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Portrait d’un créateur de Legaltech en Afrique, en lien avec l’écosystème français.
Parution : lundi 29 juillet 2019
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Les acteurs de la Legaltech ont parfaitement leur place dans la communauté du droit et dans nos portraits, nous avons donc fait le choix de vous présenter Dieudonné Lankoandé, qui échange en permanence avec les acteurs de la Tech française pour lancer bientôt son service au Burkina Faso. Un exemple de participant-créateur que vous pouvez croiser au salon Village de la Legaltech.
Dans le monde de la Legaltech, il n’y a guère de frontière dès qu’il y a coopération, et cet exemple nous a paru inspirant, ce d’autant plus que l’Afrique faisait justement partie de notre récent "Tour du monde de la Legaltech".

Dites-nous quelques mots sur vous...

"Je suis Dieudonné Lankoandé, né à Piéla, un beau village situé à 220 Km de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.
Dans la vie, je suis quelqu’un de sociable, entreprenant, tolérant et altruiste puisque j’aime à aider et accompagner les autres en partageant les valeurs humaines.

Je suis Founder et CEO de Fasolegal.com, la première LegalTech au Burkina Faso.

Titulaire d’une licence en droit public à l’Université de Ouagadougou, je suis attesté Juriste numérique par Seraphin.Legal en France lors de la LegalTech Lawyer Academy session estivale 2019. Je continue mes études en Master dans le domaine de la LegalTech."

Quel lien entre votre projet et la France ?

"Je suis à Marseille dans le cadre du dispositif d’accompagnement à la création d’entreprise Make the choice (un programme d’accompagnement des créateurs d’entreprise, soutenu par Synergie Family). Je participe à "The Camp", un stage d’incubation à l’entreprise innovante de Make the choice, ceci en vue de mettre en place ma startup Faso Legal.

J’ai été accueilli à Paris dans le cadre du cycle de formation Legal Tech Lawyer pendant 6 semaines. Ma formation s’articule autour de 4 axes :
- Immersion au sein de l’écosystème Legal Tech ;
- Formation et utilisation d’outils Legal Tech ;
- Participation au Bootcamp intensif de deux semaines, la Legal Tech Lawyer Academy ;
- Participation au programme Legal Tech Africa.

Mon séjour en France s’inscrit dans le cadre d’une coopération plus générale avec les
projets Arts Terra, Séraphin Legal et Synergie Family."

Quel est le concept de votre projet Faso Legal ?

"Sur notre plateforme, l’utilisateur trouvera un questionnaire intelligent pour qualifier sa demande, rechercher une information juridique, créer son entreprise conformément au droit burkinabé et au droit OHADA, générer des actes juridiques (contrats), faire une consultation en ligne, démarrer une médiation en ligne ou être mis tout simplement en relation avec un étudiant en droit ou un professionnel du droit.

L’origine du projet vient d’une situation particulière. J’étais rentré pendant 2 semaines dans mon village, et un jour j’étais au palais de justice où j’ai croisé une jeune fille toute triste qui m’a demandé où elle pouvait trouver un avocat. Elle avait perdu son père récemment, et son oncle était en train de s’accaparer tous les biens du défunt.
Elle n’avait aucune information et pour moi, en tant que juriste, c’était inadmissible. Avec mon équipe, on a réfléchi à des solutions pour pouvoir résoudre ce problème.

Aujourd’hui nous travaillons à apporter sur notre plateforme du contenu éducatif, un mode alternatif de règlements de conflits en ligne, tout type de contrats aux normes du droit interne burkinabé et du droit OHADA."

Pourquoi avoir initié cette formation et création de Legaltech en France et pas dans un pays africain ou même anglo-saxon ?

"J’ai initié ma formation en France pour 3 raisons :
- D’abord parce que le Burkina Faso est un pays de tradition romano germanique. tous nos codes sont écrits en français donc il fait parti des pays de droit francophone ;
- La France est très avancée dans le domaine de la LegalTech ; en témoignent le dynamisme et la multitude des événements faisant la promotion du droit et la nouvelle technologie. C’est plus aisé de venir apprendre ici dans les meilleures universités.
- Enfin, j’ai obtenu une bourse de 3 mois de formation en France au Cycle Legal Tech Lawyer, dans le cadre d’un partenariat entre Seraphin Legal et le projet Arts Terra.

Ensuite, je travaille en étroite collaboration avec des professionnels du droit français et nous pouvons vous apporter beaucoup aujourd’hui et à l’avenir. En plus, j’aurais besoin des cerveaux africains venus étudier en France qui veulent rentrer en Afrique, des étudiants dont les universités regorgent. J’interviendrai par la suite également avec plaisir dans les salons axés Legal Tech, pour représenter le Burkina.
En cela, je pourrais contribuer au développement socio-économique de mon pays le Burkina Faso."

En quoi votre solution est-elle innovante ?

"Il n’y a plus de limites géographiques ni de barrières linguistiques pour accéder à un juriste. On augmente le niveau de compréhension du langage et des pratiques du droit à la fois pour les individus, les entreprises mais aussi les communautés.
C’est tout à fait une technologie adaptée qui permet aux populations d’avoir accès facilement au droit via leur smartphone ou leur ordinateur. C’est un gain de temps et d’argent.
Ça peut permettre aux personnes en milieu rural d’avoir plus facilement accès à l’éducation. Grâce à notre plate-forme web, elles pourront avoir accès à un contenu éducatif et qualitatif, du contenu permettant d’apprendre et comprendre tout sur le droit, la loi et la justice.
Nous espérons lancer la "Beta officielle" en Octobre 2019."

D’autres perspectives ?

"Oui, je co-organise avec Legal Tech Africa la première édition de Burkina LegalTech Forum qui se tiendra les 5 et 6 décembre 2019 à Ouagadougou. "(NDLR : A ce sujet et sur les enjeux de la legaltech en Afrique, lire notre interview de Gibran Freitas.)

Voici en replay audio un extrait de la conférence « Pour une Legaltech ouverte » (organisée par la société Jarvis Legal), qui s’est tenue lors du Village de la Legaltech 2018. Vous y entendrez le témoignage passionnant de Maître Mamadou Konaté, Ancien Ministre de la Justice de la République du Mali et Avocat à la Cour, qui explique en quoi les Legaltech peuvent répondre à la nécessité d’améliorer le fonctionnement de la Justice en Afrique.
L’Afrique est d’ailleurs l’invitée du Village de la Legaltech 2019.

Rédaction du village