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les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Jeu 17 Nov 2011 17:27
de acollab25
Bonjour,

il y a encore quelques années les avocats collaborateurs étaient très nombreux sur le marché ...
Mais depuis quelques mois, il semblerait que le nombre de jeunes avocats à la recherche d'un emploi soient de moins en moins nombreux ????

Depuis plusieurs mois, le cabinet recrute et pourtant, les CV ne se bousculent pas ....
Est ce une généralité constatée ????

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Jeu 17 Nov 2011 18:16
de Maire du Village
La "pénurie" semble réelle dans certains domaines (droit social, fiscalité...), encore plus en régions.

Par ailleurs depuis 3 mois nous avons constaté un vrai changement : Désormais il y a sur le village de la justice autant de consultations de CVs de candidats (par les recruteurs) que de réponses aux offres d'emploi par les candidats (par exemple en octobre 31.000 environ pour chacun MAIS en février 2011 17.000 consultations de CVs / 25.000 candidatures).

Il se passe quelque chose dirait-on...

Vous cherchez à recruter sur quelles spécialisations ?

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Mer 28 Déc 2011 15:19
de Sabina
Monsieur, jeune avocate, je pense avoir un début d'explication au problème que vous venez de soulever. Je suis pour ma part parisienne, et j'ignore si mon constat se vérifie aussi bien en province.
Néanmoins, pour Paris, où en effet il semble que dans certains domaines il soit plus difficile de recruter, la source du phénomène réside certainement dans la précarité du statut de jeune avocat collaborateur aujourd'hui. En effet, les études d'avocat très longues se soldent finalement par un taux horaire inférieur à celui d'une femme de ménage, des horaires impossibles, aucune sécurité de l'emploi, l'interdiction officieuse de constituer sa propre clientèle, la difficulté de bâtir un projet familial, les licenciements arbitraires de collaboratrices enceintes et pour certains cabinets, de la violence psychologiques à l'égard des collaborateurs...que de beaux exemples de confraternité...
Le milieu du droit est minuscule, les informations circulent très vite, il est donc normal que les jeunes juristes soient plus réticents à embrasser cette belle profession, et que les cabinets maltraitants soient "boudés" par les jeunes collaborateurs...
Il appartient donc aux associés des cabinets recrutant de considérer, enfin, avec bienveillance leurs jeunes confrères... :)

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Dim 01 Jan 2012 23:24
de ben75
Bonsoir,

Ce désamour pour le travail en cabinet d'avocat ne paraît pas étonnant comme l'a justement expliqué Sabina.

Je suis élève-avocate, et j'ai eu l'occasion d' effectuer des stages en cabinet d'avocat et dans des directions juridiques d'entreprises qui m'ont permis de constater (et je ne suis pas la seule qui ai fait ce constat parmi mes camarades de l'EFB) que la fonction de juriste d'entreprise parait être la plus adaptée afin de concilier vie perso et vie pro, et qu'en plus de cela les juristes d'entreprise sont autant voir mieux rémunérés qu'un avocat collaborateur.

De plus, le travail en entreprise ne diffère pas tellement de celui d'un cabinet sauf en matière de contentieux évidemment (les juristes d'entreprises ne plaidant pas, ne rédigent pas d'actes juridiques etc..).

Enfin, la carrière d'un juriste d'entreprise n'a rien à envier à celle d'un avocat car si l'évolution de carrière d'un avocat collaborateur est d'ouvrir son cabinet et de devenir associé, celui de juriste d'entreprise est de devenir responsable juridique/directeur juridique. D'ailleurs sur ce plan, j'ajouterai que l'avantage du juriste d'entreprise est de ne pas à avoir travailler en plus pour trouver une clientèle (bien au contraire la posture de client potentiel les place dans une situation plus confortable que celle de l'avocat).

J'ajouterai qu' après avoir multiplié les stages sous- payés ("génération à 1000euros"), il est tout à fait justifié de rechercher une certaine sécurité avec un emploi qui ne soit pas payé avec un taux horaire qui serait celui d'un emploi non qualifié.

