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Les jeunes diplomés face à la désinformation

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 17:57
de liberalis
Bonjour à tous,

Combien avons nous été pendant nos études de droit à rêver d'exercer la profession de juriste d'entreprise ou d'avocat. Nous ne pouvons que constater, sans chercher à faire de l'alarmisme, que nombre de jeunes diplômés possédant un troisiècle cycle de droit resteront sur le bas côté, en attente d'une opportunité d'insertion. Or, il est difficile de faire le deuil d'un rêve.
Car il est certain aujourd'hui qu'il n'y a pas assez de poste de juristes d'entreprise pour tout ceux qui sortent des facultés avec un troisième cycle (voire deux ou trois). Peut-être que si les pseudos postes de stagiaires étaient transformés au moins en CDD la situation serait différente.
Mais c'est un autre débat que nous sommes nombreux à pouvoir nourrir.
Comment donc expliquer cette situation?
La première qui est la plus simpliste consiste à justifier ce phénomène par la morosité du marché de l'emploi des cadres.
Une seconde, pour certains peut-être plus choquante, consiste à avancer que la faculté produit trop de jeunes diplôlmés.
Suivant cette hypothèse à laquelle j'adhère, la responsabilité incomberait-elle à la faculté? aux professeurs d'université? aux gouvernements successifs qui ont modifié la politique de l'éducation nationale depuis 10 ans?
Ces dernières années les facultés de droit ont perdu des étudiants qui, souhaitant ne pas perdre des années à la fac du fait de l'absence d'encadrement et de l' absence d'obligation d'assiduité choisissent des voies plus rapides d'accès à l'emploi. La réputation des facultés de droit n'était pas faite pour les motiver en raison du faible taux de réussite en 1ère année. Lorsque j'ai eu ma 1ère année il y a presque 10 ans le taux de réussite dans ma faculté était de 20%. Il a aujourd'hui au minimum doublé.
Les taux ont aussi progressé relativement aux années supérieures.
Politique des facs ou politique louable du gouvernement de permettre à chacun d'avoir un niveau d'études supérieures. Peut-être un peu des deux.
Néanmoins, même si ce mot nous irrite tous, ce changement de la donne universitaire (la généralisation des unités de valeur permet à chacun d'atteindre un jour la maîtrise en droit) reporte LA SELECTION.
A quand? à la sortie de la maîtrise lorsque tout le monde s'affaire pour rentrer dans le troisième cycle de son choix...
Mais lorsque j'évoque en objet "les jeunes diplômés" je pense bien sûr à ceux qui sont admis en troisième cycle. Les autres n'ont que peu de chances de trouver un poste de juriste aujourd'hui. Et pourtant je connais des directeurs juridiques qui n'ont pas plus de 45 ans et qui n'ont qu'une maîtrise de droit. Ceux ci préfèrent recruter des jeunes diplômés avec double formation ou deux troisièmes cycles...
Avions nous été prévenu à notre entrée en faculté de ces critères de recrutement? NON
Sinon, nous aurions peut-être décidé de faire autre chose.
Il y a bien un manque d'information en 1ère année (voire au lycée). L'absence d'information est une forme de désinformation.
Mais ce n'est pas la seule...
Lorsque nous sommes admis en troisième cycle (surtout lorsqu'il est côté), une forme de soulagement nous envahit, pensant être proche de notre métier de coeur.
Nos directeurs de troisième cycle nous promettent monts et merveilles et nous sommes disposés, crédules que nous sommes, à les croire. Ont-ils mis le nez dehors? Ou ne s'adressent-t-il qu'aux quatre ou cinq étudiants qui travailleront rapidement?
Ils ne sont peut-être pas assez formés à la pratique. Pour s'en apercevoir, il faut se rendre à ces journées de formation pour praticiens ou on vous informe des évolutions législatives et en jurisprudence dans les matières qui vous intéressent . Il n'y a rarement pas de considération du terrain, aucune plus-value autre que théorique. C'est affligeant!
Certains diront, c'est normal, chacun à sa place. Soit!
Mais pourquoi ces professeurs d'université s'acharnent à créer troisième cycle sur troisième cycle alors que la demande des entreprises est faible?. Image, réputation, affirmation de son expertise, concurrence entre professeurs d'université? Ou simple volonté gratuite et bien intentionnée de vouloir former des étudiants toujours plus spécialisés? Ou peut-être encore volonté de relever le niveau intellectuel d'une petite partie de la population, les étudiants en droit?
Allez savoir! J'en perds mon latin... pourtant entretenu à la fac via les adages en tout genre...

La multiplication des troisième cycles génèrent plus de diplômés. La sélection a donc été reportée, en laissant croire à des étudiants qu'ils travailleraient à la sortie. (Voir les plaquettes de présentation de votre troisième cycle, rubrique "Débouchés"). On nage en pleine désinformation au plus grand profit des facultés (droits d'inscription) et des professeurs d'université qui vous oublient vite à la sortie (ligne supplémentaire sur leur CV: "Directeur du DESS/DEA/MASTERE 2 trucmuche"). Et au détriment d'étudiants volontaires et le plus souvent correctement formés et capables...

