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Le statut des avocats collaborateurs (non salariés) ?

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 10:59
de Technosis
Beaucoup de jeunes avocats dans mon entourage vivent des situations tout à fait inédites... Ils sont passionnés par leur métier, travaillent beaucoup (énormément) et ne comptent pas les heures...

Alors que penser du fait que certains d'entre eux :
- n'ont pas de contrat signé (car on trouve toujours une bonne raison pour repousser cette signature et puis : "on n'en est pas réduit à ça entre nous tout de même" dixit !!!);
- sont obligés de quémander tous les mois leur rétrocession laquelle leur est versée très irrégulièrement, jamais à date fixe;
- peuvent avoir une rétrocession inférieure de près de 1000 e. au tarif UJA 2ème année alors qu'ils sont en 4ème année;
- sont payés, au sein d'un même cabinet, au même montant, quelle que soit leur expérience (c'est facile à savoir : les chèque sont parfois littéralement jetés sur les bureaux, sans enveloppe, genre "tiens, voilà ta cacahouette")
- sont obligés également, car tout simplement crevés et à bout de nerfs, de quémander une pauvre petite semaine de vacances, ce qu'ils n'obtiennent pas ("les congés payés, c'est pour les fonctionnaires" dixit !!!)
- etc...

Moi je suis juriste d'entreprise, salarié, alors bien sûr je ne compare pas ces deux professions très différentes mais tout de même... je trouve tout cela parfaitement lamentable !

Que penser de ces avocats "associés" (qui sont aussi, après tout, des entrepreneurs) qui peuvent se comporter ainsi comme des esclavagistes en se réfugiant, avec beaucoup de facilité, sur les fameuses "spécificités de ce métier passionnant" ? La Loi (autrement dit le flou artistique régnant sur le statut exact des collaborateurs non salariés) leur permet-elle réellement tout cela ? Les règles propres à la profession sont t'elles également aussi floues ?

Ne faudrait il pas décidément que l'Ordre, le premier concerné, et éventuellement les pouvoirs publics s'attèlent une bonne fois pour toute à régulariser ces situations de collaborateurs soumis à des patrons qui contournent allègrement tout à la fois le droit social, la morale, et, plus simplement, les règles de bon sens les plus élémentaires ?

Qu'en pensez vous ?

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 11:13
de stephanie v
que je suis d'accord avec toi...
alors que je n'ai pas encore debute ma collab! quand on est stagiaire dans les cabinets on nous exploite et nous promet monts et merveilles des notre prestation de serment...
tous les problemes que tu as liste se retrouvent dans tous les barreaux... et au nom de la deontologie et de la confraternite, certaines personnes peuvent se croire tout permis!
le meilleur statut m'apparait etre celui d'avocat salarie mais encore faut il trouver des cabinets qui acceptent cela. ca me parait essentiel dans les grands barreaux ou la possibilite de developper une clientele perso est illusoire ( quand on est de permanence une demi journee par an si tout va bien) alors que l'on s'investit surtout pour le maitre de stage au debut...

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 11:34
de Renaud
j'ai quitté l'entreprise pour tenter l'aventure...et je me reconnais dans tout ça !!!

je suis resté 4 mois en tout et pour tout et je suis retourné en entreprise illico presto......

parfois c'est vraiement galère...d'où ma nette préférence aujourd'hui pour l'entreprise en raison, d'une part, d'un métier qui me convient mieux et de cette mauvaise expérience.

quand on réclame sa rétrocession, on dirait qu'on va demander une faveur !!

bien sur j'imagine que ça ne se passe pas comme ça partout...

Drôle de drame.....

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 15:11
de Patrice GIROUD
Les situations décrites existent surtout à PARIS....

En province, si rien n'est rose, les Ordres ont souvent "moralisé" les situations contractuelles en exigeant un contrat écrit avec mentions obligatoires et déposé à l'Ordre, des minima pour les deux premières années de stage, l'obigation de congés payés (SIC), l'obligation d'un préavis, etc....

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 15:15
de Renaud
ma situation était à Orléans...

A Renaud

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 15:18
de Patrice GIROUD
J'ai dit : "Les Ordres ont souvent ......."

Les comportements déviants existent aussi en province !

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 15:23
de Renaud
merci j'avais lu, c'était juste pour info...

Les cordonniers sont les plus mal chaussés

MessagePosté: Mar 18 Mai 2004 20:05
de Avril
J'ignore comment ça se passe dans les autres professions, mais au sein de la profession d'avocat, le statut du collaborateur libéral présente l'intérêt de montrer ce qui se passe lorsque l'on se trouve dans une zone de non-droit-social.

