Forum : Questions techniques et entraide entre juristes
lexibreizh a écrit :Me EOLAS reprend ce que je disais : il fallait bien désunir ce couple. Il est clair qu'ils auraient pu divorcer et personne n'en aurait rien su.
Mais je pense quand même que la virginité ne doit plus être une qualité essentielle dans notre société. Et j'en viens même à penser qu'en fait, ces époux ne voulaient peut-être pas être qualifiés de "divorcés" et c'est pourquoi ils ont demandé la nullité.
Frisquette a écrit :Bonjour à tous,
Quelques réflexions sur cette actualité brûlante de ma part...
Voici une règle in abstracto : "Le mensonge est constitutif d'une erreur sur les qualités essentiellles de la personne." Mais si un homme se marie et dit qu'il va aimer sa femme toute sa vie. La femme peut-elle demander l'annulation du mariage au bout de 10 ans car son mari lui avait annoncé qu'il ne l'aimais plus ? Ou bien qu'il avait promis d'être fidèle toute sa vie, et sa femme l'a épousé pour cette qualité qui était essentielle dans ses yeux - la fidélité ! Alors dans ces cas, divorce ou annulation du mariage ?
Le juge doit INTERPRETER les faits ce n'est pas une application aveugle.
"C'est ainsi que les juges se prononcent parfois sur les qualités qui ne devraient pas être essentielles dans un mariage. Un jugement du TGI du Mans (7 décembre 1981) a ainsi fait une liste des qualités à exclure des causes d'annulation. Parmi celles-ci, la virginité."
[url=http://www.easydroit.fr/actualite-en-droit/societe/annulation-du-mariage-et-virginite.htm[url/]Le TGI de Lille annule un mariage en raison du défaut de virginité de l'épouse.[/url]
Par rapport à cet article, qui est très bien écrit, mon avis personnel est qu'on ne peut pas considérer, en France, République laïque, la virginité comme une qualité essentielle. Pour moi on ne peut pas considérer un mensonge sur cet état (vierge ou non) comme une raison suffisante pour annuler un mariage.
Ce qui a pour effet de rejeter la faute sur la seule "épouse" puisque son absence de virginité prénuptiale est confirmée, celle de l'époux virtuel ne l'étant pas.
lychar a écrit :Ce qui a pour effet de rejeter la faute sur la seule "épouse" puisque son absence de virginité prénuptiale est confirmée, celle de l'époux virtuel ne l'étant pas.
Sauf qu'il n'est pas rapporté que la virginité du mari ait été une condition essentielle au consentement de la femme.
Donc, en l'absence de cette condition de sa part, la nullité ne peut être demandée.
Mon ego et moi a écrit :lychar a écrit :Ce qui a pour effet de rejeter la faute sur la seule "épouse" puisque son absence de virginité prénuptiale est confirmée, celle de l'époux virtuel ne l'étant pas.
Sauf qu'il n'est pas rapporté que la virginité du mari ait été une condition essentielle au consentement de la femme.
Donc, en l'absence de cette condition de sa part, la nullité ne peut être demandée.
C'est pourtant ce que j'avais compris. Cela étant, on s'est bardés de faux-semblants pour expliquer en quoi la tromperie était grave, mais la tromperie n'existe pas toute seule, elle repose sur l'absence de virginité de l'épouse, laquelle provient d'un interdit religieux. Au final et au prétexte de 180, le juge civil accueille une demande fondamentalement religieuse. Il n'est plus question de liberté de conscience, car on parle d'un mariage, pas d'un contrat de vente. Donc une institution, sur laquelle la puissance publique conserve sa prérogative. S'il n'est pas de ses attributions de percer le secret des coeurs, il est des siennes de débusquer aussi et sans aucune concession les bigoteries diverses et variées (qu'on ne me sorte pas de parallèle avec les autres religions, c'est également condamnable en tant non seulement qu'arriération morale mais aussi qu'immixtion de motifs religieux dans la décision juridique) pour ne pas leur donner le moindre crédit.
La laïcité mérite aussi cet effort et donner raison à notre bigot du Nord contribue à affaiblir les combats de celles et ceux qui se sont battus pour libérer l'Etat de l'emprise des clercs, d'une part, et de celles et ceux qui se sont battus pour émanciper la femme des archaïsmes patriarcaux qui les maintenaient dans une condition inférieure, dont l'exigence de virginité reste un stigmate. Si on revient sur les causes admises casuistiquement de nullité, que voit-on ?