Il ne faut pas se leurrer. Si vous ne trouvez pas ce n'est pas seulement parce que le marché de l'emploi est morose mais parque c'est à la sortie de vos troisièmes cycles que s'opère aussi la sélection...

Trois solutions se présentent alors à vous. 1. Le traditionnel piston français 2. Même si vous vous sentez prêts à travailler, faîtes deux ans de stages -avec convention SVP- 3. Passez le CAPA mais les mêmes problèmes peuvent se poser à la sortie de l'école du barreau donc se reporter aux solutions 1 et 2!

Les jeunes diplômés face à la désinformation: Est-ce que l'on vous avait dit que pour exercer votre profession de juriste (sans piston), il fallait bien plus que 5 ans? A chacun de chercher l'erreur!

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 18:27
de diana
salut!

Je suis tout à fait d'accord avec toi personne ne nous a prevenu que l'insertion professionnel des juristes seraient si moroses voir catastrophique!

J e connais autour de moi des docteurs en droit qui sont au RMI, d'autres en CDD mais vendeurs, voir caissieres eh oui il faut vivre!!!

et ne pensez pas que passer le CAPA arrange les choses : retrocession minable, pas ou peu de maître dee stages.....j'ai le capa et j'ai fini par ne pluis exercer : trop de charges, peu de clients!!!

Mais ou va t-ont?

Je vous assure que si c'etait a refaire un BAC +2 ou BTS je n'aurais jamais fais tant d'études pour une fin si honteuse, même le salaire est bas!!

Que faire : informer à la fac que les études ne mènenet pasforcément à la richesse!!!!

:winkL:

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 18:38
de liberalis
Salut Diana,

Beaucoup de gens sont dans ton cas et il est bien difficile de se faire à cette hypocrisie ambiante. J'ai eu récemment le CV d'un gars entre les mains: Deux troisièmes cycles, ESSEC, trilingue, de belles expériences de stages, CAPA en poche et il recherche des stages.
Il y a de quoi réfléchir car sans redoublement cela fait 8, 9 années d'études!

Peut-être est-ce lui qui a raison : tout faire pour mettre les chances de son côté et temporiser jusqu'au moment où le marché de l'emploi se régulera.

Mais pour faire comme lui, il faut énormément d'argent...

Je ne vais pas plus loin sur cet aspect des nouvelles études de droit, il y a trop de choses à dire!

bravo liberalis !

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 20:10
de sev
tu as très bien cerné le problème et pris le temps de dénoncer la désinformation, ce que tu dis est plus que vrai !!!!
Les responsables :1/ les profs d'université qui ne voient que leur petite fierté personnelle et leur intérêt financier indirect de créer des 3èmes cycles (aucune possibilité de se démarquer puisque des 3ème cycles idoines apparaissent tous les jours, même si on choisit de faire le plus côté des 3èmes cycle de sa branche et bien ça ne sert à rien parce que les entreprises ne sont pas informée de la valeur de ces 3ème cycles)
2/ l'Etat qui semblerait vouloir désormais amener 80% d'une classe d'âge au Master 2 (irréaliste donc on baisse le niveau, et tant pis pour ceux qui y seraient arrivé quand même), du coup trop de diplômés 3ème cycle par rapport à la demande des entreprises et pas assez de bac+2 assistantes juridiques etc .. qui finissent par être mieux payées que les juristes.
3/ les Entreprises qui profitent du flou qui règnent sur le statut du stagiaire et du surnombre des diplômés de 3ème cycle pour réinventer l'esclavagisme : le stagiaire qui remplace un CDD ou CDI, les entreprises n'embauchent plus elles prennent des stagiaires et l'Etat ferme les yeux (un stagiaire c'est un chômeur en moins).
Effectivement on n'est pas du tout informé de cette situation quand on va jusqu'en 3ème cycle en croyant qu'une fois ce 3ème cycle obtenu on sera sauvé, si on avait su on aurait fait un bac+2 et on n'en serait pas là !!!! On ne serait quand même pas bête au point de faire des études pour rien ! :cry:

trop alarmiste

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 20:17
de pipass
Je pense aussi que vous êtes -un peu- trop alarmiste. Tout d'abord il y a encore pas mal de gens qui trouve de bonnes colaboration. Ensuite vous parlez de troisième cycle...Mais tous ne se valent pas et seul les 3ème affaires destinent vraiment au privé. Ensuite ce qui trouve ne poste pas forcément sur ce forum. Enfin je connais d'autres personnes qui ne trouve pas et qui sont pourtant BAC+5 mais pas juriste.....

A mon humble avis le problème vient surtout (pour résumer les différents posts) :

1/ Les fameux stages de 1an qui demande impérativement plusieurs expériences, là c'est clair qu'il y a abus et que cela pénalise très très fortement les JD. Mais que faire ?

