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Les juristes d'entreprises sont-ils utiles?

MessagePosté: Dim 15 Aoû 2004 13:16
de guillaume
Bonjour,

De nombreux posts parcourent chaque jour ce forum. Si on veut faire une typologie, force est de constater qu'ils portent le plus souvent sur 1. les difficultés à trouver un emploi et 2. les salaires.

Bien évidemment ces préoccupations sont parfaitement légitimes. Cependant ces sujets partent d'un postulat que nous tous, juristes de formation, avons intégrés sans tenter de le remettre en cause (sauf quelques uns): nous pensons que la fonction juridique est utile à l'entreprise.

Or on peut se dire que si c'était une évidence, il n'y aurait pas de problèmes de recrutement: une nécessité donc une demande, de nombreux étudiants donc une offre.
Ce postulat n'est donc pas accepté par tout le monde (on pourrait même dire qu'il n'est accepté que par les juristes). Il est à mon avis utile d'en discuter car nous ne pouvons convaincre que par un argumentaire solide.

Le problème est alors celui-ci: nous ne pouvons convaincre si nous ne discutons pas de la même chose que le recruteur (non juriste).

Plusieurs fois Hervé à parler de l'incapacité des juristes à se présenter en tant que centre de profit. On a alors dis que c'était les employeurs qui ne nous voyaient que comme des centre de couts. Les torts sont sûrement partagés.

Si on se fait l'avocat du diable, en essayant de ne pas caricaturer, on peut comprendre le point de vue de ces derniers.

Je pense que la solution à l'embauche et à la hausse de la rémunération réside dans les PME.
Comparons avec les gestionnaires:
- les recruteurs peuvent comprendre leur activité et la contrôler (ce n'est pas le cas des PME dirigées par des non juristes)
- il existe un meilleur ratio offre/demande qu'en droit
- les salaires sont facilement " tariffables", ces fonctions se retrouvant dans toute entreprise

=> Imaginons que les PME se mettent à embaucher des juristes: plus de débouchés et une hausse des salaires dans les grandes entreprises (grace à la concurrence des PME). Qu'en pensez-vous?

Le problème est alors d'être embauché dans les PME: les juristes sont inconnnus, on ne sait pas combien les payer, on n'a pas forcément de référence pour les salaires, etc...je dirais que les juristes de PME sont peu nombreux non pas parceque les PME n'en veulent pas mais parcqu'elles ne les connaissent pas (elles ne connaissent que les avocats).
C'est donc aux juristes de démontrer leur utilité. Pour celà il faut donner confiance (c'est du marketing après tout).Comment?
Des solutions pourraient être:

-ne pas systématiquement faire ses stages en cabinet d'avocat, tenter les PME (cela donnera confiance aux futurs employeurs)
-choisir ses sujet s de recherches en rapports avec les PME (mémoires, etc...)
- participer aux activités des CCI
- compléter ses études par une formation en gestion
- postuler en tant qu'adjoint DAF (ou en tant que DAF) et non en tant que juriste pur
- s'intéresser à autre chose que le droit (celà ne fera que renforcer la qualité de son conseil juridique)

Conclusion: l'avenir de la fonction passe par un effort des juristes.¨Paradoxalement je suis convaincu que la meilleure façon de convaincre de son utilité est de relativiser sa fonction pour n'en garder que l'essentiel: être embauché et prendre en charge les aspects juridiques de l'entreprise. Peu importe qu'on s'appelle DAF, attaché de direction ou juriste...

(désolé pour la longueur)
Cordialement

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 8:51
de Guilain
je pense que pour nous juristes, c'est une évidence que notre fonction est indispensable. je pense que bon nombre d'entreprises en sont conscientes (sinon la totalité d'aileurs). Par contre, les solutions mise en oeuvre pour y pallier sont diverses.
En premier, dans une PME/TPE (=95% du tissu économique), ce besoin n'est pas permannet. Il n'est pas nécessaire d'avoir un juriste ou plusieurs à temps complet sauf quelques exceptions ( strat-u, high tech, ...). Dans ce cas le plus souvent, le "remède" c'est l'expert comptable et en cas de contentieux un avocat (que l'on voit le moins possible).
Pour les grandes entreprises, elles ont der services juridiques constitués et étoffés mais l'ensemble de tous ces juristes ne doit pas représenter beaucoup que quelques miliers de personnes sur le marché du travail français. Et il y a un turn over très faible dans cette profession (quand on commence juriste on finit généralement juriste, ce qui accroit cette faiblesse). D'où très peu de postes offerets aux JD. CQFD

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 9:07
de Jean Marc Cheze
Bonjour,
C'est une solution aux difficultés de l'instant. Félicitations pour votre post et celui d'Hervé.
Cordialement

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 9:12
de Jean Marc Cheze
Bonjour Guilain,
Je pense que dans une PME , un juriste qui connaît la comptabilié est plus créateur de valeur qu'un simple comptable qui sera passif au niveau de la comptabilié clients et qui ne saura pas s'occuper de la passation des contrats.
Même dans ces petites structures, sa rémunération pourra être équivalente à celle dun avocat. Je parle de structures qui font plus de 4 millions d'euros.
Cordialement

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 10:04
de Guilain
bonjour JMC,
ma réflexion concernait surtout l'exercice d'un quasi monopole de conseil juridique exercé par le cabinet d'expertise comptable externe à l'entreprise. Dans ce type d'entreprises, il n'y a pas ou très peu de salariés internes ayant des compétences juridiques alors que souvent il y a un ou plusieurs comptables.

