Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Découvrir / Exposition) : Jean Zuber « Signes, cosmogonie détournée », au Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun dans l’Indre.
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
- Jean Zuber « Signes, cosmogonie détournée » © JLRF
Au sein d’un ensemble architectural alliant bâtiments anciens et modernes, les collections écléctiques, entre histoire et modernité, du musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun, dans l’Indre, sont surprenantes et méritent un détour.
- Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun – vue aérienne © photographe Yan Defrasne
Le plus ancien hôtel-Dieu construit en Berry, recèle en effet quelques trésors, parmi lesquels, une figure du Dieu Mithra datant de l’époque gallo-romaine. C’est l’une des très rares représentations de la naissance de ce dieu qui s’est créé lui-même à partir de la roche ; mais aussi, deux monumentaux arbres en pierre l’un de Jessé, l’autre de Melchisédech, datants probablement de la fin du XVe siècle, une incroyable apothicairerie, l’une des plus anciennes et des plus complètes de France avec des pots des XVIIe et XVIIIe siècle, le plus ancien clavecin français signé et daté de 1648, une collection océanienne, des missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun, la deuxième de France par son importance.
Un article plus complet sera consacré au Musée proprement-dit, dans le Liberalis qui paraît en mars.
Intéressons-nous aujourd’hui à l’exposition temporaire actuelle, tout aussi étonnante, qui est consacrée au peintre, sculpteur, franco-suisse, Jean Zuber, né en 1943, décédé en 2019 à Grez-sur-Loing en Seine et Marne, à l’âge de 76 ans.
- Carnets de dessins de Jean Zuber suite à ses voyages © JLRF
Quand on pénètre dans l’univers de Jean Zuber, on y entre en ligne droite, on serpente et on en sort tout en courbes, ses études d’architecte auront laissé visiblement quelques traces. Sa peinture abstraite, épurée, composée de formes géométriques, de lignes, de signes et de symboles, nous montre le parcours d’un homme ayant fait de sa vie un voyage en peinture.
Il y a probablement plusieurs Jean Zuber, le peintre classique, architecte de tableaux structurés, de l’autre le peintre primitif, revivant l’invention des premiers signes, des premières couleurs, un humain dans l’étonnement de ses sensations.
« Ce qui importe est de faire surgir l’essentiel dans une géométrie mentale qui va de l’image à l’architecture, en passant par une symbolique consacrée à une conception de l’univers. Une représentation graphique de la pensée. Le tableau devient un moyen d’exister, d’avoir une identité différente, et d’être peut-être une part de cet univers. Certaines de mes peintures sont comme des calendriers, scandant des événements, des actes, des choses non disposées, selon un rythme et des espaces métapsychiques. Peindre, c’est ranger la vie dans un coin de sa conscience, afin de la réduire à sa plus simple expression. » Jean Zuber 2011
- Jean Zuber « Signes, cosmogonie détournée » © JLRF
Pascal Gabert, galeriste parisien de la rue du Perche, qui a beaucoup travaillé avec lui, parle de « vibration » , mettant en avant les différentes couches de peinture à l’huile qui se superposent sur chaque œuvre.
Ses rencontres peuplent son œuvre, et son inspiration puisée dans les rituels et objets des cultures extra-occidentales est fondamentale à son travail, avec comme idée de fond de jeter des ponts avec les différentes cultures. Jean Zuber découvre tout au long de sa destinée les pays du monde entier, la Suède, l’Italie, l’Arizona au pays des Hopi, le Mali en pays Dogon, Madagascar, les peuplades aborigènes d’Océanie, l’Inde ou le Mexique par exemple. Il en rapportera une collection d’arts premiers remarquable, objets de culte, créations textiles…
- Mme Solange Gaulier-Zuber devant une œuvre de son époux © JLRF
L’exposition réalisée grâce à l’implication de Mme Solange Gaulier-Zuber son épouse, qui nous a guidé dans sa visite, est présentée dans les salles de la grande nef du Musée de l’Hospice Saint-Roch et au cabinet des arts graphiques. L’ensemble des œuvres est issu de collections privées.
- Jean Zuber « Signes, cosmogonie détournée » © JLRF
Jean Zuber « Signes, cosmogonie détournée », jusqu’au 20 mai 2024
Musée de l’Hospice Saint-Roch, rue de l’Hospice Saint-Roch, 36100 Issoudun
Informations : www.museeissoudun.tv