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Pourquoi les juristes ne devraient plus faire leur CV comme avant.
Parution : mardi 1er octobre 2019
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https://www.village-justice.com/articles/encore-sens-lequel-pour-les-candidats-droit,32478.html
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En 2014 l’un de nos auteurs réguliers, William Cargill, coach en carrière, publiait sur Le Village de la Justice un article intitulé "Un CV sans avenir..." 5 ans après nous imaginions que le CV serait bien mort. Pas si sûr... mais il a évolué !
Nous sommes donc allés échanger avec Charlotte de Vogüé et William Cargill, tous deux coachs et fins connaisseurs de l’accompagnement des candidats en recherche d’évolution de carrière.

"Pourquoi, dans un monde en mutation profonde et accélérée, le CV serait-il nécessairement épargné de toute évolution ?" interrogeait l’article précédemment cité. Le sujet est toujours d’actualité et à l’heure d’un "marché de candidats" (c’est-à-dire qu’en moyenne les candidats ont l’avantage sur les recruteurs et davantage de choix), tout candidat doit se poser la question de son CV et des alternatives possibles.... et les recruteurs se poser les questions-miroirs, "Ai-je encore besoin de CV, et du quel ?".

Pour Charlotte de Vogüé, "le CV a encore une utilité dans la mesure où il raconte la cohérence d’un parcours professionnel, énonce les compétences spécifiques du candidat et formalise par là même sa valeur ajoutée.
Il s’agit d’être capable de parler de son parcours, de ce qui a conduit à faire des choix, de savoir présenter son projet et qui l’on est. C’est un point de départ, un outil qui servira de support notamment pour « réseauter »."

Charlotte de Vogue et William Cargill nous aident à y voir plus clair sur les nouveaux CVs...

Le CV est-il un appui utile du réseautage, qui est devenu -particulièrement dans le monde du droit- un accès fréquent aux évolutions de carrière ?

"Réseauter n’a de sens que si le projet est clair et le CV efficace."

Aujourd’hui 80% des postes sont pourvus via le réseau" confirme Charlotte de Vogüé. "Savoir quels postes se libèrent, avoir la bonne information et contacter les personnes à même de nous aider à évoluer dans le monde professionnel est clef. Une part importante du travail réside dans la capacité du candidat à identifier les bonnes personnes. Toutefois réseauter n’a de sens que si (et une fois que !) le projet est clair et le CV efficace..."

Selon William Cargill, "Le CV reste encore à ce jour un élément incontournable des candidatures. En revanche, la bascule évoquée dans l’article précédent est en train de se faire : le profil Linked In est lui aussi devenu incontournable. Tant pour être repéré et contacté par les recruteurs que pour être consulté par ceux-ci lorsque le candidat postule en direct ou répond à une annonce."

La forme a-t-elle évolué ?

"Puisqu’encore incontournable, le CV se doit d’être travaillé" préconise William Cargill. Notamment pour être parfaitement cohérent avec le profil Linked In. La plupart des candidats indiquent d’ailleurs l’URL de leur profil Linked In sur leur CV."
De fait si l’on parlait il y a quelques années de "googliser" les candidats à réception de leur CV pour en savoir plus sur eux, la pratique courante est désormais de "linkediniser" [1] pour découvrir leurs activités, réseaux, recommandations...

"Le CV doit surtout remplir sa fonction première, comme un « prospectus », à savoir « vendre » le candidat et donner envie de le rencontrer. Il ne doit donc pas ressembler à une « notice technique » qui donnerait beaucoup d’informations mais ne mettrait pas en valeur le candidat.

"A l’heure du legal design, la présentation devient un sujet à considérer avec attention..."

A l’heure du legal design, la présentation devient un sujet à considérer avec attention. Il peut être judicieux de travailler la forme du CV. Attention toutefois à ne pas aller trop loin : un CV d’un juriste ne doit pas ressembler à celui d’un graphiste ou d’un web designer."