Je suis collaboratrice dans un cabinet d'affaires parisien qui m'a démontré à quel point le côté sur-protecteur du salarié du droit du travail est justifié. Il est dommage que des nullos et des fainéants s'en servent à leur profit, mais si on ne met pas de barrières les managers dénués de morale, de classe et d'autorité naturelle en profitent !!

Depuis que je suis esclave dans ce cabinet, je me sens l'âme d'une syndicaliste d'extrême gauche. C'est l'horreur...

J'ai l'impression de ne compter pour la société qu'en temps que cotisante. Zéro protection sociale alors que je paye pour la retraite des cheminots...

Virée, je n'ai plus aucune source de revenus alors que le cabinet nous demande de facturer 10h/jour (et certains le font !!)....Bref j'arrête, je vais m'énerver.

Re: Le statut des avocats collaborateurs (non salariés) ?

MessagePosté: Mer 19 Mai 2004 10:08
de Diane
Technosis a écrit :Beaucoup de jeunes avocats dans mon entourage vivent des situations tout à fait inédites... Ils sont passionnés par leur métier, travaillent beaucoup (énormément) et ne comptent pas les heures...

Alors que penser du fait que certains d'entre eux :
- n'ont pas de contrat signé (car on trouve toujours une bonne raison pour repousser cette signature et puis : "on n'en est pas réduit à ça entre nous tout de même" dixit !!!);
- sont obligés de quémander tous les mois leur rétrocession laquelle leur est versée très irrégulièrement, jamais à date fixe;
- peuvent avoir une rétrocession inférieure de près de 1000 e. au tarif UJA 2ème année alors qu'ils sont en 4ème année;
- sont payés, au sein d'un même cabinet, au même montant, quelle que soit leur expérience (c'est facile à savoir : les chèque sont parfois littéralement jetés sur les bureaux, sans enveloppe, genre "tiens, voilà ta cacahouette")
- sont obligés également, car tout simplement crevés et à bout de nerfs, de quémander une pauvre petite semaine de vacances, ce qu'ils n'obtiennent pas ("les congés payés, c'est pour les fonctionnaires" dixit !!!)
- etc...

Moi je suis juriste d'entreprise, salarié, alors bien sûr je ne compare pas ces deux professions très différentes mais tout de même... je trouve tout cela parfaitement lamentable !

Que penser de ces avocats "associés" (qui sont aussi, après tout, des entrepreneurs) qui peuvent se comporter ainsi comme des esclavagistes en se réfugiant, avec beaucoup de facilité, sur les fameuses "spécificités de ce métier passionnant" ? La Loi (autrement dit le flou artistique régnant sur le statut exact des collaborateurs non salariés) leur permet-elle réellement tout cela ? Les règles propres à la profession sont t'elles également aussi floues ?

Ne faudrait il pas décidément que l'Ordre, le premier concerné, et éventuellement les pouvoirs publics s'attèlent une bonne fois pour toute à régulariser ces situations de collaborateurs soumis à des patrons qui contournent allègrement tout à la fois le droit social, la morale, et, plus simplement, les règles de bon sens les plus élémentaires ?

Qu'en pensez vous ?


Moi aussi je me reconnais dans votre description réaliste de la situation du collaborateur.

J'ai quitté comme beaucoup cette profession. Aujourd'hui juriste je revis !

Re: Le statut des avocats collaborateurs (non salariés) ?

MessagePosté: Mer 19 Mai 2004 10:57
de Technosis
Diane a écrit :Moi aussi je me reconnais dans votre description réaliste de la situation du collaborateur.
J'ai quitté comme beaucoup cette profession. Aujourd'hui juriste je revis !


Cette description est en effet très réaliste car...bien réelle !!! C'est un condensé ce que vivent certains de mes amis : l'un d'entre eux cumule même l'ensemble ... et ceci, dans un beau petit cabinet parisien qui tourne très bien et dont les associés sont bien connus sur la place !!! Je rêverais de jeter les noms à la meute si cela ne risquait évidemment pas de créer des ennuis sévères à mon ami ! Alors, bien sûr, "mon cher confrère" par ci, "mon cher Maître" par là... c'est bien joli, ça fait mousser... mais quand on voit comment le cabinet est géré et, surtout, comment les collaborateurs sont considérés (ce qui n'empêche pas les compliments lobotomisants type : "vous êtes formidables")... c'est nettement moins reluisant et honorable !!!