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Interrogations

MessagePosté: Ven 30 Mai 2008 3:47
de Atreyuh
Salut à tous,

je voudrais soumettre à quelques âmes charitables désireuses de s'y pencher, mon problème et mes craintes suite à une lecture assez attentives des sujets passés de ce forum:

Je suis titulaire d'un M2 recherche en droit pénal, que j'ai eu en étant major de ma promo (pas de vantardise :oops: , juste pour dire que je n'ai pas obtenu mon diplôme avec un 10.001)...
Je dois dire que j'ai réalisé un peu tard le peu de débouchés professionnels de la formation, je revenais d'un Master 1 effectué en échange au Canada anglophone, j'avais des rêves pleins la tête, ma tête d'ailleurs était plus outre-atlantique qu'en France, et j'ai choisi mon 3ème cycle, connement, sans me soucier des conséquence, même si j'ai toujours eu une certaine appétence pour le droit pénal.

Désireux de revenir étudier au Canada, et très effrayé par l'étiquette de pénaliste que l'on m'accolait, je suis parti faire un LLM en droit des affaires dans le seul endroit où il m'était financièrement possible de le faire, au Québec (A l'Université de Montréal plus précisément).
J'envisage de passer l'examen d'entrée au CRFPA en septembre 2009...

Je me questionne...
Quand je lis que certains conseille de faire un LLM côté c'est à dire aux USA ou en Grande Bretagne, sinon il ne vaut rien, je me questionne sur l'opportunité de mon choix.

Je m'interroge aussi sur le fait de savoir si l'étiquette de pénaliste sera quelque peu atténuée par les compétences en Common Law canadienne (oui oui on étudie de la Common Law au Québec :wink: ) et en droit civil québécois des affaires, une fois rentré en France.
Je vais passer l'année qui va suivre à finir mon mémoire de LLM quasi fini et à réviser le CRFPA, mais j'aimerais trouver un CDD en tant que juriste afin d'avoir une première vrai expérience professionnelle (j'ai effectué plusieurs stages en cabinet, mais aucune véritable expérience professionnelle dans le domaine juridique), et de manger autre chose que des pâtes par la même occasion...
A la lecture du forum je suis pas mal désespéré, je suis sur de ne pas trouver, et du coup je me demande même, une fois au CRFPA, quels cabinets pourraient bien être intéressés par mon profil...
Je vois des DJCistes partout, des étudiants sortant de M2 pro avec contacts et stages en entreprises partout qui galèrent et/ou qui ont une grosse longueur d'avance sur moi...
J'ai contacté quelques entreprises de manière informelle, mais toujours le même refrain, point de DJCE ou de M2 droit des aff', point de salut semble-t-il...les recruteurs semblant hermétiques au fait que le juriste est censé s'adapter à tout problème et toute matière du droit.. hermétiques et forts butés, pour rester poli...
Le seul atout que j'ai est mon anglais, puisque je suis bilingue (j'ai passé un an au Canada anglais et j'ai fait un stage de 8 mois chez une avocate montréalaise anglophone). Mais l'anglais est peu ou prou parlé par tout un chacun aujourd'hui...

Y aurait-il quelqu'un pour me rassurer ou m'effrayer davantage?

MessagePosté: Ven 30 Mai 2008 12:58
de fabien
Bonjour,

Je vais vous rassurer vous avez un parcours assez intéressant LLM+M2+ Bilingue alors même si votre M2 de droit pénal n'a pas de valeur pour un recruteur vous avez prouvé votre intelligence (major d'une promo ce n'est pas rien)

Si vous passez le concours d'entrée au barreau ce qui me semble judiciaux je pense sincèrement que vous avez une bonne carte à jouer d'autant plus que votre PPi peut vous permettre d'aller en stage en entreprise en attendant si vous passez le concours en septembre ce sera compliqué de trouver un CDD de juriste mais un stage peut être formateur et assez bien rémunéré (et par la même occasion permettre de rajouter du beurre dans vos pates :wink: ) et vous permettre d'avoir une expérience en entreprise que vous pourrez "vendre"

A mon humble avis votre cv doit appuyer sur vos compétences en common law et donc en droit international et votre excellent niveau d'anglais plus votre capacité d'adaptation ( vos séjours au canada en font foi)

Je pense que vous ne devez pas vous décourager mais continuer dans cette voie qui me semble être pleine de bon sens (toujours à mon avis)

En revanche une question est il possible de passer l'équivalent du barreau au quebec si oui et si vous souhaitez le faire vous aurez des chances de voir plus de porte s'ouvrir.

