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La legaltech, secteur prometteur de la French Tech.
Parution : mardi 10 octobre 2017
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« Legaltech » est un mot qui ne cesse d’apparaître dans les actualités du monde du droit. Et pour cause : le milieu doit se moderniser, s’approprier les outils numériques, et ces technologies au service du droit ouvrent de nombreuses perspectives.
A l’occasion de la sortie de la première édition de l’ouvrage collectif « Génération French Tech », SNCF Développement et Seraphin.legal organisaient début octobre 2017 une matinée consacrée au marché de la legaltech. Si son développement est plus récent que dans d’autres secteurs, il est également l’un des plus prometteurs.

L’ouvrage recense en effet les 1000 start-up « qui feront l’économie française de demain ». Travaillant sur 12 marchés pour les dénicher, les recherches collectives ont eu pour but de déterminer « les signaux faibles qui vont permettre de repérer les entreprises à potentiel » explique Cyril Garnier, directeur général de SNCF Développement. Les trois premiers secteurs qui ressortent sont ainsi l’énergie, les réseaux sociaux, puis les services juridiques.
Si l’ouvrage contient moins de 100 entreprises du secteur, pour Cyril Garnier, « on est très clairement au début de l’histoire ». Inexistant jusqu’à récemment, il s’agit du seul marché en progression depuis trois ans : l’étude recense 52 millions d’euros levés en 2017 pour le secteur des legaltech entendu de façon large (intégrant notamment la privacy tech, la civic tech et une partie des start-up RGDP). Et une accélération est à prévoir à l’horizon 2018.

Deux causes expliquent cet engouement : d’abord, un mouvement fort d’investissement avec l’arrivée de la blockchain. C’est effectivement la technologie, avec l’intelligence artificielle, qui fascine le monde du droit, et au delà. Les promesses de sécurité accrue et de confiance dans l’exécution des obligations font naitre des projets d’application multiples dans le milieu juridique, de l’horodatage de dépôts de droit d’auteur à la décision de justice autoexécutée avec les smart contracts. DeepBlock par exemple simplifie l’intégration et l’usage de la blockchain dans tous les secteurs, privés comme publics.
Et une seconde cause va permettre un développement rapide du marché, d’après Cyril Garnier : une réglementation « qui va être favorable à un bouleversement des cartes ».

On pourrait en ajouter une troisième : la frilosité des professionnels du droit commence à diminuer. Ceux-ci admettent, doucement mais sûrement, que les legaltech seraient pour eux un avantage plus qu’une menace, et les instances commencent à s’ouvrir à leurs initiatives. Preuve en est, par exemple, la création des incubateurs par les barreaux, ou le Congrès des Notaires qui cette année a accueilli pour la première fois quatre start-up parmi les exposants. Il semble logique que moins de résistance et plus de collaboration fassent tomber certaines barrières et favorisent le développement du marché.

Au-delà de la blockchain, les différentes start-up qui sont intervenues lors de cette matinée montrent la diversité des projets qu’offrent la legaltech. Elles peuvent être tournées vers les professionnels, comme Dooxi qui souhaite « utiliser le digital pour réinventer les notaires », ou les citoyens, comme le prouve Capcollectif, plateforme d’intelligence collective utilisée pour la consultation publique de la loi Lemaire. Elles peuvent renouveler la relation client, comme le propose Jarvis, être un outil de pure pratique pour les professions du droit, comme Softlaw, Ofre ou Algonomia, ou encore aider les juristes à passer le cap de la digitalisation, comme CCMAC Transact. Et elles peuvent également permettre de répondre aux nouvelles exigences législatives, comme OneCub qui a créé un outil de portabilité de données personnelles. Le marché est aussi prometteur parce que le développement de ces outils apparaît (presque) infini.

L’enjeu pour ces jeunes arrivants, comme pour toutes les start-up, est maintenant de pouvoir se développer. C’est avec l’optique de les aider que Thomas Saint-Aubin a annoncé le lancement du nouveau site de Legal Innovation Paris, et du Legal Tech Studio, qui se veut être bientôt un « accélérateur de start-up ». Le but est de travailler « avec le meilleur des legaltech et avec ceux qui ont un esprit collaboratif », en mutualisant les technologies et les savoirs. L’aspect business est indéniable, mais les legaltech démontrent également qu’aujourd’hui, il est impératif de coopérer pour réussir.
Elles ne seraient donc pas uniquement porteuses de nouvelles technologies, mais aussi d’une nouvelle philosophie.

Prochaine étape : la 3ème édition du Village de la Legaltech, qui réunira en novembre 2018 tous les acteurs de la legaltech française.

Clarisse Andry Rédaction du Village de la Justice