L’étude 2013 de l’Institut de ressources humaines Florian Mantionne [1] révèle que trois CV sur quatre seraient trompeurs et que neuf candidats sur dix trouveraient normal d’arranger leur cursus.
Enjoliver son CV est devenu une pratique courante pour obtenir un emploi. Un stage rallongé d’un ou deux mois, des responsabilités un peu surévaluées, la maîtrise d’une langue étrangère survendue sont des « arrangements » fréquemment rencontrés sur un CV. Mais de la petite exagération au gros mensonge, il n’y a qu’un pas. Quels sont les mensonges que les recruteurs rencontrent bien souvent ? Quels sont les risques ?

Les raisons qui amènent les candidats à enjoliver leur CV sont essentiellement dues à la concurrence exacerbée sur un marché de l’emploi difficile, le besoin de faire ressortir des compétences requises mais aussi parce « tout le monde le fait ».
Reste toutefois à définir la frontière entre le mensonge et ce "petit" arrangement avec la vérité. Le candidat doit trouver la limite entre la nécessaire adaptation de son CV au profit d’un poste proposé et le fait d’inventer et donc de mentir.

Quels sont les mensonges les plus courants ?

 Ajout de diplôme inexistant : il s’agit probablement du mensonge le plus courant. Pourtant, il est aujourd’hui aisé pour le recruteur de vérifier ce type d’information. Consulter l’annuaire des anciens étudiants, demander l’information au service de la scolarité de l’établissement ou recourir aux services de sociétés spécialisées dans la vérification de CV sont autant de solutions possibles pour l’employeur.

 Exagération des responsabilités : les candidats n’hésitent pas à s’inventer des compétences ou des expériences pour répondre aux attentes des recruteurs. Bien souvent, ils ne font pas la différence entre la participation à un projet et le fait d’en être en charge lorsqu’ils évoquent leur parcours professionnel. Le recruteur s’apercevra rapidement de cette démesure des tâches si le candidat s’avère incohérent dans ses propos.

 Surestimation des compétences linguistiques : bilingue, trilingue, certains n’hésitent pas à surestimer leurs niveaux de langues. Attention : si le poste requiert des compétences élevées, le recruteur proposera systématiquement de continuer l’entretien dans la langue visée.

 Combler une période de « trou » d’expériences : allongement de la durée du contrat, omission des dates exactes, les méthodes pour combler des trous dans un CV ne manquent pas. Le candidat veut montrer qu’il est toujours en activité et qu’il est au fait des changements et évolutions de son domaine d’activité.

 L’absence de l’adresse du candidat : la distance entre le domicile du candidat et le lieu de travail est une donnée prise en compte par le recruteur. Les personnes habitant trop loin oublient volontairement de mentionner leur adresse. Mais, en procédant ainsi, il y a grandes chances d’éveiller les soupçons du recruteur.

 Camoufler son âge : la discrimination étant très présente dans le monde du travail, certains sont tentés de ne pas communiquer leur âge, par crainte qu’il ne leur porte préjudice. Pourtant, rien ne sert de camoufler cette information, car elle sera rapidement découverte, que ce soit grâce aux dates d’obtention des diplômes ou, tout simplement, au moment de la rencontre avec le recruteur.

Sur les risques...

Si la personne exerce une profession réglementée comme avocat ou notaire, elle est susceptible d’être poursuivie en justice pour faux et usage de faux ou exercice illégale. Pour les autres cas, la personne ne risque rien, d’un point de vue légal. En effet, selon une loi du 31 décembre 1992 et la jurisprudence actuelle, l’employeur a le devoir de vérifier les informations communiquées par le candidat. S’il ne le fait pas, c’est lui qui est en tort.

Les mensonges sur un CV sont rapidement démasqués par les recruteurs, surtout lorsqu’ils font appel à des cabinets de recrutements. Plutôt que de procéder à de telles manœuvres, il est vivement conseillé au candidat de mettre en avant ses compétences, notamment sur Internet où il dispose de tous les outils pour se mettre en valeur.

Rédaction du Village de la justice