JEC a écrit :Cleyo, la leçon de cet échange : on peut avoir donné un avis clair, pertinent et qui ne fait pas la morale et pourtant être assimilée à une avocate à côté de la plaque et moralisatrice !
Désolé pour vous pour le temps non facturé passé à répondre, vous irez au paradis !


C'est tout à fait ça !!!
Ca123,
- vous nous dites avoir viré une avocate qui "vous faisait la morale".
Bon, dire que les faits sont graves est peut-être maladroit, à tout le moins imprécis : il eût fallu dire "les
accusations sont très graves".
- Vous nous dites là avoir un avocat qui a des doutes sur votre culpabilité.
--> Mais c'est le même ? Ou alors vous tombez toujours sur des avocats qui ne vous croient pas ? Pas de bol, quand même.
Sur le principe "le 1er ennemi, c'est le client", je me souviens d'une de mes premières affaires pénales. 6 mois de barreau, un lapin tout neuf à ma robe.
Un dossier de vol avec effraction et en réunion d'une entreprise. Deux personnes sont interpellées, et placées en détention.
L'une d'elle, mon client, me jure jure jure qu'il n'y est pour rien. Je le crois A FOND. Je m'entretiens avec le juge d'instruction, la main sur le coeur : vous faites une ENORME erreur judiciaire ! Je plaide avec mon coeur. Rien.
Et l'analyse des empreintes digitales tombe quelques semaines plus tard : les mimines de mon client étaient à plusieurs endroits que seuls les cambrioleurs pouvaient toucher. Il s'était bien fichu de moi, et je reste polie. Ce cher client qui me jurait ses grands Dieux et pleurait devant moi était à 100% coupable. (Et stupide comme c'est pas permis de ne pas avoir pensé aux empreintes digitales, mais bon, il faut bien que les délinquants fassent des erreurs).
J'ai eu l'air bête, mais bête, devant le juge !!! Ca a été une excellente leçon.
Je suis ensuite restée toujours prudente, et environ 1 fois sur 2, quand ce n'est pas plus, au stade de la garde à vue, mes clients me mentent. Je ne le prends pas personnellement :
c'est un comportement général. C'est comme ça. Ils croient que l'avocat doit plaider avec son coeur, et pas sa tête. Mais, des deux, il faut bien qu'il y en ait un qui pense...
Encore jeudi, correctionnelle pour un client qui me dit ne pas faire de trafic de stups habituellement.
MMmhmmm.
J'examine le listing de ses numéros de téléphone : patatra ! Il a les numéros de TOUS les gros trafiquants de Nantes, dont je connais les prénoms, noms et surnoms (entre autres par des voies non officielles... mais ça il l'ignore). Quand on a ça dans son téléphone, il ne faut pas me sortir que l'on ne navigue pas dans le milieu des stups de façon habituelle, car les noms présents sont tout sauf des enfants de coeur, avec violences, tortures, voire meurtres à leur actif ! Je n'ai rien dit, j'ai plaidé, et obtenu une peine conforme au tarif habituel. Point.
Vous êtes monté sur vos grands chevaux parce que votre avocat n'a peut-être pas joué le jeu de "je vous crois mais attention les apparences du dossier montrent ceci, cela, etc...".
Ou alors elle n'a pris aucun recul et vous a effectivement cru coupable, ce qui procède de la même erreur que celle de croire son client innocent.
J'ai tenté de vous expliquer le point de vue du professionnel, qui doit plaider, non avec son coeur, parce que son coeur les magistrats s'en tamponnent joyeusement, mais avec sa tête et le dossier. Si vous réfléchissez 2 secondes, avec votre tête et pas votre coeur, ou votre égo...
Cleyo