Cet article est proposé par le Magazine "Liberalis"...
Avec ce numéro du magazine LIBERALIS, nous vous invitons à poser un autre regard sur vos professions libérales.
Nous vous invitons à découvrir nos rubriques à travers le prisme des sentiments et de l’action comme « Se passionner », « S’étonner » pour découvrir les savoir-faire ou encore « S’enflammer » pour les témoignages de collectionneurs.
(Histoire / Exposition) : « Sacrilège ! L’État, les religions & le sacré » aux Archives Nationales à Paris.
Pourquoi les souverains français considéraient-ils le blasphème au même titre que le crime de lèse-majesté ? Comment l’État, qu’il soit royal, impérial ou républicain, négocie-t-il avec le pouvoir religieux ? Ces questions sont au cœur de l’exposition présentée aux Archives nationales. Plus de cent œuvres et documents d’archives inédits éclairent l’histoire du sacrilège. De Socrate (399 av. J.-C.) au chevalier de La Barre (1766), de l’attentat de Damiens contre Louis XV (1757) à l’affaire du « Casse-toi, pov’con ! », le parcours de l’exposition redonne au sacrilège et au blasphème leur importance politique.
Dominant majestueusement le monumental escalier de l’hôtel de Soubise, trônant au cœur du Marais à Paris, elle s’impose à nos yeux : la tête brisée du génie de la guerre. C’est la sculpture de l’Arc de triomphe, également connue sous le nom de La Marseillaise de Rude, victime d’actes de vandalisme perpétrés par des manifestants gilets jaunes en 2018. Elle pavoise maintenant sur l’affiche imposante de l’exposition "Sacrilège !".
- Tenture de Saint Etienne, pièce II : Le martyre de Saint Etienne, Scène 4 : Saint Étienne amené au consistoire © RMN-Grand Palais (musée de Cluny – musée national du Moyen Âge) / Jean-Gilles Berizzi
Cette exposition met en perspective les rapports entre le pouvoir et le sacré, alternant entre une présence marquée puis une distance, redéfinis après l’instauration de la loi de séparation entre l’Église et l’État, ces éléments soulèvent la problématique du sacré et du blasphème dans le contexte d’un État laïc. À une époque où la sacralité est remise en cause de diverses manières, que ce soit par des débats publics, mais aussi par des mouvements politiques et sociaux, ou encore par de multiples attentats.
- Antoine-Jean Gros, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa le 11 mars 1799, 1804 © Sèvres – Manufacture et musée nationaux, Dist. RMN – Grand Palais / Le Studio Numérique
Les visiteurs peuvent ainsi se plonger dans la lente montée en puissance à partir du XIIe siècle, puis le déclin d’une « religion royale , ébranlée par la Réforme protestante et les guerres de Religion (1562-1598), éradiquée par la Révolution, mais à laquelle la République a longtemps cherché un substitut. République elle-même mise sous pression par le récent retour en force du fait religieux. Par un subtil jeu de miroirs, l’exposition bouscule les frontières entre le spirituel et le temporel, le religieux et le laïc, le sacré et le profane.
- Les chefs d’État à Paris lors de la marche républicaine du 15 janvier 2015 © AFP/Bertrand Gardel/Hemis
La première partie propose une analyse historique et sociologique de la notion de sacrilège. Le sens du sacrilège varie selon la place que chaque société attribue au sacré.
La deuxième partie de l’exposition s’attache à montrer de quelle manière le pouvoir fabrique du sacré pour se perpétuer et légitimer son action. Le sacrilège devient dès lors un crime essentiellement politique.
- Moulage du génie de la Guerre de François Rude, vandalisé lors d’une manifestation des Gilets jaunes le 1ᵉʳ décembre 2018 © Benjamin Gavaudo/Centre des monuments nationaux
Une occasion de visiter ou revisiter l’écrin inestimable qu’est l’Hôtel de Soubise, pour une plongée au cœur de l’Histoire de France, à la découverte des nombreux écrits et supports juridiques ou pas, qui ont marqué ces derniers siècles.
Jusqu’au 1ᵉʳ juillet 2024
Archives nationales, Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois, Paris 3
Métro : Rambuteau ou Hôtel de ville
Informations : www.archives-nationales.culture.gouv.fr
Photo en logo : Le Petit Journal, 18 juin 1899, supplément du dimanche © BNF