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 10:18
de guillaume
bonjour à tous,

Finalement il semble que nous soyons d'accord pour consiédérer que les PME n'ont pas forcément besoin d'un juriste mais qu'elle ont besoin d'une approche juridique.
La solution serait donc celle-ci: un juriste ayant une double formation.
conclusion:
Le juriste PME serait donc un DAF ou son bras droit.
Le juriste pur de PME n'existe pas, seul le cadre juridico-gestionnaire existe.
Encore faut-il s'intéresser à l'entrepreneuriat et ne pas vouloir à tout prix chercher l'appellation de "juriste".

cordialement

A Guilain

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 10:21
de Jean Marc Cheze
Rebonjour,
effectivement un juriste avec deux comptables , une chargée de la passation des écritures comptabilité fournisseurs à 1/2 et une autre personne chargée de la comptabilité clients au niveau dela passation des écritures.
Le juriste ferait le minimum au niveau du droit des sociétés , et du fiscal , il pourrait s'occuper du social et du crédit clients et de la passation des contrats. Ce type de géneraliste pourrait même se contenter d'une licence professionnelle droit des pme.
Il me semble que le Dirieant serait gagnant.
Cordialement

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 11:40
de Guilain
je sui de cet avis mais dans l'immense majorité des cas, il y a un ou deux comptables peu qualifiés, totalement ignorant en droit qui s'appuient sur le cabinet d'expertise comptable de l'entreprise pour la compta (c'est normal) et pour tout le juridique (cela me semble moins normal dans l'étendue pratique que cela recouvre). je ne suis pas sur qu'un juriste de bon niveau avec une petite qualif en compta serait embauché dans ce type de poste car le juridique est perçu comme secondaire ou subsidiaire car souvent l'expert comptable ne le facture pas spécifiquement. c'est compris dans le prix et donc totalment transparent et indolore pour l'entreprise. Cette pratique est condamnable car c'est principalement cela qui dévalorise le juridique en entreprise ("mon expert comptable me le fait gratuitement" phrase entendue de nombreuses fois). Car si la prestation juridique assurée par l'expert comptable était facturée à son vrai prix, le chef d'entreprise auarait ainsi conscience que le droit a un cout et qu'il peut être intéressant laors d'embaucher à temps partiel ou à temps plein un juriste. Il ya aussi une raison à cette pratique des expert comptables, c'est leur responsabilité sur le conseil juridique qui ne peut pas être engagée ou moins facilement.

MessagePosté: Lun 16 Aoû 2004 16:18
de JBlebel
le problème se situe aussi au niveau de l'activité, la comptabilité est un poste dont les chefs d'entreprises connaissent relativement bien le contenu et savent qu'ils ne peuvent pas s'en passer, pour le droit à part une activité reglementaire ponctuelle ils ne voient pas trop... Car l'essence de l'activité juridique est quand même d'éviter la casse, or si tout le monde savait précisemment ou se situe les risques de casse, on n'aurait plus besoin de juristes... les juristes sont là pour tenter de maîtriser le risque ou l'aléa juridique, mais dans une petite struture, on a bien souvent même pas conscience de ce risque... par contre dès que la struture augmente, l'expérience des litiges fait que cette connaissance est plus précise et donc on engage un juriste...
comme le répète souvent hervé (entre autres) si on veut frapper à la porte d'une PME, il faut se vendre et faire comprendre en quoi notre activité est indispensable à l'entreprise :wink:

MessagePosté: Mar 17 Aoû 2004 12:26
de Hervé
bonjour,

Je découvre les propos tenus sur le sujet.

Je pense que la solution pour les PME en terme de besoin juridique estsomme toute assez proches des besoins comptables.

Je précise. Un comptable travaillant auprè des PMe et TPE ne travaille pas à temps plein pour une seule mais pour plusieurs de manière à assurer une activité réelle. Pourquoi ne pas envisager qu'un juriste puisse partager son temps entre plusieurs entreprises..?

J'ai personnellement pu avoir une vision assez intéressante concernant des postes moins pointus du travail à temps partagé. La quesion aussi du groupemen d'employeurs pourrait se poser de manière pertinente à mon sens.

Il est vrai que savoir vendre la satisfaction d'un besoin juridique en interne est une chose difficile mais fondamentale aupès des PME. Cela étant, tous les entrepreneurs qui posent des questions jruidiques à leurs comptables ont conscience de ce besoin. La question et donc de savoir pouurquoi ils ne la posent pas à des spécialistes du droit plutôt qu'à leur comptable. En ce sens je rejoins parfaitement guilain sur la question.

Je ne vois pas de raison objective limitant l'accès au droit des PME, notamment par l'intervention d'un tiers à l'entreprise qui n'aurait pas les moyens ou les beoins pour embaucher un juriste interne à temps plein. Du moins, pas en dehors de la question du monopole des avocats. :)

Notre métier est indispensable mais il ne faut pas s'imaginer que nos fonctions soient bien représentées, y comrpis dans des sociétés d'une taille plus que raisonnables (j'ai appris il y a quelques jours qu'un groupe à dimension européenne ne disposait que de 3 juristes internes et sous-traitait beaucoup des questions rencontrées à des avocats). Il faut savoir que même quand des jurises d'entreprises sont en place, les avocats demeurent des interlocuteurs importants et nécessaires à une entreprise et que la réactivité des juristes internes est plombée par leur charge de travail ce qui nuit grandement à ler crédibilité le cas échéant (j'ai vu jusqu'à des 6 mois avant de répondre à une question interne urgente avant signature d'un contrat... :oops: :cry:)