Article L162-1
Les dispositions de l'article L. 113-1 sont applicables aux voies privées ouvertes à la circulation publique .
Conclusion : si le promoteur ou le syndic ou le chef d'entreprise le font, ces emplacements n'ont, pas plus que dans le cas n°1, aucune existence légale.
En fait, le rôle du promoteur est de "réserver des emplacements pour…", le rôle du syndic ou du chef d'entreprise est de maintenir ces emplacements "à disposition", c'est-à-dire ne pas leur donner une autre destination, mais c'est tout. Non seulement ils ne peuvent pas, mais ils ne doivent pas les équiper, les matérialiser…
Deuxième rappel : les emplacements réservés aux handicapés, comme tous les emplacements de stationnement réservés à certaines catégories d'usagers, donc non définis directement par le code de la route, doivent impérativement faire l'objet d'un arrêté municipal pour avoir une l'existence légale. Le maire a bel et bien le droit (on peut même dire, le devoir) de réglementer le domaine privé, du moment qu'il est destiné à recevoir du public et, en tout état de cause, dès qu'il est "ouvert à la circulation publique". Je me permets d'ailleurs de rappeler que
Code de la voirie routière a écrit :Article L161-1
Les chemins ruraux appartiennent au domaine privé de la commune. Ils sont affectés à la circulation publique et soumis aux dispositions du chapitre Ier du titre II du livre Ier du code rural.
Et c'est bien au maire qu'il appartient de réglementer ladite circulation publique sur des voies manifestement privées.
En fait, le code de la route ne distingue pas du tout entre "privé" et "public", sauf rare exception.
Signalisation conforme et arrêté municipal sont bien deux conditions nécessaires pour que l'infraction soit verbalisable.
La question : qui est chargé de prendre l'initiative ? Le promoteur ? Le syndic ? Le chef d'entreprise ? Qui ne peuvent pas avoir l'obligation d'équiper ces emplacements puisque ça ne dépend pas d'eux. Le maire ? Et s'il ne donne pas suite ? "J'ai pas de sous", "c'est pas mon problème", "je verrai ça plus tard"…
P.S. : A vue de nez, il pourrait bien y avoir actuellement 80 à 90% des emplacements réservés aux handicapés des centres commerciaux, supermarchés, hypermarchés qui n'ont probablement aucune existence légale…
Elles ne "fonctionnent", légalement parlant, que par le civisme des autres automobilistes et la peur du gendarme.
Vu il y a peu sur un parking de supermarché
"Stationner sur l'une de ces places sans carte GIG/GIC a un coût : 135 euros...".
Re-P.S. : en ce qui concerne les dimensions, il n'existe aucun texte légal sur ce sujet (heureusement d'ailleurs, sinon beaucoup de places ne seraient pas légales, parce que "hors norme"). Une norme NF ne s'impose pas par sa seule existence. Pour qu'elle s'impose, il faudrait qu'un texte de loi le dise expressément.