LE FORUM DES MEMBRES DU VILLAGE

A-t-on encore un avenir en France quand on est une jeune salarié diplômé ?

Incertitudes sur les retraites, augmentation de la CSG pour combler le "trou de la sécu", hausse du chômage, fraudes et magouilles en tous genres aux aides sociales, pression ficale insupportable, pouvoir d'achat minable ...etc. Nous offrons un bien piètre spectacle aux pays étrangers.

L'herbe est-elle plus verte ailleurs ? Le débat est ouvert car la France est actuellement bien déprimante.

Quel est votre avis ?

Bonjour,

Je vous avoue avoir largement pensé à la question moi aussi, et pour des raisons diverses que vous n'avez peut être pas à votre actif.

Cependant, je me dis que si les diplômés partent, que va-t-il rester en France? Des personnes peu diplômées au pouvoir d'achat réduit, ne pouvant donc financer leur retraite par capitalisation. Belle preuve d'égoïsme que de partir dans ces circonstances (après moi le déluge aurait dit Noé ).

Alors à quoi ai-je pensé pour vouloir rester en France, ou peut être partir mais pas à cause des problèmes que vous soulevez ? Pas grand chose, je dois bien l'avouer. Je n'ai pas la solution miraculeuse, si tant est qu'elle existe. Mais je me dit que si les jeunes d'aujourd'hui partent, ben, c'est aussi une belle preuve de "baissage de bras" si vous me passez l'expression.

N'avons nous pas, nous les jeunes (j'abuse peut être mais je me sens encore concerné par ce mot même si on me dit partout que passé 25 ans, c'est fini...) la force et la volonté de faire bouger un pays, ou alors qui le fera? Je n'ai toujours pas trouvé la réponse à cette question.

Alors j'en suis revenu au sens oiginel du mot politique et du mot république. Et je me suis dit que sans m'engager dans un parti quel qu'il soit, sans défendre un point de vue partisan, je pouvais peut être, à ma petite échelle, faire un peu prendre conscience de certaines choses ou du moins participer à cette prise de conscience.

Vous n'êtes donc pas débarassés de moi pour l'instant: je reste pour tenter de rendre un peu moins mauvais l'environnement dans lequel je vis. Naïf, non..? En tout cas, résolument positif et plein d'énergie pour tenter au moins de faire bouger les choses autour de moi.

Bonjour Diane,

Vous dressez un tableau bien noir de la France mais il est si réaliste. pour ma part à la recherche d'un premier emploi (étant JD), les grandes valeurs défendues par la France me font bien rire (à part de la gueule pour faire de beaux discours, c'est tout ce que nous avons dans ce pays).

Qui plus est, ce qui dégoute c'est que certains pays de l'europe s'en sortent beaucoup mieux que nous (Angleterre, Italie, Espagne...). Je ne vais pas parler des USA ou de l'Asie qui économiquement explosent!

Pour ma part, je ne crois plus en une reprise économique de la France, durant des années, ce pays a été géré n'importe comment; lorsqu'il ya eu de la croissance, on a préféré creuser les déficits plutôt que de mettre cet argent de côté en cas de coup dur...

Bref, à part les beaux discours, la France ne vaut pas mieux. Certes beaucoup d'entre vous me trouveront critique et je suis conscient que certains pays sont dans un état pire que le notre néanmoins que l'on cesse de nous dire qu'il faut être honnête, travailleur etc... alors que l'on dévalorise sans cesse le travail.

Je me trompe peut-être, l'avenir nous le dira...

Cordialement et bon courage aux JD et autres qui sont dans le même cas que moi (à part espérer et persévérer dans nos recherches, rares sont les choix qui nous sont proposés).

Excellent état d'esprit qui vous honore !

Je n'en attendais pas moins de vous.

Bonjour à tous,

Diane, quelle étrange coïncidence!! Vous vous posez ces questions, et vous n'êtes pas la seule à le faire!
J'ai 24 ans aujourd'hui, et hier soir je me demandais précisément s'il n'était pas temps pour moi d'aller tester la verdure voisine...Mais pour y trouver quoi???
je ne suis pas certaine que l'herbe soit vraiment plus verte chez le voisin. Alors peut-être que c'est parce que j'amorce la dernière année avant le 1/4 de siècle fatidique, mais j'espère aussi que c'est la première année d'une longue et belle carrière de juriste!!

D'une façon générale je me dis que si les pouvoirs publics, la République, la politique et tout le reste ne peuvent rien pour nous, il ne tient quà nous d'aller chercher ce que ne voulons, et je ne crois pas que cela signifie aller chercher...ailleurs, du moins pas tout de suite!

Alors, je crois qu'on ne peut pas demander au gouvernement de trouver un job à tout ceux qui en cherche un, il faut prendre son mal en patience, se bouger aussi, et saluer ceux qui malgré, tout, tentent de nous aider -ils se reconnaîtront- même si, hélas ils ne sont pas ministres, et encore moins président!

