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MessagePosté: Mar 07 Sep 2004 22:29
de Maire du Village
voici un témoignage posté en réaction à un article du journal du village, que nous reproduisons ici :

"Je suis en recherche d'emploi. Mon expérience professionnelle a commencé en entreprise, puis, j'ai exercé comme avocat, métier que je n'envisageais pas de prendre avant d'avoir connu l'entreprise. Puis j'ai raccroché la Robe pour des raisons personnelles (omission pour convenance personnelle), en fait pour travailler à nouveau en entreprise.
Aujourd'hui, l'exercice de l'une ou l'autre des professions ne me pose aucun problème. Mais, je sais que l'exercice de la profession d'avocat est totalement différente de celui d'un juriste d'entreprise. L'insubordination de l'avocat fait sa force (liberté d'argumentation, clause de conscience). Le juriste d'entreprise est un exécutant, qui certes a sa conscience et une certaine forme de liberté, mais les dirigeants ou les opérationnels ont décidé ; lui doit alors, par son savoir, accomoder ces desiderata et sa conscience.
Cela veut dire que l'on ne peut pas dire "non" comme juriste ou s'élever contre un
 e injustice flagrante que l'on pourrait voir. On travaille exclusivement dans l'intérêt d'une entreprise et le sien bien compris.
Cela ne veut pas dire qu'un avocat sache toujours dire "non" lorsqu'il a son loyer ou ses charges à payer, ni qu'il s'insurge spontanément devant toute injustice qu'il constate. Cela se saurait!!!
Mais il faut distinguer là où y a lieu de distinguer, et j'espère qu'avec ces quelques mots et mon expérience à l'appui, vous avez compris qu'un juriste est un juriste et qu'un avocat est un avocat. "

différence entre juriste d'netreprise et d'avocat

MessagePosté: Mar 21 Sep 2004 14:14
de STT
Je me permets de glisser une petite intervention en rapport avec les discussions en cours sur la fusion des profession d'avocat et de juriste d'entreprise. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi un avocat peu "migrer" en entreprise sans passer par des "examens" et qu'un juriste d'entreprise doit passer "des examens" pour devenir avocat. Certes les deux professions sont différentes et au nom de cette différence elles imposent un traitement parallèle des migrants de par et d'autre. En ce sens, un avocat avec ses réflexes d'avocat aura besoin d'un temps d'adaptation pour apprendre à "arrondir les angles" comme le fait un juriste d'entreprise et pour raisonner en termes concrets et opérationnels en fonction de la stratégie de l'entreprise et des objectifs à atteindre. Inversement, un juriste d'entreprise aura besoin de plus de rigueur en matière de rédaction d'actes et de plus de détachement et d'indépendance par rapport à ses futurs client que ce qu'il avait quand il était juriste commis pour la sele cause de son employeur. Par ailleurs, les métiers d'avocat sont très disparates: un avocat qui plaide n'a pas la même fonction qu'un avocat-conseil qui travaille dans les "big four" et qui rédige des rapports d'audit juridique à longeur de journée. Sans rejetter le mérite de l'un et de l'autre, un juriste d'entreprise devra pouvoir trouver un point de chute dans un cabinet pour occuper un poste où on a besoin des compétences qu'il avait développé en entreprise à savoir une approche pragmatique des problèmes et une capacité à comprendre ce que veulent ses clients sans les noyer et se noyer dans un dédale de principes certes importants mais parfois à la marge de la mission qui lui est demandée. L'idée développée dans un des messages comme quoi il faudrait un QCM pour juger les connaissances des juristes d'entreprise me semble une hérésie car ça met en doute leurs aptitudes professionnelles à comprendre, pratiquer et interpréter le droit. Si un "contrôle de connaissances" doit avoir lieu ce serait uniquement au niveau de la déontologie de la profession d'avocat. N'en déplaise à certains, les juristes d'entreprises développent des compétences pointues et ciblées dans certains secteurs d'activité et ouvrent les métiers juridiques à une segmentation "thématique": télécom, aéronautique, finance, banque. Les avocats demeurent malgré leur spécialisation des généralistes par rapport à certains secteurs et c'est "le Cabinet" avec les compétences multiples qui parvient à gérer l'industrie d'un client de A à Z (prop intellectuelle, corporate, etc.). En gros, si les juristes ne sont pas passés par les filtres hasardeux des examens du CFPA et du CRFPA, c'est pas pour autant qu'il ne sont pas de bons professionnels du droit et ne seront pas un jour de bons avocats. A mon avis le problème n'est pas tellement dans la nature du métier exercé par les avocats et les juristes, c'est plus un débat politique sur la "chasse gardée" de certaines professions, qui n'est pas sans rappeler le débat de la fusion des professions de notaires et de conseils en gestion de patrimoine.

A STT

MessagePosté: Mer 22 Sep 2004 17:01
de Patrice GIROUD
Merci pour votre contribution.

Pouvez-vous développer l'idée exprimée ci-dessous ?

A mon avis le problème n'est pas tellement dans la nature du métier exercé par les avocats et les juristes, c'est plus un débat politique sur la "chasse gardée" de certaines professions, qui n'est pas sans rappeler le débat de la fusion des professions de notaires et de conseils en gestion de patrimoine
.