Pour ma part, je suivrai les conseils d'une juriste d'entreprise d'une compagnie d'assurance avec qui j'ai bossé qui m'a conseillé après le CAPA de travailler deux ou trois ans en cabinet pour ensuite postuler en entreprise.

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Lun 23 Jan 2012 18:41
de Simadine
Bonjour,

J'ai du mal à croire ce que vous dites. Vous parlez de pénurie de collaborateurs quand chaque année près de 1500 Jeunes avocats sortent de l'EFB et beaucoup d'autres issuent de CRFPA, viennent chercher des postes sur paris.

En outre, je suis en pleine recherche dans le domaine du droit social et je ne ressent pas du tout de pénurie bien au contraire, le dernier entretien que j'ai passé nous étions 80 Candidats !!!!!!

Du coup beaucoup de cabinets ne se donnent pas la peine de répondre aux candidatures même après un entretien ! Nous avons rencontré des attitudes bien éloignées des valeurs du serment.

J'ai du mal à comprendre le marché aujourd'hui et surtout quels sont les profils recherchés par les avocats, mais en tous les cas j'assiste ainsi que mes amis dans la même situation à une multitude de comportements scandaleux et irrespectueux de la part d'avocats, tant dans la rédaction des offres, l'organisation des entretiens que le suivi des candidats !

De plus il faut prévenir les étudiants qui souhaiteraient devenir avocat que le CAPA et un M2 ne semble plus suffire, puisque nombre de cabinets veulent désormais des profils à doubles cursus voir plus (droit + école de commerce ou IEP + LLM + Magister + MBA +++), sans parler qu'être Bilingue voir trilingue semble également incontournable.

Là est peut-être l'explication : la pénurie viendrait peut-être du fait que les cabinets recherchent des profils difficilement réalisables et donc rares, car il faut beaucoup de temps, d'argent, de liberté et moyens d'action pour réussir à construire ce genre de CV !

Je ne suis pas certaine non plus qu'un jeune avocat avec un CV plus classique soit nécessairement plus mauvais. Certes il aura assurément moins d'expériences intellectuelles universitaires sur son CV, pour autant je ne pense pas que cela détermine une supériorité générale. Même si je sais qu'il faille trouver des critères de sélection, ce critère ne me semble pas être le plus significatif.

Le parcours, les expériences choisies et la mise en valeur du CV me paraissent bien plus parlant qu'un cursus universitaire effectué encore trop souvent en fonction de facteurs indépendants des capacités intellectuelles de chacun (argent, famille, secteur géographique, etc...)

Je profite de ce post pour montrer et dénoncer cette situation incroyable de beaucoup de jeunes avocats comme moi :
Nous avons un Bac+5 plus un CAPA qui représentent 7 à 8 ans d'études post bac.
Or, aujourd'hui nous touchons le RSA et nous sommes obligés de quitter petit à petit la profession en élargissant notre recherche aux postes de juristes en entreprise normalement réservés aux M2 !

Il y a quelque chose d'anormal et de problématique dans cette situation que je n'arrive pas encore à comprendre. J'espère pourtant encore qu'il s'agit d'une situation conjoncturelle et non structurelle, pour les générations suivantes.

Même si la future réforme de l'avocat en entreprise, me fait douter...

Gardons espoir !!

Simadine

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 11:13
de Mon ego et moi
Simadine a écrit :Là est peut-être l'explication : la pénurie viendrait peut-être du fait que les cabinets recherchent des profils difficilement réalisables et donc rares, car il faut beaucoup de temps, d'argent, de liberté et moyens d'action pour réussir à construire ce genre de CV !


J'approuve assez : à chercher un mouton à cinq pattes (à vous de voir si ça fait trois gigots ou trois épaules ou encore deux et deux avec un truc hybride pour compléter), il ne faudrait pas s'étonner de ne pas trouver.