Bon courgage pour le concours

Fabien

MessagePosté: Sam 31 Mai 2008 13:58
de Umbreone
En effet moi aussi je te conseillerai de partir au québec y passer le barreau.

Je ne peux pas juger ton CV je ne suis pas recruteur. Tot ce que je peux te dire c'est que tu as deux avantages considérables : l'adaptation pour le fait d'être parti et la maîtrise de l'anglais juridique.

MessagePosté: Sam 31 Mai 2008 16:07
de Atreyuh
Merci à vous deux pour votre réponse.
Ca me rassure un peu ce que tu me dis Fabien...

En revanche, concernant le barreau au Québec, ou même dans les provinces canadiennes de Common Law c'est vraiment la croix et la bannière.
Les gens comme moi qui ont un LLM ou même un PhD ne peuvent jamais passer le barreau, car il est absolument nécessaire d'avoir un LLB ou un BCL (Baccalauréat en droit civil, pour le Québec).
Alors, oui il existe des équivalences, mais disons qu'un diplômé M2 en droit français se verra, au Québec, obligé de faire deux ans pour avoir un baccalauréat "accéléré" et passer le barreau...J'ai même rencontré des avocats français ou belges avec 5-6 ans de barre dans leurs pays qui ne se sont vu crédités qu'un an, alors même qu'ils avaient déjà une solide expérience du droit civil québécois par le biais d'un LLM...

Pour les provinces de Common Law c'est encore pire pour lescivilistes, les règlementations du Comité National d'Equivalences sont absurdes. Même un jeune diplômé US avec un J.D. ou un anglais avec un LLB doit refaire un an de cours, et à la condition qu'ils soit dans les 25% meilleurs de sa promotion.
Pour un français, si on lit un peu entre les lignes de ces directives, inutile d'espérer passer le barreau à Toronto si vous ne refaites pas entièrement votre cursus, et payez les frais faramineux qui vont avec...

Il y a bien des examens d'équivalence (si vous êtes membre d'un barreau), mais les avocats dont je parlais m'ont tous dit que:
1. Ils les avaient plantés, et que le taux d'échec dépasse les 90%...
2.Les cabinets sont très frileux à recruter quelqu'un qui a son barreau sans Baccalauréat ou LLB...le LLM n'ayant en fait qu'une valeur très relative...Ca me rappelle d'ailleurs un vieux fil de discussion sur la question "Travailler aux USA: JD ou LLM ?"...Ici c'est un petit peu la même chose

C'est un gros pavé désolé. Mais j'imagine que ça pourra servir à des juristes ou étudiants désireux de se fixer au Canada. Ce n'est pas impossible, mais il faut être prêt à quasiment tout refaire, et pour le Canada anglais à vendre père et mère pour payer sa scolarité (à Ottawa, un LLB s'élève quand même à prêt de 60 000 dollars canadiens au total...).

MessagePosté: Dim 01 Juin 2008 23:30
de Charles72
Le seul conseil que je puisse vous donner, c'est : restez au Canada, j'entends dire partout que les recruteurs y sont beaucoup plus ouverts et pragmatiques qu'en France ; ce n'est pas chez nous qu'on verra lesdits recruteurs faire les yeux doux aux étudiants n'ayant pas fini leur cursus en garnissant leurs mails de propositions d'emploi !

Pas sûr que mes propos vous aident, mais je vous souhaite bon courage :D .

MessagePosté: Dim 01 Juin 2008 23:59
de Atreyuh
Charles72 a écrit :Le seul conseil que je puisse vous donner, c'est : restez au Canada, j'entends dire partout que les recruteurs y sont beaucoup plus ouverts et pragmatiques qu'en France ; ce n'est pas chez nous qu'on verra lesdits recruteurs faire les yeux doux aux étudiants n'ayant pas fini leur cursus en garnissant leurs mails de propositions d'emploi !

Pas sûr que mes propos vous aident, mais je vous souhaite bon courage :D .


Merci Charles!

En revanche, comme je l'expliquais dans un de mes posts, au Canada, il est très très dur de faire sa place, et très dur de pratiquer sans avoir refait toutes ses études là bas. J'aurais aimé y rester, mais avec un M2 et un LLM j'ai l'impression que la France sera plus réceptive à mon cursus.