MessagePosté: Jeu 07 Oct 2004 20:17
de louise
Je souhaite juste donner mon opinion sur ce débat.
Je suis juriste droit social au sein d'une grande entreprise de prestation de service mais je suis également titulaire du CAPA. J'ai prêté serment mais, je n'ai jamais exercé pour des raisons bassement matérielles.
J'assure le suivi de l'ensemble du contentieux devant les conseils de prud'hommes soit près de 120 dossiers en cours ,de la constitution du dossier à la plaidoirie.
Je ne pense pas qu'être titulaire du CAPA soit indispensable pour plaider ou assurer le contentieux tout au moins dans mon domaine, le droit social. Je vois souvent des délégués syndicaux aussi bons voir meilleurs que certains avocats qui font du droit social entre un divorce et une conduite en état alcoolque.
Si au cours des études de droit, vous avez fait des stages en cabinet de façon prolongée, vous pouvez plaider devant un conseil de prudhommes et en potassant un bouquin de procédure civile vous vous en sortez aussi bien qu'après 5 ans de barreau à toucher à toucher à tout .
Je ne pense pas non plus que l'année de formation au CRFPA soit déterminante pour acquérir une solide formation dans la mesure où le plus souvent elle clôt les études supéri.eures d'au moins 4 ans et que les bases, bonnes ou mauvaises, sont déjà acquises. Je la vois plutôt comme un filtre suplémiuretentaire dans la course au diplôme pour travailler.

Il est vrai que lorsque vous êtes juriste d'entreprise vous n'avez pas d'indépendance. Vous ne pouvez pas refuser un dossier comme peut le faire un avocat (ayant suffisamment de revenus et de conscience !).
Si on a décidé de licencier quelqu'un avec ou sans motif viable devant un conseil de prud'hommes, vous devez vous exécutez en essayant de donner un "vernis" le plus légal possible. La condamnation est sévère à l'issue du contentieux mais cela est pudiquement couvert par le mot "décision d'entreprise" afin de faire compredre que c'était dans l'intérêt de l'entreprise. De toutes les afçons, la condamnation est déjà provisionée avant même que la lettre de licenciement parte.
C'est la contre partie des avantages réels du salariat au sein d'une grande entreprise.

Néanmoins, il existe une tendance lourde actuellement dans les entreprises de prestation de service notamment, de substituer les avocats assurant le suivi de leur contenteux en progression constante par de juristes spécialisés en droit social. Ces derniers sont ou pas titulaires du CAPA mais toujours d'un DEA ou DESS de spécialisation. Cette tendance est purement financière dans la mesure où un juriste assurant l'ensemble du contentieux coûte moins cher qu'un avocat ou plusieurs sur toute la France, gérant 120 dossiers, même avec un forfait.
Il y a quand même un avantage réel car étant au sein de la société, le juriste connaît le mode d'organisation et peut donc rebondir facilement facilement face à des questions précises de conseillers ou d'affirmations erronées du contradicteur.

Enfin, et pour réagir à la conclusion de STT, je pense également qu'il y a un refus très fort de la part des avocats de voir leur terrain d'action réduit. Je pense que cette réaction épidermique est en grande partie due au fait que cette réforme concernerait les entreprises et donc les clients les plus intéressants financièrement parlant pour les avocats.

MessagePosté: Jeu 07 Oct 2004 20:33
de aiki
louise a écrit :Enfin, et pour réagir à la conclusion de STT, je pense également qu'il y a un refus très fort de la part des avocats de voir leur terrain d'action réduit. Je pense que cette réaction épidermique est en grande partie due au fait que cette réforme concernerait les entreprises et donc les clients les plus intéressants financièrement parlant pour les avocats.


Bonjour, n'y aurait-il pas en plus, l'idée d'un complexe de supériorité de l'avocat sur le juriste du fait du concours d'entrée au crpfa, même si de nombreux juristes possèdent le capa :?:

N'y aurait-il pas non plus le complexe de l'homme de tribunal, ténor du barreau :?:

qu'en pensez-vous ?

MessagePosté: Ven 08 Oct 2004 8:40
de Guilain
je pense qu'il ne faut pas généraliser. c'est sans doute vrai pour certains mais pas tous. Le phénomène du juriste d'entreprise chargé des contentieux prud'hommaux qu'il plaide lui même n'est pas nuveau. je l'ai fait dans une pme moyenne (1200 salariés) il y a 20 ans dans le cadre de mes fonctions RH et juridique.

MessagePosté: Ven 08 Oct 2004 8:55
de aiki
Non, bien sur qu'il ne faut pas généraliser mais ayant déjà entendu cela dans la bouche de certains.
Je me demandais si j'étais le seul :wink:

Le complexe de supériorité !

MessagePosté: Ven 08 Oct 2004 16:05
de Patrice GIROUD
Avocat depuis plus de 30 ans, je n'ai jamais ressenti quelque supériorité que ce soit sur des juristes d'entreprise avec lesquels d'ailleurs j'avais entrepris mes études !

Le débat, à mon sens, ne se situe pas à ce niveau.

Re: Le complexe de supériorité !

MessagePosté: Ven 08 Oct 2004 16:26
de aiki
John Stuart Mill a écrit :Avocat depuis plus de 30 ans, je n'ai jamais ressenti quelque supériorité que ce soit sur des juristes d'entreprise avec lesquels d'ailleurs j'avais entrepris mes études !

Le débat, à mon sens, ne se situe pas à ce niveau.


Je me doutais que vous étiez quelqu'un de bien :wink:

Néanmoins, même si effectivement il est idiot de situer le débat sur ce point, je ne faisais que rapporter ce que j'ai déjà entendu, rien de plus .

A Aîki

MessagePosté: Ven 08 Oct 2004 17:41
de Patrice GIROUD
Vous aurez bien compris que le problème n'est pas de savoir si tel ou tel est une personne de bonne compagnie ( :winkL: ) mais de passer outre à ces préliminaires consistant à se demander qui veut manger l'autre !

Si nous pouvions avancer ici dans un débat constructif en échappant justement à ces bruits de couloir, nous pourrions déjà dire que nous avons parcouru un bout du chemin !