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(Art / Exposition) : La destinée unique de T’ang Haywen, artiste moderne et singulier de l’après-guerre : « Un peintre chinois à Paris (1927-1991) » au Musée Guimet à Paris.
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
T’ang Haywen, l’un des artistes chinois les plus discrets du Paris d’après-guerre, investit le Musée Guimet, pour une exposition exceptionnelle qui dévoile son immense talent.
Né en 1927 en Chine, T’ang Haywen émigre à Paris en 1948 pour échapper aux contraintes familiales et nourrir son aspiration artistique. Bien qu’il n’ait jamais suivi de formation formelle en peinture occidentale, il a bénéficié d’un apprentissage approfondi à la calligraphie, notamment auprès de son grand-père au Vietnam, ce qui se reflète particulièrement dans ses encres sur papier ou carton. En s’inscrivant aux cours de dessin de l’Académie de la Grande Chaumière, il rejoint rapidement le cercle des "artistes chinois de l’étranger", aux côtés de Zao Wou-Ki (1920-2013) et Chu Teh-Chun (1920-2014). Pour T’ang Haywen, Paris représente un objectif : celui de son émancipation. Il découvre une ville qui bouillonne d’énergie créative.
- Sans titre, 1988, encre sur papier Arches, MA 13252 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024
Autodidacte, il évolue, principalement mû par un esprit de liberté, tant dans sa carrière artistique que sa vie personnelle. Dans son processus créatif, T’ang Haywen puise son inspiration dans les maîtres occidentaux et s’inspire parfois de leurs compositions, tout en préservant la spontanéité et la profondeur caractéristiques des individualistes chinois du XVIIe siècle. À l’affût de nouvelles formes d’expression telles que les impressionnistes, il veut les fixer sur le papier et les transmettre aussi vite qu’elles lui apparaissent en utilisant certaines des conventions classiques de la peinture chinoise, mais avec son propre style, empreint de son talent de calligraphe excentrique.
- Sans titre, 1955-1960, gouache sur papier Annonay, MA 13349 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024
Ses carnets de dessin révèlent qu’il visite régulièrement les musées parisiens, dont le musée Guimet, et qu’il s’inspire de la ville dans des paysages urbains croqués rapidement au stylo à bille. Lettré moderne, insatiable curieux des arts et cultures de l’Occident, il trouve à Paris sa vocation de peintre. Adepte de la philosophie taoïste enseignée par son grand-père, il y vit libre des contraintes matérielles ou sociales.
- Sans titre, 1965, aquarelle, gouache et encre sur carton Kyro, MA 13413 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024
Malgré sa discrétion, l’artiste T’ang Haywen émerge progressivement comme une figure emblématique de la création contemporaine et de la modernité chinoise. De son vivant, il expose dans de multiples galeries d’art en France et à l’étranger, ainsi qu’au Centre Pompidou en 1989. Il bénéficie à partir de la fin des années 1990 d’une reconnaissance internationale.
S’il était un grand voyageur, il fit de la France sa terre d’élection, et de l’art occidental une puissante source d’inspiration, tout en restant profondément chinois ; une dualité qui l’habita pendant toute sa vie d’artiste.
- Carte de vœux, 1955-1960, encre sur papier, MA 13395 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024
À travers une sélection minutieuse d’une centaine d’œuvres issues de l’exceptionnelle donation de 202 œuvres et environ 400 pièces d’archives personnelles au musée Guimet en 2022, l’exposition présente un panorama des grandes étapes de la carrière du peintre, ainsi que les facettes de son travail qui recherchait, selon ses propres mots, « une peinture idéale, unissant le monde visible et le monde de la pensée ».
Tout un programme !
« Un peintre chinois à Paris (1927-1991) »
du 6 mars jusqu’au 17 juin 2024
Musée national des arts asiatiques – Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16 , Métros : Iéna (ligne 9), Boissière (ligne 6)
Informations : www.guimet.fr
Photo en logo : Sans titre, 1985, encre sur papier Arches, MA 13267 © T’ang Haywen Archives © T’ang Haywen / ADAGP, Paris, 2024