Comment valoriser les softskills dans un CV ? [2]

"Pour valoriser les softskills," préconise William Cargill, "un bon moyen consiste à structurer le CV en ayant, en haut de la page, une rubrique du type « principales compétences » avec deux colonnes : une pour les compétences hardskills (domaines du droit et secteurs maîtrisés) et l’autre pour les softskills (management, adaptabilité, organisation…

"Le meilleur moyen de valoriser les softskills, ce sont les recommandations sur le profil Linked In."

Pour ma part, je pense que le meilleur moyen de valoriser les softskills, ce sont les recommandations sur le profil Linked In. Elles sont très adaptées car elles évoquent les softskills de la personne de manière très concrètes et non déclaratives (comme sur le CV). Autre avantage des recommandations : cela vient des autres et pas de soi.
Un conseil pour les recommandations : veillez à faire témoigner des personnes variées (clients, collègues, supérieurs hiérarchiques, prestataires, fournisseurs, etc).

Ceci étant dit, dans un marché de candidats, je serais tenté de conclure en disant que c’est surtout aux employeurs et recruteurs de soigner leurs annonces et leur accueil du candidat plus qu’à ce dernier de soigner son CV. Ceux-ci ont, en revanche intérêt à mieux soigner leur identité numérique…"

Est-on soi-même le mieux placé pour faire évoluer sa carrière et apprendre à évoluer dans de nouveaux postes ?

"Le candidat est le mieux placé pour faire évoluer sa carrière dans la mesure où il est l’acteur principal du changement et de sa progression. Et en même temps, savoir s’appuyer sur les autres, leur expertise, leur regard, leur expérience est un levier d’évolution important." estime Charlotte de Vogüé.

"Une partie de l’activité de coach consiste à accompagner les cadres et dirigeants dans des moments d’évolution ou de transition de carrière. Il va de soi que dans ces périodes de questionnement, donner à la fois un cadre à sa réflexion et bénéficier d’un regard professionnel extérieur fait une différence notable. Cela donne des outils, accélère la réflexion, rythme cette période de flou et permet d’atteindre ses objectifs.

Par ailleurs, l’évolution de carrière se travaille dans la mesure où nous avons parfois besoin de faire évoluer notre regard et nos comportements pour dépasser certains obstacles. Prendre conscience de ses sources de motivation, de ses ressources et de ses valeurs est souvent difficile à faire seul, mais cela s’apprend et permet ensuite de développer sa carrière de manière cohérente et d’avoir un projet professionnel porteur de sens. Avoir un mentor est aussi formidable levier de progression et une manière de cheminer".

Focus Sofkills :
Visuellement sur un CV ou un profil Linked In, comment valoriser ses Attitudes comportementales ou softkills ?

Un exemple (fictif) d’Open Badge d’un participant à un cycle de conférences.
Le salon Village de la Legaltech de novembre 2019 permettra à nombre de participants de collecter ce type de badges, dans le cadre du programme "Open Law Badges".

Une piste pourrait bien être, au-delà de les indiquer, de commencer à s’intéresser aux Open Badges, des insignes numériques qui vous sont attribué en fonction de vos activités, ou participations à des évènements qui contribuent à votre formation tout au long de votre vie.

Exemple (fictif pour le moment), le badge ci-contre peut être attribué à tous les participants d’une conférence sur le Legal Design et sa mise en place, lors du Salon Village de la Legaltech. Ces fichiers images contiennent des "meta-données", qui permettent d’identifier le porteur (que cela soit par l’insertion de son nom, de son prénom, de son adresse courriel), d’indiquer les conditions réalisées pour que le badge soit décerné ("A suivi le cycle de conférences" par exemple), la durée de validité du badge...

Cette "image intelligente" peut être indiquée sur un CV papier mais surtout numérique, un profil sur les réseaux sociaux (section Certifications de Linked In par exemple), une signature d’email ou une page web.

Rédaction du village

[1Pardon pour ces affreux néologismes !

[2Attitudes comportementales. Lire à ce sujet "Enquête au pays des soft skills : quels enjeux pour le monde juridique ?".

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