Cet article est proposé par le nouveau Magazine "Liberalis"...
Avec ce nouveau numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner » , « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Découvrir / Exposition) : Chef-d’œuvre de l’architecte moderniste Robert Mallet-Stevens, la Villa Cavrois, convie Philippe De Gobert, artiste et photographe pour une exposition : « En perspective ».
Par Jean-Louis Roux-Fouillet
- Façade sud © Didier Plowy – CMN
Construite en 1932 pour l’industriel Paul Cavrois et sa famille, ce château-moderne avec son plan d’eau miroir clin d’oeil aux siècles passés, chef-d’œuvre de l’architecte Robert Mallet-Stevens, avait connu bien des vicissitudes. Occupée par la famille jusqu’en 1985 (outre la parenthèse de la Seconde Guerre mondiale où elle a été réquisitionnée par les Allemands), la villa, passée en 1988 entre les mains d’un promoteur peu scrupuleux, avait subi d’affligeantes dégradations malgré la mesure de classement de 1990, censée la protéger. Suite au décès de Madame Cavrois en 1986, l’ensemble du mobilier avait également été dispersé.
Il a fallu son rachat par l’État en 2001 et près de quinze ans de travaux considérables pour restituer son aspect originel au bâtiment. Certaines pièces du mobilier de l’époque on pu être acquises et cette politique de remeublement continue au grès des ventes aux enchères. Pour d’autres, on a fait appel à des artisans d’art pour refaire le décor d’origine et la plupart de ces meubles en bois précieux de palmier, sycomore, zingana, dessinés par Mallet Stevens. La lumière intérieure est à elle-seule un chef-d’oeuvre d’ingéniosité celui de l’ingénieur André Salomon.
- Salle à manger des enfants © Didier Plowy
Le Centre des monuments nationaux s’est vu confié la gestion et l’entretien de la Villa, et y organise régulièrement des expositions, dont cette carte blanche à Philippe de Gobert.
Artiste, photographe et ingénieur de formation, Philippe de Gobert conçoit, fabrique et capture des intérieurs. Tantôt réels, tantôt tirés de son imagination, ses créations plongent le visiteur dans des univers parallèles où soucis du détail, proportions et couleurs priment sur l’authenticité scientifique. Un premier projet, « Modern Landscape », lancé en 2005, figurait déjà son intérêt pour Robert Mallet-Stevens au travers de maquettes revisitant des architectures remarquables. Ces photographies seront présentées sous forme de rétrospective en introduction de l’exposition dans la cuisine de la villa Cavrois.
D’abord formé à la photographie, Philippe de Gobert réalise des assemblages d’objets dans la filiation de l’artiste allemand Kurt Schwitters, puis des maquettes avec un goût marqué du bricolage.
En 1978, il commence à concevoir à échelle réduite des « Artists’Rooms », petites maquettes d’ateliers, fidèles ou imaginaires, qu’il photographie par la suite. En 1993, il entame la série « Les images détournées » dans laquelle il masque à la gouache tous les détails sur de vieilles photos documentaires, ne laissant visible que l’architecture des lieux, la lumière et quelques objets peu identifiables.
Pour ce chef d’œuvre de l’architecture moderniste, l’artiste a créé des maquettes de plusieurs pièces du monument (chambre du jeune homme, fumoir...), qui sont une étape, avec celle du dessin et de l’aquarelle, dans le processus de l’œuvre finale qui est exposée dans la salle de jeux : les photographies. Ce cheminement associé à des maquettes, des planches documentaires, le travail de la polychromie et des photographies donne à l’œuvre de Philippe De Gobert une vision très personnelle de l’architecture.
- Vue de la carte blanche. En perspective (aile des enfants) © Philippe De Gobert - ADAGP © Benjamin Gavaudo - CMN
- Vue de la carte blanche. En perspective (cuisine) © Philippe De Gobert - ADAGP © Benjamin Gavaudo - CMN
Cette réappropriation de l’œuvre totale qu’incarne la villa Cavrois, à partir de photographies et maquettes, révèle toute la radicalité de l’école de Weimar ou du mouvement de Stijl.
- Vue de la carte blanche. En perspective (bureau) © Philippe De Gobert - ADAGP © Benjamin Gavaudo – CMN
A découvrir jusqu’au 10 septembre 2023
Villa Cavrois, 60 avenue du Président John Fitzgerald Kennedy, 59170 Croix.
Depuis le centre de Lille, la Villa est très facile d’accès en prenant le tramway R en direction de Roubaix, arrêt Villa Cavrois.