Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner » , « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
- Château de Chaumont-sur-Loire
(Découvrir / Art & Jardin) : La 31e édition du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire se déroule jusqu’au 5 novembre.
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
Château de la Renaissance, écuries considérées comme les plus luxueuses d’Europe au XIXème siècle, et un parc où la nature nous invite au dépaysement, tel est le théâtre d’un laboratoire à ciel ouvert, le Festival international des jardins créé en 1992 et qui s’intéresse, cette année, au jardin résilient.
Dans son écrin de verdure et d’architecture dominant le fleuve, le superbe Domaine de Chaumont-sur-Loire se trouve au cœur des paysages culturels du Val de Loire inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Centre culturel de rencontre, Centre d’Arts et de Nature depuis 2008, le Domaine de Chaumont-sur-Loire est un lieu à part dans le milieu de l’art et des jardins. En effet, sa triple identité patrimoniale, artistique et « jardinistique » en fait un lieu singulier, offrant au visiteur une expérience culturelle globale.
Le Domaine de Chaumont-sur-Loire est un lieu atypique, sorte « d’utopie artistique », multidisciplinaire et multisensorielle, avec une programmation exigeante autour de laquelle des publics différents, de tous pays et de toutes générations, experts et non experts, se retrouvent et se croisent sans s’exclure.
- La petite serre
- La petite serre
- L’arbre de vie
L’année est ponctuée par trois événements majeurs : la Saison d’art et le Festival International des Jardins marquent le printemps et l’été, tandis que rendez-vous est donné à la photographie pour l’hiver, avec les expositions de Chaumont Photo-sur-Loire.
Certaines œuvres disparaissent et d’autres demeurent. S’il se renouvelle, chaque année, avec une quinzaine d’artistes et plasticiens invités, dans le cadre de la Saison d’art, et près de trente jardins éphémères conçus pour le Festival International des Jardins, le Domaine de Chaumont-sur-Loire jouant sur toutes les temporalités, s’inscrit aussi dans le temps long de son histoire.
- Nid d’Humain
Dérèglement climatique, dégradation du monde vivant, telles sont les nouvelles données auxquelles les zones naguère tempérées du globe sont désormais confrontées. Fragilité, déséquilibre, incertitude sont aujourd’hui au cœur des préoccupations et impliquent pour chacun d’entre nous la nécessité de s’adapter à un climat qui change, en minimisant les effets délétères de températures élevées, en repensant nos comportements, en luttant contre les îlots de chaleur, en utilisant des solutions nouvelles ou traditionnelles, face à la raréfaction de l’ombre et de l’eau.
Sobriété, autosuffisance grâce à la permaculture, aux forêts comestibles, aux corridors verts... tout est à mettre en œuvre pour renforcer la résilience de nos jardins, pour anticiper, agir, rebondir, réduire les vulnérabilités.
- Le jardin africain
- Le jardin méditerranéen
Les concepteurs invités dans le cadre de l’édition 2023 ont su proposer des projets tentant d’ouvrir des pistes permettant au jardin, condensé de vie et de biodiversité, de résister aux outrances de l’Anthropocène.
Dans ce jardin résilient à inventer, à cultiver, toutes les contraintes de notre temps ont été envisagées et de belles solutions proposées par les paysagistes, qui ont su faire de leur parcelle un concentré d’imagination, de savoirs et de savoir-faire, pour y renforcer la présence des végétaux…
S’ils évoquent les « Cendres fertiles », après un incendie et la reconstruction possible, après la catastrophe, les concepteurs des jardins du concours ont créé des tableaux et des jardins très divers. Ils ont mis en valeur les capacités de régénérescence de la nature, quand elle est subtilement accompagnée par l’homme.
C’est ainsi qu’on peut voir, dans cette édition, des berges asséchées de rivières, manquant d’eau, des sols craquelés sous l’effet de la chaleur, des lieux confrontés au double défi de la résistance aux incendies et de l’adaptation aux inondations.
Mais on peut aussi contempler des jardins « Kintsugi », où le végétal vient à réparer les blessures du sol. On observe la puissance d’une brèche humide et verte (Brèche) et la possibilité de recréation d’un milieu favorisant les alliances inter-espèces, avec des expérimentations syntropiques.
On emprunte des corridors végétaux, dont l’ombre douce rafraîchit le visiteur. On explore des systèmes ancestraux et ingénieux d’irrigation, « Le Jardin de Tuiles ». On pénètre dans une forêt sacrée (Devrai - a sacred forest), où l’ombre et la fraîcheur apaisent les esprits.
On est en présence d’espèces d’arbres résistantes, comme les chênes considérés comme l’arbre du futur, « Le jardin des chênes », des jardins supportant le sel lié à la montée des eaux maritimes , « Le Chant du Sel », des plantes résistant à la fois au gel et à la chaleur, des réservoirs de biodiversité et de vie pour la faune et la flore, des îlots de fraîcheur, des microclimats, des jardins s’inspirant de techniques animales, « De derrière les fagots » et des comportements vertueux.
Et l’on redécouvre de nouvelles techniques comme l’électroculture, « L’alliance des courants », qui capte l’énergie atmosphérique et dynamise les racines des plantes.
À ces expériences de résilience proposées par les participants au concours, s’ajoute de passionnantes propositions faites par les invités du Domaine. C’est ainsi qu’a été conçu un « Jardin du Verstohlen » par la philosophe Cynthia Fleury et le designer Antoine Fenoglio. Le paysagiste belge Bas Smets a, quant à lui, imaginé « La forêt du futur », tandis que James Basson créé un jardin sec et naturaliste dans la « Cour de la Ferme ». Enfin Evor et le collectif « Nantes est un jardin » ont aménagé une incroyable jungle au cœur du Festival.
En conclusion, cette édition, qui propose des jardins n’ayant rien perdu de leurs qualités esthétiques et végétales offre des solutions à la fois scientifiques et concrètes de résilience et de résistance face aux défis qu’il nous faut désormais affronter.
Une expérience à vivre pour nous familiariser au monde de demain, mais surtout peut-être, hélas, d’aujourd’hui...
Merci à Chantal Colleu-Dumond, Directrice du Festival International des Jardins
Domaine de Chaumont-sur-Loire, 41150 Chaumont-sur-Loire
www.chaumont-domaine.fr
Photos : ©Eric Sander