- une liaison antérieure : rien d'étonnant, puisque le mariage compote une obligation de fidélité ;
- un divorce inconnu : a priori injuste pour le divorcé, sauf que le divorce peut impliquer l'existence de charges patrimoniales conséquentes ; cela étant, je ne suis pas très partisan de ce motif non plus ;
- une condamnation de droit commun : je ne sais pas quelle condamnation avait alors été visée, mais ça semble assez compréhensible ;
- la qualité de prostituée : là aussi ça me semble limite, si cette situation est révolue ;
- erreur sur la nationalité : arrêt de 1918 de 1ère instance, je doute qu'une telle décision soit rendue aujourd'hui (si la question est militaire par exemple, je suppose qu'on invoquera une erreur sur les obligations militaires qui font peser un risque sur la vie d'un membre du couple)
- impossibilité d'avoir des relations sexuelles normales : c'est subjectif mais on a reconnu un préjudice sexuel et, au final, ce motif me semble largement défendable ;
- curatelle sur le futur conjoint : donc dépendance et autres désagréments ;
- défaut d'intégrité mentale : là aussi, ça semble logique même si on peut s'interroger sur le degré de connaissance réciproque des époux avant le mariage ;
- absence de volonté de s'unir : pas besoin d'aller plus loin, là c'est limpide ;
- séropositivité inconnue d'un époux : là encore, il en découle une menace sur le conjoint dans sa santé.
Face à cela, le motif matériellement difficile à établir de l'absence de virginité de l'épouse semble nettement plus léger. Surtout mis en rapport avec une exigence religieuse.
En revanche et ce point mérite aussi de s'y attarder : si l'épouse cherchait également à annuler ce mariage, pourquoi donc l'a-t-elle consenti ? A-t-elle été trompée/forcée (là on revient aux vices du consentement) ?
Mon ego et moi a écrit :La laïcité mérite aussi cet effort et donner raison à notre bigot du Nord contribue à affaiblir les combats de celles et ceux qui se sont battus pour libérer l'Etat de l'emprise des clercs, d'une part, et de celles et ceux qui se sont battus pour émanciper la femme des archaïsmes patriarcaux qui les maintenaient dans une condition inférieure, dont l'exigence de virginité reste un stigmate.
Mon ego et moi a écrit :Si on revient sur les causes admises casuistiquement de nullité, que voit-on ?
- une liaison antérieure : rien d'étonnant, puisque le mariage compote une obligation de fidélité ;
Mon ego et moi a écrit :- un divorce inconnu : a priori injuste pour le divorcé, sauf que le divorce peut impliquer l'existence de charges patrimoniales conséquentes ; cela étant, je ne suis pas très partisan de ce motif non plus ;
Mon ego et moi a écrit :- une condamnation de droit commun : je ne sais pas quelle condamnation avait alors été visée, mais ça semble assez compréhensible ;
Mon ego et moi a écrit :- la qualité de prostituée : là aussi ça me semble limite, si cette situation est révolue ;
Mon ego et moi a écrit :- erreur sur la nationalité : arrêt de 1918 de 1ère instance, je doute qu'une telle décision soit rendue aujourd'hui (si la question est militaire par exemple, je suppose qu'on invoquera une erreur sur les obligations militaires qui font peser un risque sur la vie d'un membre du couple)
Mon ego et moi a écrit :- impossibilité d'avoir des relations sexuelles normales : c'est subjectif mais on a reconnu un préjudice sexuel et, au final, ce motif me semble largement défendable ;
Mon ego et moi a écrit :- curatelle sur le futur conjoint : donc dépendance et autres désagréments ;
- défaut d'intégrité mentale : là aussi, ça semble logique même si on peut s'interroger sur le degré de connaissance réciproque des époux avant le mariage ;
Mon ego et moi a écrit :- absence de volonté de s'unir : pas besoin d'aller plus loin, là c'est limpide ;
Mon ego et moi a écrit :- séropositivité inconnue d'un époux : là encore, il en découle une menace sur le conjoint dans sa santé.
Mon ego et moi a écrit :En revanche et ce point mérite aussi de s'y attarder : si l'épouse cherchait également à annuler ce mariage, pourquoi donc l'a-t-elle consenti ? A-t-elle été trompée/forcée (là on revient aux vices du consentement) ?
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