MessagePosté: Lun 02 Juin 2008 11:36
de Charles72
Possible... enfin, je ne suis pas le mieux placé pour en juger l-o .

Ceci dit j'aurais dû préciser que ma remarque concerne l'emploi en général au Canada, je ne sais pas ce qu'il en est pour le milieu juridique.

MessagePosté: Lun 02 Juin 2008 14:33
de Atreyuh
Charles72 a écrit :Possible... enfin, je ne suis pas le mieux placé pour en juger l-o .

Ceci dit j'aurais dû préciser que ma remarque concerne l'emploi en général au Canada, je ne sais pas ce qu'il en est pour le milieu juridique.


Disons que pour l'emploi en général, c'est vrai que les employeurs sont beaucoup plus pragmatiques. Un exemple: en droit, les étudiants font très rarement des maîtrises, et sont recrutés en 2ème année par les cabinets. Ce qui les intéresse ce n'est pas le titre (DJCE, M2 de ceci ou de cela) mais bien les compétences et le parcours du futur avocat.

Pour les étrangers c'est un bienfait, excepté pour les professions règlementées (avocat, médecin, ingénieur...) car là les Ordres sont féroces et il est quasiment obligatoire, quelles que soient vos études et votre expérience professionnelle, de refaire au moins deux années d'études pour avoir le droit de pratiquer votre profession.

MessagePosté: Lun 02 Juin 2008 15:00
de Kleinaster
Votre profil présente l'inconvénient d'un M2 recherche en droit pénal. C'est non seulement un M2 en droit pénal, càd dans une matière sans rapport avec le droit des affaires, mais en plus "recherche", càd insuffisamment tourné vers la pratique professionnelle. C'est votre handicap, le point noir sur votre CV. Face à vous, il y a des candidats à un stage ou un emploi qui se bousculent et qui eux présentent certainement un M2 professionnel en droit des affaires. Evidemment, ils passent devant vous et il ne faut pas être grand savant pour le comprendre aisément, ni grand devin pour le deviner dans l'esprit du recruteur. C'est la loi du marché, tout simplement.

Oublions donc cet aspect négatif. Vous n'êtes pas le premier, ni le dernier à avoir un diplôme, quel qu'il soit, sortant du sentier battu. D'expérience, je connais des fiscalistes qui sont aujourd'hui pénalistes et qui n'ont jamais fait ou alors très peu de droit fiscal, des informaticiens qui après un DUT sont partis en droit ou encore bon nombre d'étudiants qui ont fait un 1er M2 "voie d'attente" ou sortant de leur voeu de spécialisation parce que recalés au M2 qu'ils voulaient et auquel ils ont fini par être admis l'année suivante. N'insistez donc pas sur votre M2 si vs estimez qu'il ne vous vend pas assez auprès des recruteurs. Attardons-nous, attardez-vous sur les avantages de votre profil.

Votre profil présente en effet 2 avantages. Le 1er est l'expérience à l'étranger. C'est un booster de profil qui vous permet de valoriser votre esprit d'ouverture, votre faculté d'adaptation, votre propension à aller de l'avant et votre pratique de l'Anglais. Bon nombre de cabinets d'avocats, surtout les plus importants et les internationaux, raffolent de l'expérience à l'étranger chez les candidats. Le 2nd avantage est le LLM. Là encore, ils sont nombreux à en raffoler. Il témoigne de votre capacité à vous adapter et à appréhender des réalités différentes, à jongler avec le droit. Or, de nous jours, dans le monde des affaires, le droit n'est plus ni tout à fait français, ni tout à fait anglais, ni tout à fait américain : il est mondialisé. Nous connaissons tous ainsi le tiercé gagnant "DJCE, LLM, Sciences Po/ESC". Et quitte à choisir, le LLM de Harvard ou de Yale ainsi que HEC ou l'ESSEC, of course !

Cependant, je tiens à vous rassurer sur ces exigences. Comme je le disais dans ce post, ce sont là des idéalisations : à choisir, un recruteur préfère sans doute un candidat ayant le tiercé gagnant qu'un candidat ayant un M2 recherche en droit pénal. C'est bien connu mais ça reste purement idéalisé voire théorique. Sur le fait que votre LLM ne soit pas américain, je n'écouterais pas les bruits qu'on vous colporte : avoir un LLM est déjà en soi un formidable atout. Et d'expérience, il n'est pas indispensable d'avoir ce tiercé gagnant pour percer. Les recruteurs vous les répèteront : ils préfèrent une tête bien faite à une tête bien pleine, une personnalité bien sympa à un individu qui ne les inspire pas, fût-il bardé de diplômes. A ce niveau d'études, c'est souvent la personnalité qui est déterminante, l'entretien qui joue beaucoup.

