LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

Bonjour à tous,

Je suis étudiante à Toulouse, j'ai 25 ans et après une annéee intensive de préparation et un échec à l'examen d'entrée au CRFPA, je me recentre et essaye de me poser les bonnes questions quant à mon avenir.

J'ai toujours été particulièrement attirée par le monde judiciaire et notamment par le métier d'avocat. Si je faisais la "sourde oreille" jusque là sur les différents témoignages de désillusion de jeunes avocats que j'avais pu lire pour pouvoir rester motivée dans mes révisions, je m'y intéresse sérieusement pour savoir si je me relance dans une année de préparation.

Ce que je lis le plus souvent est souvent résumé ainsi : des horaires impossibles (minimum 11h par jour), des salaires bas, peu de temps pour une vie privée, le piège du statut de collaborateur qui ne laisse finalement pas le temps de développer une clientèle personnelle (sauf les weekends et la nuit...)...

D'où ma réflexion : Le métier d'avocat me passionnerait MAIS j'ai aussi envie d'avoir une vie à peu près "normale" à côté, je ne veux pas croire que c'est totalement impossible et que tous les avocats sont sans vie privée.

Je m'intéresse donc au statut d'avocat salarié : certes certains pourront me dire qu'il va à l'encontre de l'aspect libéral (et libre) de l'avocat mais peut-être permet-il d'exercer cette fonction sans y passer 80h par semaine ?

Sauf que je ne trouve presque pas d'informations concernant ce statut : je sais que moins de 6% des avocats sont salariés mais je me demande pourquoi ? Est-ce parce qu'il y a très peu d'offre ou parce qu'il y a très peu d'avocats intéressés par ce statut ?

Si certains d'entre vous l'ont été ou le sont, je serais vraiment reconnaissante d'entendre votre témoignage pour savoir ce qu'il en est !

Merci beaucoup à tous !

Bonjour,

Tout d'abord, je vais un peu "diluer" vos propos sur les difficultés des avocats. Bien que réelles, elles ne sont pas absolues. Certaines branches (fiscalité, droit social ou certaines matières de niche) se portent très bien. Ceux qui souffrent le plus sont en effet lesdits "généralistes" (pénal/civil/commercial) et le droit des affaires "classique" et encore, c'est le cas surtout dans les grandes villes. Beaucoup de mes Confrères ayant fait le choix de s'installer dans des (tout) petits barreaux font face à une concurrence (et des coûts) bien plus faible et se développent bien.

Et ce n'est pas vrai non plus que tous les avocats sont à 80h/semaine (mais ne vous attendez pas à moins de 50h non plus). Mais je répète, ce que vous avez entendu est vrai, mais cela dépendra beaucoup de votre matière, vos choix et de votre degré de chance (facteur fondamental).

Pour répondre à votre question : Les avocats salariés sont rares car les OFFRES sont rares pour les raisons suivantes :

- le statut salarié n'est pas adapté à l'exercice de 90% des cabinets. Un avocat libéral va payer lui même ses cotisations, faire ses déclarations URSSAF etc etc. Seules les structures les plus importantes qui peuvent se permettre un service compta/RH qui va centraliser toutes ces tâches peuvent offrir des contrats salariés (et je ne parle même pas de l'impôt à la source qui va bientôt s'installer, ce qui va demander encore plus de travail vis à vis de l'administration fiscale)

- en tant que salarié, la clientèle est celle du cabinet, pas celle de l'avocat, qui ne peut pas faire de dossiers "persos". Ce n'est pas adapté à une grande partie des activités d'avocats (surtout pour les généralistes) où la clientèle perso est importante (beaucoup d'AJ en début de carrière) et peut représenter un complément de revenus important pour un jeune avocat mais sera non rentable pour une grosse structure. En "province", une grande partie des jeunes avocats ont une clientèle personnelle régulière (contrairement à Paris où c'est quasi impossible).

- Le salariat est donc limité aux quelques très grosses structures d'avocats d'affaires (principalement Fidal, EY, TAJ, pwc) à forte dominante fiscaliste (sauf pour Fidal qui touche à toutes les matières du droit des affaires).

Le statut salarié apporte certains avantages c'est sûr, mais il ne faut pas croire que ce sont les 35h. Le temps de travail dans ces structures est assez similaire au libéral, ce qui change c'est surtout la "sécurité" que le salariat apporte (chômage, CDI, vacances, RTT, rémunération etc).

Bon courage et bonne chance à vous pour vos choix, qui je le sais ne sont pas faciles à faire.

Merci beaucoup pour votre réponse plus que complète, le choix n'est vraiment pas facile en effet... ! Tellement de questions qui ne trouveraient leurs réponses que dans la pratique concrète du métier !

Hermes a écrit :Tout d'abord, je vais un peu "diluer" vos propos sur les difficultés des avocats. Bien que réelles, elles ne sont pas absolues. Certaines branches (fiscalité, droit social ou certaines matières de niche) se portent très bien. Ceux qui souffrent le plus sont en effet lesdits "généralistes" (pénal/civil/commercial) et le droit des affaires "classique" et encore, c'est le cas surtout dans les grandes villes. Beaucoup de mes Confrères ayant fait le choix de s'installer dans des (tout) petits barreaux font face à une concurrence (et des coûts) bien plus faible et se développent bien.

Et ce n'est pas vrai non plus que tous les avocats sont à 80h/semaine (mais ne vous attendez pas à moins de 50h non plus). Mais je répète, ce que vous avez entendu est vrai, mais cela dépendra beaucoup de votre matière, vos choix et de votre degré de chance (facteur fondamental).

Bonjour, je me permets de revenir vers vous : j'envisage toujours de retenter le passage de l'examen d'entrée au CRFPA (malgré cette réforme "légèrement" floue). Ce que vous dites me rassure concernant les petits barreaux, j'envisage de toute façon de faire ma vie en "campagne" plutôt qu'en grande ville, mais je ne déciderai pas toujours...
Je reste persuadée qu'il est possible d'exercer ce métier de 1000 façons différentes et qu'elles dépendent beaucoup de notre personnalité, de notre localisation, de notre spécialité, de nos rencontres etc...

Mais avez-vous quelques détails à m'apporter sur les conditions de ces avocats dans ces petits barreaux ? Y-a-t'il tout de même de la demande ?
J'imagine bien qu'on ne sort pas directement de l'école en posant sa plaque et qu'il faut bien démarrer pour se faire un nom, les offres de collaborateurs ne sont peut être pas fréquentes dans ces petits barreaux ?

Je me permets de vous poser toutes ces questions car il est rare de tomber sur quelqu'un du milieu qui apporte du concret à mes questions comme vous le faites

Merci d'avance !