de
Valeriane
le Lun 25 Fév 2008 21:38
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Profession: Consultant
Bonjour,
je viens de m'inscrire et j'ai pris connaissance de toute cette discussion sur le rapport ATTALI.
Désolée d'intervenir aussi tard dans ce débat mais merci à NOVICE et LABROSSE DERVILLE etc... : enfin des choses censées.
Effectivement, seul l'avoué est compétent pour représenter les parties devant la Cour d'Appel, d'où l'on peut se poser la question de l'utilité de l'avocat ? (et je n'en veut nullement aux avocats qui eux aussi ont leur utilité - j'ai personnellement travaillé chez les avocats et les avoués).
Les cours d'appel ont de plus en plus de mal à accepter des dossiers de plaidoiries comme on les faisait il y a encore quelques années... la procédure est écrite... les plaidoiries sont de moins en moins usitées (avant on avait les collégiales, on est arrivé au Juge unique dans la majorité des cas, maintenant c'est souvent le dépôt de dossier)...
Il ne faut quand même pas oublier non plus que les avoués sont des consultants en appel, et que, bien souvent, l'avocat va rechercher l'avis de l'avoué qui lui, non seulement, connaît plus à fond la jurisprudence (peut-être a-t-il plus le temps que l'avocat d'en prendre connaissance), mais sait également comment réagissent les chambres de sa Cour, comment intervenir auprès des magistrats.
Les magistrats eux-mêmes, compte-tenu du nombre encore conséquent des dossiers gérés par les cours d'appels, préfèrent souvent avoir à faire à un petit nombre de professionnels qu'ils connaissent bien, plutôt qu'à un nombre plus important de professionnels qui, chacun, auront des demandes particulières...
En effet, là où un avoué va assurer une audience de Mise en état en une heure ou une heure et demie avec parfois plus de 15 ou 20 dossiers, en allant à l'essentiel, combien de temps faudra-t-il pour que cette même audience se tienne pour un même nombre de dossiers, avec un avocat par dossier ?
L'avoué est aussi un régulateur des contentieux soumis à la Cour : en effet, l'avoué prend connaissance de la procédure de première instance et va donner son avis sur la possibilité d'appel ou non d'un litige (est-ce que ça vaut le coup ou pas), et sur les chances d'infirmation ou de confirmation de la décision en fonction de la jurisprudence intrasèque de sa Cour d'appel.
Enfin, j'ai lu que si l'avoué devenait avocat, il pourrait être "avocat devant la Cour d'Appel", et ainsi conserver le personnel qu'il emploie aujourd'hui.
Je suis désolée, mais il faut là encore savoir de quoi l'on parle.
Le personnel d'avoué est souvent scindé en deux groupes appelés "avant arrêt" et "après arrêt".
L'avant arrêt prend en charge le dossier à partir de l'appel diligenté ou de la constitution, jusqu'à l'obtention de l'arrêt.
Ce personnel pourrait, dans l'hypothèse d'une institution d'"avocats devant la Cour d'appel", être conservé.
Mais la suppression des avoués impliquerait obligatoirement la suppression du tarif de postulation devant la Cour et en conséquence le service "après arrêt" lui, serait au mieux réduit de moitié, voire totalement supprimé puisque ce service n'a pour but que de gérer l'exécution des décisions rendues et l'établissement de l'état de frais de l'avoué (en fait seule rémunération de l'étude puisque cet état de frais est calculé conformément au tarif).
La disparition de la postulation impliquerait devant les Cours d'appel la disparition du tarif et donc d'au moins la moitié du personnel du service après arrêt....
Enfin, je pense que si la postulation est supprimée devant la Cour d'Appel, ce n'est que le premier pallier à la suppression pure et simple de la postulation... messieurs les Avocats, êtes-vous prêts pour cela ?
Enfin, et il ne s'agit là que de ma simple opinion, si l'avocat devait "récupérer" l'activité de l'avoué devant la Cour d'appel, qu'on ne me dise pas que ce seul intervenant réduirait le coût de la Justice...
L'avoué est rémunéré par un émolument (tarifé par l'état) qui ne peut en aucun cas être modifié et qui est égal dans toute la fraice, alors que l'avocat travaille souvent au coût horaire (un dossier de postulation à l'heure actuelle est entre 600 et 1 000.00 € HT) pour des honoraires qu'il peut fixer comme bon lui semble ! je sais que certains coût horaires s'établissent autours de 1 000.00 € de l'heure...
Rajouter à cela les difficultés de procédure (je parle de la cour d'appel), telle que par exemple les requête 910 pour fixation à bref délai, la mise au rôle, la soutenance d'une requête devant le Premier président, etc... qui viendront s'ajouter à l'honoraire de base, sans compter les trajets (tous les avocats ne sont pas domiciliés à 5 minutes de leur cour d'appel)... le prix des billets, voire de l'hôtel ? si le déplacement se fait sur deux jours... et dites-moi où est l'économie par rapport à une tarification établie, basée certes sur l'intérêt du litige, avec un coefficient de majoration pour les incidents de procédure... mais égalitaire dans la France entière...
Moi, il faut que l'on m'explique.
Enfin, je voulais vous dire que les personnels des Etudes d'avoués sont si conscients de ce problème qu'ils se sont tous solidarisés et que des mouvements se font jour dans toutes les Cours d'appel, des manifestations, peut-être prochainement d'autres mouvements.
Je suis désolée d'avoir été un peu longue... mais il fallait que je vous fasse part de mon opinion.
Merci de m'avoir lue.