Simadine a écrit :Or, aujourd'hui nous touchons le RSA et nous sommes obligés de quitter petit à petit la profession en élargissant notre recherche aux postes de juristes en entreprise normalement réservés aux M2 !


Mmmmh, là, par contre, je suis moins d'accord. C'est pas tant une question de "réserve" pour les M2 (voire M1, ma n+1 n'a pas davantage qu'une maîtrise) qu'un choix délibéré de diplômés d'aller travailler pour une entreprise, une administration, une association (qui recrutent aussi des juristes, pensez au GISTI qui vous a fait cauchemarder pendant vos révisions de droit administratif) ou un syndicat. Voir à toutes les entités qui pourraient tôt ou tard naître pour faire du conseil, au regard du droit communautaire de la concurrence. Un titulaire de M2 juridique n'a pas forcément vocation à l'avocature (notez la répétition).

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 11:52
de maitre_riri
je suis étudiant en licence de droit mais la situation est la même pour mes amis diplomés de facs d 'éco ou d' ESC. Le marché est mondial et les entreprises n'hésites plus à retarder les processus de recutement jusqu'à dégoter ce mouton à cinq pattes aux détriments des personnes qualifiées pour la plupart de ces postes. Ce n'est pas injuste, c'est le marché il faut se battre et envisagé des carrières auxquelles on n'aurait auparavant même pas songé..

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 12:22
de F invité
@ maitre_riri:

Ce n'est pas injuste, c'est le marché il faut se battre et envisagé des carrières auxquelles on n'aurait auparavant même pas songé..


Evidemment, passer plusieurs années à se spécialiser pour finalement changer de voie...
Il n'est guère aisé de séduire un recruteur lorsque l'on opère un revirement de carrière.
Mais vous n'êtes quand licence alors effectivement vous n'envisagez le marché du travail que de façon trés détachée.
Vous pourrez voir par vous même qu'au bout de votre énième entretien et de votre 3ème job alimentaire que le marché du travail est effectivement injuste/dur/usant/déprimant (j'en ai oublié peut être ?)...

En attendant et en toute franchise profitez bien de vos années à la faculté cher futur confrère.

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 12:35
de F invité
Pour en revenir au sujet,

Je ne suis pas élève avocat, je n'ai pas passé le CAPA, je suis juste juriste d'entreprise. Et effectivement les problématiques développées par Sabina ou Simadine se répercutent directement sur les étudiants post-Master comme moi qui ont préferé la voie de l'entreprise (ou du conseil pour la P.I).

Effectivement ma situation est simple depuis que je suis sortis de mon Master 2 (pourtant très reconnu dans ma spécialité) je multiplie les stages (si c'est 850€ brut j'ai de la chance...), je multiplie donc également les entretiens, à peu près 10 à 15 entretiens (entre les stages et les offres de juriste) en 2 ans depuis la fin de mon master, je ne sais pas si c'est beaucoup, là n'est pas le point.
Je me suis juste aperçu, lors de discussion de couloirs en attente des entretiens ainsi que dans mon cercle de connaissance, que la plupart des candidats à des postes de juriste en entreprise ont le CAPA.
Cela devient donc très difficile pour les profils comme le mien, déjà en concurrence avec des juristes + expérimentés sur certains entretiens, je me retrouve maintenant en concurrence avec des élèves avocats/des avocats.
Je ne vais pas m'étaler sur ma situation actuelle ni me plaindre, certaines personnes se lèvent tous les matins pour un job détestable. Mais j'aurais pensé que la voie aurait été plus simple avec un bon M2 et un LLM.
Je vais continuer à manger mon pain noir et je tiens à souhaiter bonne chance à tous les futurs avocats qui galèrent pour se faire une place au soleil.

Re: les avocats collaborateurs, une pénurie ?

MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 15:38
de nocpitaloc
Vous avez oublié les guillemets à " Je suis "juste" juriste d'entreprise" lol -)