Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner » , « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
- Hans Op de Beeck, Dancer 2019, © Studio Hans Op de Beeck ADAGP, Paris, 2023
(Se cultiver / Exposition ) : Exposition insolite au Musée de Flandre à Cassel : Silence & Résonance - Quand l’art de Hans Op de Beeck rencontre les maîtres flamands.
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
Surplombant la plaine, le musée de Flandre se situe sur un mont, à Cassel, entre Lille et Dunkerque. Il prend place dans l’Hôtel de la Noble-Cour, l’un des fleurons de l’architecture civile flamande du XVIe siècle.
Dans l’esprit d’un cabinet de curiosités, le musée réunit des artistes d’hier et d’aujourd’hui. Des Primitifs flamands aux paysages de Joachim Patinir ou de Roelandt Savery en passant par les créations contemporaines de Panamarenko ou de Wim Delvoye, il ouvre une fenêtre sur la pluralité et sur la richesse de l’art flamand.
Début 2022, le musée entame une importante refonte de son parcours permanent. L’arrivée de vingt tableaux attribués aux plus grands noms de la peinture flamande : Hieronymus Bosch, Jan I Brueghel, Peter Paul Rubens, redessine les contours du parcours sous un angle essentiellement « Beaux-Arts ».
- Hans Op de Beeck, Vanitas XL 2021, © Studio Hans Op de Beeck, Stella Ojala, ADAGP, Paris 2023
Dans la plupart des salles, une œuvre contemporaine permet d’offrir un contrepoint à celles anciennes qui l’entourent.
Au fur et à mesure de la mise en place de ce nouveau parcours, l’idée germe de proposer au belge Hans Op de Beeck d’investir les salles du musée. Son corpus semble tellement imprégné de références à l’art flamand que, naturellement, des liens se tissent avec les collections du musée.
Hans Op de Beeck est un sculpteur, dessinateur, vidéaste, un metteur en scène pour le théâtre et l’opéra, un compositeur, un artiste pluridisciplinaire qui est arrivé à créer son propre univers complètement hors du temps, très poétique qui suscite des émotions comme la sérénité.
La muséographie de l’exposition, minimaliste, propose une déambulation au gré des rencontres avec une vingtaine de ses œuvres. Le dialogue se fait tantôt grâce à un jeu d’opposition, tantôt grâce à une filiation si forte avec les maîtres anciens qu’aucun discours n’est nécessaire. Les deux mots du titre de l’exposition, « Silence & résonance », font chacun référence à l’univers de l’artiste, comme figé et à l’écho que ses œuvres suscitent dès lors qu’elles sont placées à proximité de celles des maîtres flamands.
L’autre volonté était de montrer toute l’étendue du talent de Hans Op de Beeck, en présentant aussi bien ses monumentales aquarelles que ses sculptures ou ses vidéos.
- Hans Op de Beeck Timo (marbres) 2018, © Studio Hans Op de Beeck, ADAGP, Paris 2023
Ce n’est pourtant pas aux peintres flamands mais bien à la Renaissance italienne que Hans Op de Beeck emprunte la perfection des corps de ses sculptures, la beauté de ses visages. Les mouvements artistiques n’aiment pas se voir enfermer dans des cases, car l’art est fait de voyages, de rencontres. Dès le XVIe siècle, nombre d’artistes flamands cèdent aux canons antiques remis à l’honneur en Italie au moment de la Renaissance. Toutefois, c’est bien l’esprit flamand que l’on retrouve dans certaines thématiques choisies par Hans Op de Beeck, comme lorsqu’il imagine une Vanité XL ou qu’il explore l’univers des cabinets de curiosité.
- Hans Op de Beeck Brian (rock) 2018, © Studio Hans Op de Beeck, ADAGP, Paris 2023
En utilisant et détournant les codes de notre société actuelle, les paysages, les objets, les postures, Hans Op de Beeck en offre une vision critique empreinte de poésie. Il a su déployer au fil des années un univers qui lui est propre : un monde post-apocalyptique où le temps s’est figé, comme suspendu, tel un mirage. Sa palette, souvent monochrome, grise, unifie le décor.
Nous sommes les spectateurs de ces scènes où mélancolie, beauté pure, introspection, poésie, solitude se côtoient, autant de mots qui décrivent ces œuvres silencieuses.
- Hans Op de Beeck, The Horseman 2020, © Studio Hans Op de Beeck, ADAGP, Paris 2023
De plus en plus, la mondialisation transparait par une plus grande universalité des thèmes. Mais l’artiste est polymorphe, il maîtrise de nombreuses techniques qui constituent autant de facettes à son art. Tous ces médiums convergent vers la définition d’une réflexion autour de la condition humaine.
Merci à Cécile Laffon, directrice du Musée de Flandre.
Jusqu’au 3 septembre 2023,
Musée de Flandre, 26 Grand’Place, 59670 Cassel
https://museedeflandre.fr