Je suis effectivement d'accord avec vos arguments concernant les "points noirs" de l'économie française, qui pourraient bien pousser à partir, mais il est bon d'envisager les points suivants :

- aux Etats-Unis, pays qui fait rêver bon nombre de JD, la protection sociale est extrèmement onéreuse et la fiscalité très lourde (impôts au niveau de la ville, du Comté, de l'Etat fédéral...)
- en Allemagne, la fiscalité est plus forte qu'en France (pour vous en convaincre, parlez-en aux salariés allemands venant travailler en France, qui s'étonnent parfois de la simplicité et des charges fiscales moins lourdes.. et inversement, aux salariés français expatriés en Allemagne)
- en Grande-Bretagne, la protection sociale est également très chère, car le système de base est très peu efficace et nécessite systématiquement des assurances complémentaires privées très chères ; et la fiscalité est aussi très lourde et contraignante
- en Espagne, la protection sociale est aussi peu efficace...

Je pourrai continuer assez longtemps dans le même registre, mais vous avez compris l'idée de base : même si l'herbe peut paraître plus verte ailleurs, et qu'il est vrai qu'on peut parfois avoir les rémunérations permettant de prendre en charge de tels coûts, il n'en reste pas moins que la situation française est loin d'être aussi désespérée et désespérante...
Enfin, je terminerai par dire que selon moi, un départ à l'étranger doit plus s'envisager comme une étape dans un parcours professionnel, formateur à la fois presonnellement, culturellement et professionnellement, et non pas comme une fuite d'un système. Car on sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on gagne !

Donc pour rejoindre l'idée d'Hervé : ne baissons pas les bras !

J'ajouterais à votre couplet sur les motivations valable pour un départ à l'étranger qu'une fuite n'est jamaisune solution mias bien plus un révélateur de problèmes : la fiscalité et les perspectives sombres ne sont pas suffisants.

Diane citait l'Asie, je vais me permettre quelques remarques:

Hong Kong, deuxième place financière asiatique, plateforme logitstique et industrielle (avec Canton et Shanghai) pour les exportations chinoises vers le monde, a des perspectives de croissance qui sont faibles, malgré un niveau de vie tout à fait comparable avec les pays Occidentaux. Au contraire, Canton et Shanghai ne peuvent pas justifier en soi un niveau de vie occidental avec un environnement fiscal, social et humain équivalent.

D'autres pays comme la Corée du Sud, l'Indonésie, la Malaysie qui sont des pays à fort potentiel et forte croissance connaissent aussi des crises sociales importantes et révèlent à l'étude des charges administatives et fiscales importantes.

Partir dans ces régions est surement intéressant d'un point de vue professionnel, mais vous trouverez peu d'employeurs prêts à payer un contrat d'expatrié à un candidat à la fuite de la France.

c'est toujours le pbe:

- nous avons, en théorie, un système social très protecteur (contrairement effectivement à la GB notamment ou aux USA).
- fiscalité omniprésente,..

le pbe est que basculer vers un tout libéral peut poser des pbes autres que ceux d'aujourd'hui, bcp plus graves, et creuser les fossés.

c'est d'ailleurs en marche : désengagement de la sécu, augmentation des durées d'assurance chomage,.. du coup, tout se privatise: recours aux mutuelles, assurance vieillesse..

il faut bien se rendre compte que d'une part, continuer en ce sens, c'est offrir une protection aux plus aisés. les personnes les moins aisées vont encore perdre en pouvoir d'achat car pour un salaire constant ou en légère évolution, les dépenses nécessaires à la protection sociale des gens vont s'accroitre.

Mais dans l'autre sens, c'est creuser le trou d'un système qui s'essoufle.

je pense que ce n'est pas le système qui doit changer, c'est la gestion du système. La gestion de l'assurance maladie est catastrophique par rapport aux pays nordiques notamment !!!! et on paye tout ça doublement. en principe, la fin de la GSG CRDS c'est pour 2009 non?

pour les autres pays d'europe, je ne suis pas sur qu'ils s'en sortent mieux que nous. Si le chômage est moins bas, c'est en raison du recours au travail précaire...

bon sens, je me sens une ame de syndicaliste....

Cédric a écrit :Bonjour Diane,

Vous dressez un tableau bien noir de la France mais il est si réaliste. pour ma part à la recherche d'un premier emploi (étant JD), les grandes valeurs défendues par la France me font bien rire (à part de la gueule pour faire de beaux discours, c'est tout ce que nous avons dans ce pays).

Qui plus est, ce qui dégoute c'est que certains pays de l'europe s'en sortent beaucoup mieux que nous (Angleterre, Italie, Espagne...). Je ne vais pas parler des USA ou de l'Asie qui économiquement explosent!

