Tout est parti de notre intérêt pour l’ouvrage de l’avocat Jean-Pierre Mignard intitulé : "Lettre aux jeunes avocats". Contact est donc pris avec la maison d’édition pour en prendre connaissance. S’ensuit l’envoi, non pas d’un livre, mais de cinq essais dont les titres quelque peu provocateurs et les thématiques nous ont interpellés, tout comme la collection à laquelle ils appartiennent.
La Collection Mercuriales (éditions dialogues) dirigée par Jean-Jacques Urvoas s’inspire des actions du Chancelier Henri-François d’Aguesseau (1668-1751) [1] qui consacra sa vie à veiller à l’exacte administration de la Justice et à en corriger les imperfections. De 1698 à 1715, il prononça 19 harangues sur l’état de l’institution judiciaire, nommées Mercuriales [2]. D’où le nom de cette collection, qui par les différents écrits qu’elle publie souhaite poursuivre ce travail de réflexion sur la façon d’améliorer le fonctionnement des institutions judiciaires en partant des constats que font quotidiennement les professionnels du droit sur le terrain.
Voici brièvement présentés ces ouvrages (du plus récent au plus ancien) :
- "Beaucoup de Droit, pas assez de juristes !" de Pierre Berlioz, professeur de Droit privé (mars 2025).
Pierre Berlioz commence son livre en déroulant la thèse que le peuple français manque de culture du droit. Et cette absence de culture explique la défiance souvent exprimée à l’égard de la Justice et le doute qui ronge les professionnels juridiques eux-mêmes les empêchant de se projeter sereinement dans le monde du Droit du XXIe siècle. La lecture de cet ouvrage incite à la réflexion de créer une nation de droit pour mieux répondre et réagir aux transformations de notre société.
La rédaction du Village de la Justice vous en parle ici.
- “L’indépendance des magistrats” de Fabrice Hourquebie, professeur agrégé de Droit public (août 2024).
La notion de l’indépendance des magistrats pourrait être assimilée à un marronnier médiatique, tant le sujet est régulièrement évoqué. Au gré des affaires judiciaires, des échéances politiques, cette indépendance est remise en question par certains, ardemment défendue par d’autres... au final souvent questionnée. Dans cet essai, Fabrice Hourquebie, rappelle les fondements de cette indépendance et ses incidences.
- "À armes inégales, face au juge le policier est-il un citoyen comme les autres ?" de Vincent Brengarth, avocat (mai 2024).
Vincent Brengarth consacre une partie de son activité professionnelle à la défense des victimes de "violences policières". La thématique abordée dans cet essai est d’importance, car d’actualité et souvent clivante. L’auteur souhaite, ici, initier un débat et faire des propositions d’amélioration de la prise en charge en droit des policiers, de la procédure à mettre en œuvre en cas de procédure judiciaire à l’encontre de l’un d’entre eux.
- "Réformer la justice de l’asile" de Raphaël Maurel, maître de conférence (avril 2024).
Ancien juge nommé par le Conseil d’État à la Cour nationale du droit d’asile, l’auteur a pu pendant 3 ans vivre au coeur de cette institution et en observer le fonctionnement. Cet essai est donc l’occasion pour lui de nous proposer une analyse de cette juridiction trop peu connue, de ses enjeux, défis et propositions de réformes.
- "Prescription et justice pénale" de Jean Danet, avocat honoraire (mars 2024).
Face à une volonté de certain de supprimer tout simplement la prescription en matière pénale, cet essai revient à juste titre sur la notion de prescription, sur son fondement, les évolutions légales qu’elle a connu, sur les risques d’une justice pénale éternelle qui n’entrainerait pas forcément un progrès pour les victimes. Jean Danet, évoque aussi d’autres pistes que la suppression de la prescription pour répondre aux attentes, besoins des victimes et de la société.
- “La Justice en question” de Bertrand Mathieu, professeur émérite (publié en 2024).
Dans cet essai, sont abordées trois questions : l’impartialité des magistrats et le syndicalisme judiciaire ; l’indépendance de la Justice et le statut du parquet ; la responsabilité des magistrats comme contrepartie de leurs pouvoirs.
L’auteur propose un certain nombre de changements législatifs visant à améliorer les relations entre Justice et Politique.
- “Elle l’a bien cherché” de Gwenola Joly-Coz, Magistrate (publié en 2023).
Présidente de la cour d’appel de Poitiers, Gwenola Joly-Coz, retrace ici l’histoire de la justice et la lutte contre les violences faites aux femmes sur 20 ans (2003-2023) et rend compte des évolutions majeures qu’a connu la justice française en la matière. On y parle de la déontologie des juges. On s’interroge de savoir si l’indépendance de ces derniers est synonyme d’isolement ? Si l’impartialité est confondue avec l’indifférence ? Si l’obligation de réserve est une assignation au silence ? On revient également sur les notions comme celle du féminicide, du consentement...
- “L’affaire d’Outreau une terreur judiciaire” de Stéphane Cantéro, magistrat (publié en 2023).
Dernier avocat général de ce dossier, avec objectivité, Stéphane Cantéro apporte son témoignage sur la mécanique qui a abouti à l’incarcération d’innocents. C’est aussi l’occasion pour lui d’ouvrir une réflexion pour éviter qu’une telle erreur judiciaire ne se reproduise.
- “Lettre aux jeunes avocats” de Jean-Pierre Mignard, avocat, avec la collaboration de Imrane Ghermi, avocat (publié en 2023).
Loin de la classique "distribution" de conseils, il est ici question d’envisager les faits qui vont changer le métier d’avocat, tels la place de l’IA, le dilemme de la spécialisation, la relation aux juges, le poids de l’argent. Dans un style enthousiaste, les anecdotes côtoient le raisonnement juridique.
- “Une si puissante Justice” de Jean-Eric Schoettl, Conseiller d’État honoraire (publié en 2023).
Ici, l’auteur se livre à une réflexion critique sur la fonction de juge, qui selon lui, transforme par ses décisions le fonctionnement de notre Démocratie, et ce, du fait de la montée en puissance des cours suprêmes siégeant à Paris, Luxembourg ou Bruxelles. Au-delà d’une mise en garde, l’auteur propose des solutions pour restaurer la juste séparation des pouvoirs.
Un ensemble de livres qui se lisent vite et bien, que l’on peut emmener partout et qui nous enrichissent. Des livres à lire et à faire vivre.
Ils sont tous au prix de 6,90 euros, accessibles dans toutes les librairies ou auprès des Éditions dialogues.