Par conséquent, je serais vous, je persévérerais. Vous avez une expérience à l'étranger, vous êtes bilingue et vous avez un LLM. Ce qui vous manque, je ne vous le cache pas, c'est un M2 en droit des affaires. Vous aurez beau avoir le plus merveilleux des LLM, témoignant de votre capacité à vous adapter et appréhender des réalités nouvelles, il vous manquera la base, le socle. Si les recruteurs sont friands de LLM, Sciences Po, HEC et autres doubles formations, ils exigent d'abord et avant toute chose une formation en droit complète. Ce n'est pas là une exigence pour faire joli sur le CV : c'est véritablement une nécessité car l'année en M2 de droit des affaires vous professionnalise énormément et vous prépare réellement à la pratique professionnelle du droit et du monde des affaires.

Aujourd'hui, avec les problèmes de chômage, l'inflation des diplômes, la concurrence entre les jeunes diplômés et le plausible rapprochement des professions d'avocat et de juriste d'entreprise, je vous inciterais à passer le CRFPA. Un certain nombre de juristes d'entreprises est d'ailleurs titulaire du CAPA et si certains ont exercé la profession d'avocat quelques temps avant de trouver un poste de juriste d'entreprise, un certain nombre ne l'a jamais exercée et a rejoint l'entreprise dès la sortie du CRFPA. C'est là une réalité qu'il ne faut pas négliger. Durant votre année de préparation, vous avez tout à gagner en effectuant, comme vous l'envisagez, un CCD ou, plus problablement compte tenu de la réalité du marché de l'emploi, un stage. Au CRFPA, vous pourrez profiter de la période PPI pour effectuer le 2nd semestre d'un M2 en droit des affaires que vous auriez commencé en septembre/octobre. Votre CDD ou, plus probablement, votre stage durant l'année de préparation du CRFPA valorisera d'ailleurs votre candidature en M2 professionnel en droit des affaires. C'est une stratégie qui n'est pas rare chez les élèves-avocats : elle permet de combiner et ainsi aller plus vite.

M2 professionnel en droit des affaires, LLM, expérience à l'étranger au Canada , CAPA : vous serez alors prêt pour vous vendre dans les meilleures conditions auprès des recruteurs. Je vous souhaite en tous les cas toute l'énergie suffisante et le courage. Etant passé par là, je sais que ce n'est pas toujours facile mais je sais aussi que c'en vaut la chandelle, quelques années difficiles pour une longue vie heureuse. Vous n'avez aucune raison de vous sousestimer. Et si j'ai adopté un franc parler, c'est volontairement pour éviter la langue de bois et viser à l'essentiel, faire saisir les réalités du monde actuel. N'hésitez pas à me solliciter au besoin.

MessagePosté: Lun 02 Juin 2008 15:47
de henribrice
Cher ami ,

Je comprend parfaitement ton sentiment car je suis un peu dans la meme situation. Après ma licence de droit je suis allé en Angleterre pour un master 1 de droit privé. Ensuite j'ai passé un master 2 en Médiation et gestion des conflits. Par la suite je suis allé à Los angeles pour faire un stage chez PAUL HASTINGS pendant 6 mois. Après j'ai été fellow student dans le LLM program de la dispute resolution institute de HAMLINE UNIVERSITY (une des 5 meilleurs en ADR aux USA). J'ai donc des diplomes juridiques de 3 pays différents. De plus j' ai eu des formations et des certificats en Stratégies de négociation de pepperdine et de L'IRENEE. Je suis rentré en France, et je me rend compte, qu'il est très difficile de vendre ces CV plutot atypique. Trouver un stage fut un vrai parcours du combattant et mon expérience des procédures d'arbitrage n'intéresse pas grand monde en Europe. Je passe donc le CRFPA cette année. Certains cabinet sont interessés par mon profil uniquement si je suis à l'école du barreau.
Ne desespérons pas mais un certain réalisme s'impose. D'ailleurs les expériences multiples nous permettent d'avoir des visions très complète du Droit et de son application au niveau international. Cela m'a permis d'avoir une exellent note en oral blanc de Liberté fondamental. Ca ne sert pas à grand chose mais c'est toujours encourageant. Je te souhaite bonne chance pour la suite.