Pour ma part, je ne crois plus en une reprise économique de la France, durant des années, ce pays a été géré n'importe comment; lorsqu'il ya eu de la croissance, on a préféré creuser les déficits plutôt que de mettre cet argent de côté en cas de coup dur...

Bref, à part les beaux discours, la France ne vaut pas mieux. Certes beaucoup d'entre vous me trouveront critique et je suis conscient que certains pays sont dans un état pire que le notre néanmoins que l'on cesse de nous dire qu'il faut être honnête, travailleur etc... alors que l'on dévalorise sans cesse le travail.

Je me trompe peut-être, l'avenir nous le dira...

Cordialement et bon courage aux JD et autres qui sont dans le même cas que moi (à part espérer et persévérer dans nos recherches, rares sont les choix qui nous sont proposés).

Vous critiquez en bloc la gestion de la France, vous prenez pour exemple les Etats Unis, vous citez Jean Marie Messier... Je dois bien vous avouer que je suis bien en désaccord avec vous sur tous point de vue. La critique est valable quand elle est constructive.

Le système français est défectueux, certes, mais tout n'est pas de la faute à l'Etat.
Ca me fait penser à la canicule, aux inondations, aux incendies, aux tempêtes... Il est des conjonctures sur lesquelles on n'a pas prise, mais le citoyen moyen pense que c'est la faute à l'Etat (argument venant des bas instincts de l'être humain qui cherche un responsable à sa misère, et qui est d'ailleurs repris par JM lepen)

Les JD sont dans la merde, mais n'est-ce pas plus la faute à ces Messiers et autres Ernest Antoine qui nous beurrent la raie à longueur de journée? Pour ces gens là, chômage veut certes dire baisse légère de la consommation, mais veut surtout dire grande disponibilité de la main d'oeuvre très qualifiée à bon marché.

Comme Renaud, je crois que ce sont les comportements qu'il faut changer. Il faut que les patrons répondent à la crise économique par l'attaque : l'embauche de JD motivés me semble être une bonne solution pour ne pas sombrer.

Notre beau système n'est - il pas aujourd'hui victime d'abus de toutes natures ?

Le mot solidarité doit-il être synonyme d'égalitarisme ? Un exemple édifiant : aujourd'hui un chirurgien gagne certe 93 000 euros à l'année mais compte tenu des charges et autres impôts dont il doit s'acquitter et dans la mesure où il travaille 3 600 heures par an en moyenne, il est rétribué 25 euros de l'heure soit un peu moins qu'un ouvrier qualifié !

Si la génération des chirurgiens de 50 ans arrête d'opérer, il est avéré que nous serons confrontés à une crise démographique dramatique (idem que les infirmières et les internes dans certaines spécialités sinistrées), sans précédent, et qui conduira à des importations massives de chirurgiens étrangers, dont on n'aura pas eu le temps de vérifier la formation.

Autres exemples :

- dans un cabinet d'avocat les secrétaires sont fréquemment payées de 300 à 500 € de plus que les collborateurs qui eux travaillent 12 heures par jour et exercent paraît -il une noble profession !

- les cadres sont payés au forfait (souvent bien modeste au regard des responsabilités assumées et de la disponibilité demandée), autrement dit ils travaillent 45 heures payées 35 !!! Le cadre peut effectivement se prévaloir de jours de RTT. Mais concrètrement comment prendre 19 jours de RTT en plus de ses congés annuels quand vous êtes astreints à des cadences infernales et à des délais à tenir. Moralité : vous perdez vos RTT donc une partie de votre salaire ! Quand on débute dans la vie a-t-on vraiment besoin de temps libre qu'on ne pourra de toute façon pas s'octroyer ou de subsides pour réaliser ses projets ?

- les jeunes scientifiques sont souvent récompensés par des carrières médiocres voire pire par de la précarité ( cf : crise de la recherche), ils s'exilent à l'étranger pour trouver dans la mesure du possible un métier qui corresponde à leur qualification.

Personnellement je trouve cette situation démoralisante et vraiment démotivante.

Je crois qu'on a beau essayer de se consoler avec la prétendue qualité de notre protection sociale, c'est totalement illusoire.

Pour avoir fréquenté l'hôpital l'été dernier, j'ai eu un aperçu de la décrépitude de notre système de soins.

Comme vous j'aime mon pays mais je me demande ce qu'il va pouvoir offrir à mes enfants dans l'avenir. Mon conjoint qui est nord américain, est effaré voire franchement agaçé parfois et il me dit fréquemment que c'est uniquement par amour qu' il vit et travaille en France alors que les jeunes ingénieurs français qui ont son profil préfèrent s'expatrier. Franchement je ne sais pas si on doit rester ou partir, c'est un choix difficile et douloureux à faire.