2/ Les PME n'embauchent pas assez ou pas du tout de juristes. Il y a d'ailleurs eu de très bon débats sur ce sujet sur ce forum

3/ La conjoncture éco est pas bonne. Mais apparement ça va allez un peu mieux. Si les cabinets d'affaires se remettent à embaucher à tour de bras ça va créer des appels d'air. D'ailleurs preuve qu'il y a du boulot on embauche à tour de bras des stagiaires 1 an.....Cf. le 1

4/ A mon avis (mais personne ne me crois sur ce forum :shock: ), il y a trop de gens qui mentent sur leur CV.

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 22:36
de Louis
tout à fait d'accord avec toi pipass. Stop à l'alarmisme.

J'ai trouvé un très bon poste de juriste dès la sortie de 3eme cycle sans le moindre piston.

J'ai pas mal de copains de 3eme cycle qui ont également trouvé, d'autres qui cherchent encore. Il ne faut pas faire de généralités.

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 22:46
de diana
salut

oui je suis plus qu'alarmiste car je ne parle pas que des dess option droit mais d'autres aussi, DESS ARCHEOLOGIE, MANAGEMENT beaucoup au carreau sans parler des docteurs en droit, en chimie c'est la CATA!!! alors vous avez trouvé du boulot tant mieux mais pensez aux autres et beaucoup sont aux RMI ou beneficiaires des allocations chômages je vous assure! :?

MessagePosté: Jeu 09 Déc 2004 23:19
de aiki
diana a écrit :salut

oui je suis plus qu'alarmiste car je ne parle pas que des dess option droit mais d'autres aussi, DESS ARCHEOLOGIE, MANAGEMENT beaucoup au carreau sans parler des docteurs en droit, en chimie c'est la CATA!!! alors vous avez trouvé du boulot tant mieux mais pensez aux autres et beaucoup sont aux RMI ou beneficiaires des allocations chômages je vous assure! :?


Mais alors si une grande majorité de personnes très diplomées ne trouvent pas de travail quelque soit le domaine concerné, cela veut donc dire qu'il y a trop de cadres par rapport à ce que l'économie peut absorber et donc qu'il faut avoir la volonté d'entreprendre autre chose (changement de métier, d'orientation...) ou attendre une embellie qui se laisse actuellement désirer.
Non :?:

MessagePosté: Ven 10 Déc 2004 1:31
de liberalis
Mes propos stigmatisait simplement le mal actuel ressentit par les jeunes diplomés mais ne voulait aucunement être alarmistes. Certes la situation concerne essentiellement les formations de droit des affaires mais cela touche aussi toutes les formations notamment celles qui sont plus "exotiques" si vous voulez bien me pardonner l'expression. Nous sommes nombreux bien sûr à avoir pu trouver un premier emploi mais quel est le pourcentage d'insertion des jeunes diplomés en droit deux ans après l'obtention de leur diplome?
Il est certainement moindre que pour les informaticiens ou les cadres commerciaux...
Une petite statistique 2004 de l'APEC relativement à l'insertion des jeunes diplomés toutes catégories: 80% des jeunes diplômés ont trouvés au bout de deux ans.
Croyez-vous sincèrement que ce taux trouve à s'appliquer dans nos professions (juriste d'entreprise)?

MessagePosté: Ven 10 Déc 2004 10:11
de SRVGH
liberalis a écrit :Mes propos stigmatisait simplement le mal actuel ressentit par les jeunes diplomés mais ne voulait aucunement être alarmistes. Certes la situation concerne essentiellement les formations de droit des affaires mais cela touche aussi toutes les formations notamment celles qui sont plus "exotiques" si vous voulez bien me pardonner l'expression. Nous sommes nombreux bien sûr à avoir pu trouver un premier emploi mais quel est le pourcentage d'insertion des jeunes diplomés en droit deux ans après l'obtention de leur diplome?
Il est certainement moindre que pour les informaticiens ou les cadres commerciaux...
Une petite statistique 2004 de l'APEC relativement à l'insertion des jeunes diplomés toutes catégories: 80% des jeunes diplômés ont trouvés au bout de deux ans.
Croyez-vous sincèrement que ce taux trouve à s'appliquer dans nos professions (juriste d'entreprise)?


Tu as vu juste libéralis. S'il est vrai que certains par chance ou par qualités personnelles particulières parviennent à trouver rapidement un emploi valorisant et rémunérateur, il y en a beaucoup qui végètent dans une sorte de flou artistique, ne sachant réellement qu'elle voie choisir entre continuer à briguer un poste en rapport avec sa formation, et tout abandonner, tracer un trait pour recommencer de zéro, avec toutes les désillusions que cela comporte.
POur moi accumuler les diplômes comme tu as pu en citer l'exemple, relève d'un refus d'accepter la réalité du monde du travail aujourd'hui. Outre qu'il faut énormément d'argent pour cela, c'est assez improductif, dans la mesure ou les employeurs relèvent assez rapidement en voyant ce genre de CV qu'il y a un problème, que ce n'est pas normal. On peut choisir de changer d'optique professionnelle et par là de se former à nouveau, mais accumuler les diplômes dans un même domaine est à mon sens une erreur, sauf à ce qu'un véritable projet, à ce qu'une vraie cohérence se dessine.