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Legal privilege à la française 2023-2024 : 1re tentative de réforme (LOPMJ).
Parution : jeudi 14 décembre 2023
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Après les turpitudes précédentes [1], la fin de la saga du legal privilege se profilait avec l’adoption de la loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027 [2]. Le texte adopté ("petite loi") validait le principe et fixait le régime juridique de la confidentialité des consultations des juristes d’entreprise. C’était sans compter sur la censure constitutionnelle du cavalier législatif. Retrouvez ici ce que contenait le texte de la LOPMJ.

Le principe du legal privilege de l’article 49 de la loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027 est le suivant : « Les consultations juridiques rédigées par un juriste d’entreprise, ou, à sa demande et sous son contrôle, par un membre de son équipe placé sous son autorité, au profit de son employeur sont confidentielles. »

Comme l’indiquait l’exposé des motifs de l’amendement : « l’enjeu est trop important aujourd’hui pour ne pas proposer une écriture unique, parfaitement lisible de l’entier dispositif. C’est cela qui pousse le Gouvernement à déposer un amendement compilant et coordonnant de nombreuses suggestions des députés pour proposer un dispositif complet. ».

ACTUALISATION (17/11/2023) :
Le risque était connu, celui d’une censure constitutionnelle du texte en raison de la qualification d’un cavalier législatif. Tel est ce qui ressort de la décision du Conseil constitutionnel n° 2023-855 DC du 16 novembre 2023 (§142 et s.). :

« 147. Introduit en première lecture, le paragraphe IV de l’article 49 ne présente pas de lien, même indirect, avec les dispositions de l’article 19 du projet de loi initial, relatif au diplôme requis pour accéder à la profession d’avocat. Il ne présente pas non plus de lien, même indirect, avec aucune autre des dispositions qui figuraient dans le projet de loi déposé sur le bureau du Sénat.

148. Dès lors, sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les autres griefs et sans que le Conseil constitutionnel ne préjuge de la conformité du contenu de ces dispositions aux autres exigences constitutionnelles, il y a lieu de constater que, adopté selon une procédure contraire à la Constitution, le paragraphe IV de l’article 49 lui est donc contraire. »

Sur l’évolution de la réforme et les différentes prises de position, voir Legal privilege à la française : 100 fois sur le métier, remettez votre ouvrage ?

Conditions de la confidentialité

L’exposé des motifs de l’amendement précise que la « réécriture a pour but de placer la nature du document au cœur du régime de protection proposé ». Cela étant, les conditions d’application de la confidentialité ne sont pas seulement lié à l’objet ou la nature du support de l’information.

Pour mémoire, l’amendement Terlier (retiré en commission des lois) [3] précisait ce qu’il fallait entendre par « consultation juridique » : « tout écrit, quel que soit son support, y compris un document d’analyse préparatoire, portant la mention "confidentiel – consultation juridique juriste d’entreprise" et destiné exclusivement à un service ou à un organe de direction de l’entreprise d’emploi du juriste d’entreprise, ou d’une entreprise du même groupe. »

Conditions liées à l’auteur


Conditions liées au destinataire

L’employeur du juriste d’entreprise doit être le destinataire exclusif des consultations.

Le texte précise qu’il s’agit :

Conditions liées à l’acte


Périmètre de l’opposabilité

Opposabilité (voir aussi supra, les conditions (objet) liées à l’acte) :

Inopposabilité :

Levée de la confidentialité

Le texte précise le régime procédural de la confidentialité des consultations des juristes d’entreprise. Les règles (art. 58-1, IV) s’appliquent en 1re instance et en cas d’exercice des voies de recours.

Mesure d’instruction - litige civil ou commercial (art. 58-1, IV, al. 1)


L’ordonnance de référé rendue par le président du tribunal judiciaire est soumise, conformément au droit commun, à la procédure ordinaire à bref délai des articles 905 et suivants du Code de procédure civile (précisions dans l’exposé des motifs).

Visites administratives (art. 58-1, IV, al. 2)


Garanties du procès équitable

Petite loi (article 49 de la LOPMJ) accessible ici (site du Sénat). ATTENTION : nous vous rappelons que ces dispositions relatives au legal privilege à la française ne sont pas du droit positif (censure constitutionnelle).

ACTUALISATION (17/12/2023) : Une proposition de loi visant à garantir la confidentialité des consultations juridiques des juristes d’entreprise a été enregistré à la Présidence du Sénat le 17 novembre 2023 (Sénat 2023-2024, PPL n°126). Déposé par le Sénateur Louis Vogel, le texte comporte un article unique, comportant quelques ajouts, dont celui de la définition de la consultation juridique.

ACTUALISATION (21/12/2023) : Une autre proposition de loi relative à la confidentialité des consultations des juristes d’entreprise a été enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 21 décembre 2023. Le texte est porté notamment par le député Jean Terlier (texte initial ici (site de l’Assemblée nationale)).

A. Dorange Directrice juridique & associée Ogma Intelligence Article réalisé pour la Rédaction du Village de la Justice

[2Dossier législatif sur le site de l’Assemblée nationale ici ; sur le site du Sénat ici

[3[Voir ici

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