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Une plateforme de consultation professionnelle ? Pour les métiers du droit aussi !
Parution : jeudi 1er octobre 2020
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Les plateformes de consultation citoyenne ont depuis quelques années pris corps ; l’outil internet étant la clé d’accès pour tous à un outil qui promet de donner la parole à chacun. Utilisés par les partis politiques, mais aussi et avant tout par les collectifs de toutes sortes et même par le Gouvernement, ce nouvel outil descend désormais au niveau des professionnels.
Premiers exemples et perspectives pour les avocats et directions juridiques.

C’est ce que l’on appelle parfois les "civic tech", les technologies au service de la participation citoyenne. Vous en avez forcément entendu parlé à l’occasion de précédentes élections américaines, ou de consultations lancées par le Gouvernement pour recueillir les avis plus largement qu’en rencontrant quelques personnalités ou groupes organisés [1].

Il y a dans cette démarche un souhait d’ouvrir les perspectives, de remonter des idées, d’évaluer les tendances aussi, de faire adhérer plus largement pour mieux faire accepter des décisions sans doute, et même si on peut avoir parfois un léger doute sur la démarche... quoi qu’il en soit le fait de "donner la parole", énoncé de façon brute, va dans un sens positif.

Les acteurs, proposant des solutions à la fois technologiques et d’accompagnement, sont désormais nombreux, privés mais aussi publics, avec par exemple le service du Gouvernement mené par la structure Etalab, qui propose une plateforme de l’Etat dédiée à la participation citoyenne sur de multiples sujets, recueillant des contributions très largement et mises à disposition des collectivités. On l’a compris, il ne s’agit plus de sondage, de vote, mais bien de construction collaborative - même si in fine quelqu’un doit arbitrer, décider, faire appliquer.

Au niveau de la Justice et du Droit, c’est un mouvement encore rare (probablement car très technique), mais cela pourrait changer car consulter ses confrères ou les autres services de l’entreprise est une démarche qui mérite de l’intérêt.

De fait, le modèle de la consultation citoyenne propose deux avantages dont les métiers du droit vont se saisir :

- L’utilisation d’une plateforme numérique permet l’engagement de milliers de personnes, tout à fait adapté à une vaste population, la Justice nous concernant tous... Mais à un moindre niveau, une organisation professionnelle peut tout à fait s’en saisir, comme nous le verrons plus loin.
Recueillir l’avis ou la participation à distance est un impératif dès que l’on dépasse la centaine de participants professionnels visés, mais aussi quand une population est "éclatée", très occupée ; c’est le cas des avocats, des juristes, notaires...

- Une plateforme de consultation peut aussi permettre de créer un outil centralisateur dans l’entreprise. Par exemple lorsque celle-ci comporte plusieurs établissements séparés, ou dispose de nombreux collaborateurs, que l’on pourrait aller consulter "depuis la Direction juridique" par exemple, à destination des Directions commerciales, informatique, financière... Pourquoi cette forme de "démocratie participative" ne serait-elle pas adaptée à l’entreprise, que l’on pousse à devenir plus collaborative, plus "horizontale" ? Voyons cela comme un acte de communication ou/et de co-construction.

Deux exemples.

- Plateforme AGORA : l’Ordre des avocats de Paris donne la parole à ses 30 000 avocats, du 30 septembre au 6 novembre 2020 :
L’Ordre des Avocats de Paris propose à l’ensemble des avocats parisiens et étudiants à l’EFB une grande consultation pour enclencher une dynamique de réflexion et de partage autour des difficultés actuelles et de l’avenir de la profession.
Cette campagne doit permettre aux avocats de partager leurs préoccupations mais également d’avancer des idées plus prospectives sur la mission d’avocat, ses moyens, son développement ou encore son rapport à l’Ordre, autour des cinq thématiques suivantes :
- La reprise d’activité - L’entrepreunariat - Le quotidien de l’avocat - La vie ordinale - Le système judiciaire.
L’accès est envoyé directement à chaque avocat et élève-avocat.

La plateforme de consultation du Barreau de Paris

Olivier Cousi et Nathalie Roret (Bâtonnier et Vice-Bâtonnier) estiment ainsi que « notre profession est en pleine mutation. Les défis à venir sont immenses. Nous ne pourrons aborder ce tournant professionnel dans de bonnes conditions qu’en associant l’ensemble des avocats du barreau de Paris à cette réflexion prospective ».

- Une expérience en vidéo du Village de la justice, menée pendant le confinement :

La consultation peut se faire depuis un lien web et une plateforme très accessible, pour envoyer une vidéo courte de témoignage depuis un smartphone ou une webcam.

La consultation se fait souvent sous forme écrite, mais rien n’empêche de rendre plus accessible encore la collecte d’avis par le biais d’un smartphone et en vidéo !
Lors du confinement, le Village de la justice a ainsi testé la plateforme O’Citoyen pour sa chronique "#Confinement de juristes... Témoignages", et a pu ainsi recueillir des témoignages très spontanés directement avec le smartphone de ses lecteurs... comme ici avec le témoignage de Catherine Lesage, Huissier ou celui de Charlotte, étudiante en droit. Un format accessible, dans l’air du temps, certes moins facile à exploiter mais très vivant et qui permet "d’humaniser" les témoignages et contributions.

Tout reste à inventer, mais il est évident que les élections professionnelles par exemple ne suffisent plus à être un moment de démocratie participative (très faible taux de vote en général et peu de remontées), et que plus globalement, donner la parole amène à réfléchir sur les processus d’engagement et de collaboration...

Rédaction du village

[1Tels les syndicats ou associations.