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Intelligence artificielle versus Juriste : c’était l’épisode 3 des ateliers "transformation digitale".
Parution : mardi 6 mars 2018
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Nous nous sommes réunis mi-février 2018 pour le 3ème atelier de rencontre avec les acteurs de la transformation digitale organisé périodiquement pour les étudiants du DU transformation digitale du droit et Legaltech dont le Village de la Justice est partenaire.
Etait invité à venir « pitcher », Ismaël Ziani, co-fondateur d’Alinéa by Luxia (Lire son interview sur le big data et l’évolution du métier de juriste) pour aborder la question de l’intelligence artificielle dans la legaltech et son impact sur le travail du juriste.

Si, au début de l’arrivée des legaltech sur le marché du droit, le discours alarmiste annonçant la disparition des juristes en faisait trembler plus d’un, la réflexion a quelque peu évolué, reléguant cette disparition à un futur lointain mais faisant état d’une transformation du métier de juriste. Car il y a effectivement des domaines où se pose la question du rôle du juriste dans l’accomplissement de certaines tâches.

Parmi elle, la recherche et la veille juridique dans lesquelles s’est lancée Alinéa by Luxia en 2009. Précurseur dans ce domaine, ses fondateurs ont commencé leur R&D (recherche et développement) en testant en live leur solution de comparaison automatique de code sur les clients juristes d’un éditeur qui était leur premier client. Puis ils ont continué à développer leur technologie sans jamais lever de fonds. « Nous nous sommes financés avec nos clients car lever des fonds est un travail à temps plein qui se fait au détriment du développement, explique Ismaël Ziani. C’est une question de choix. Nous avons préféré développer et lancé notre premier produit en 2014 ».

Cette société, qui compte aujourd’hui 11 personnes dont 10 ingénieurs, travaille plus exactement sur la modélisation du droit et dispose du plus grand entrepôt de données d’Europe avec plus de 10 millions de documents juridiques. Sans compter que chaque jour c’est plus de 2000 nouveaux documents sous le socle européen qui entrent.

Avec autant de textes, il est impossible pour un juriste d’être à jour et efficace dans ses recherches. Mais grâce à l’intelligence artificielle (machine learning notamment) et à un algorithme ayant une capacité d’analyse à la seconde, il est possible de faire le lien entre les textes mais aussi de dégager des concepts juridiques. Car l’analyse se fait sur tout le droit positif qu’ils s’agissent de textes, de doctrine ou de jurisprudence.

Mais a-t-on encore besoin des juristes ? « Oui et non, répond le co-fondateur d’Alinéa by Luxia. Nous avons constitué un set d’apprentissage avec des relations toutes faites permettant à l’algorithme d’apprendre. Plus nous allons le faire et plus l’intelligence artificielle va faire des relations elle-même. Le juriste intervient pour valider l’existence de tel ou tel concept mais on aura de moins en moins besoin de lui ».

L’intelligence artificielle ne remplace donc pas le juriste mais une partie de son travail. Elle va par exemple grâce aux informations circulant sur les réseaux sociaux réussir à lier la doctrine au texte. Le problème des juristes est qu’ils n’écrivent pas tous de la même façon notamment quand il cite une référence juridique mais l’intelligence artificielle va reconnaître une référence juridique dans un texte quelle que soit la façon dont elle est écrite. Une fois qu’elle a appris, elle n’a donc plus besoin du juriste.
Est-ce vraiment un mal pour le juriste ? Certainement pas car l’amélioration de la veille juridique contribue à le libérer de tâches à faible valeur ajoutée pour lui permettre de se concentrer sur des missions pour lesquelles l’intelligence artificielle n’est pas encore à la hauteur.

Un atelier qui saura alimenter la réflexion des étudiants du DU qui planchent sur des projets s’inscrivant dans l’écosystème des Legal Tech...

La rencontre s’est achevée avec l’intervention d’Arthur Sauzé, élève-avocat, vainqueur du Hackathon Justice Lab avec son équipe (Legaltech : un hackathon pour participer à une meilleure administration de la justice). Une autre source d’inspiration quant à la stratégie à adopter pour respecter un cahier des charges et ensuite présenter un projet en un temps record.

Laurine Tavitian Rédaction du Village de Justice