Une veille artisanale.
Si 78 % des sondés indiquent que la veille juridique est une composante de leur activité, seulement 6,6 % associent cette veille à des outils ! Open Law nuance cependant ce propos, indiquant que la notion d’outil peut avoir été comprise différemment selon les personnes interrogées.
Deux autres enseignements méritent d’être relevés :
la veille est très peu externalisée
les sources utilisées sont très diverses (11) et sont, en grande partie, (66 %) dématérialisées.
Les plus jeunes absents des réseaux sociaux.
Si l’usage des réseaux sociaux est évidemment différent selon les âges, ce ne sont pas les plus âgés qui sont à la traîne. Ce sont les 25/29 ans (à 29%) qui sont majoritaires chez ceux qui sont absents des réseaux sociaux. Ils expliquent cela en premier lieu par souci de protection de leurs données personnelles (33%).
Autre signe de méfiance : sur Linked In, 60 % n’acceptent que les personnes qui correspondent à leur univers professionnel…
Des compétences numériques simples mais peu utilisées.
On rentre ici dans l’aspect concret et quotidien du rapport au numérique.
Premier exemple : le filigrane, ce petit texte de couleur portée en fond de page d’un document et qui permet d’indiquer par exemple les mentions « projet » ou « confidentiel ». Une fonctionnalité assez basique du traitement de textes, encore ignoré de 23 % en moyenne des sondés, et utilisé seulement occasionnellement par la majorité des juristes.
Second exemple : la lettre recommandée électronique. Comme le souligne les auteurs du rapport, « il semble que les avantages (rapidité, réduction des coûts) et les garanties (sécurité, preuve) que procure un tel outil n’ont pas encore été perçues par les acteurs du monde juridique », puisqu’au total seulement 9 % déclarent s’en servir, et 29 % ignorent carrément ce que c’est.
Des lacunes en culture générale numérique.
Il ne faut pas être trop sévère : les termes d’incubateur, d’open data et même de chiffrement ne sont obscurs que pour une minorité.
Mais certaines lacunes restent surprenantes : à la question « qu’est ce qu’un DPO » - alors même que le terme a été mis en lumière en 2018 avec l’entrée en vigueur du RGPD - si 645 ont su donner la signification (Data Protection Officer), 384 ont séché en répondant « je ne sais pas ».
Encore plus surprenant (voire inquiétant ?) pour des juristes : le terme smart contract a laissé sans voix la majorité d’entre eux qui n’ont pas su définir le terme. Quant à la seconde réponse la plus plébiscitée, elle est inexacte (« un contrat qui assemble automatiquement les clauses pertinentes et garantit quelles sont à jour. »). Finalement ils ne sont que 224 à avoir vu juste (un smart contract est « un programme informatique qui permet de déclencher l’exécution d’une clause dès lors que les conditions sont remplies »).
L’avis de la rédaction.
Quels enseignements tirer de tout cela ? Les juristes (au sens large) ont amorcé le virage du numérique avec prudence, pied sur le frein. Certains outils semblent encore faire peur, alors même qu’ils ne nécessitent pas de compétence particulière. Comme le soulignent les préconisations d’Open Law qui concluent ce livre blanc, former et sensibiliser sont sûrement les clefs pour que le juriste de demain s’empare totalement du sujet.