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Sujet : Questions d'économiste aux juristes du site

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Questions d'économiste aux juristes du site

de benji1484   le Mar 26 Avr 2011 16:17

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Bonjour à tous,

J'ai une question à soumettre aux juristes du forum, sur leurs usages de consommation du site Legifrance.

Tout d'abord je me présente. Je suis en doctorat d'économie et mon sujet est en rapport avec l'édition juridique. Un de mes axes de recherche est de connaitre l'impact du site Legifrance sur l'édition juridique et sur la productivité des juristes. Avant toute étude de terrain, j'aimerais cibler certains comportements de consommation et me faire une idée de la question.

Aussi, vous me seriez d'une grande aide si vous pouviez répondre, même partiellement, aux questions suivantes :

1- Dans votre travail, quel est votre rapport à Legifrance ? en termes de fréquence d'utilisation et de "productivité"

2- Pensez-vous que Legifrance peut se substituer à l'édition juridique (livres, CD-Rom et sites payant des éditeurs) ? Si oui, avez vous récemment diminué votre consommation d'édition juridique et/ou stoppé un abonnement ?

3- Que pensez-vous du site Legifrance et quelle amélioration souhaiteriez vous ?

4- Votre cabinet achète-t-il des licences de réutilisation de données juridiques ? et si oui, le coût technique de réception et d'exploitation vous semble-t-il fort ?

5- Enfin, à un niveau "expert" en droit, pensez-vous que la doctrine et les commentaires soient toujours indispensables ?

Voila pour le questionnaire. Encore une fois, je remercie les futurs répondants qui m'apporteront une aide précieuse dans la compréhension du sujet.

Pourriez-vous aussi m'indiquer votre poste/domaine d'étude/ niveau svp ?

Benjamin :D
PS : désolé si le poste peut paraître mal placé. Je l'ai posé rationnellement dans le poste ayant le plus de message :winkL:

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de MarionD   le Mar 26 Avr 2011 16:58

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Bonjour,

Avant de répondre, pouvez-vous nous préciser quel est le sujet de votre thèse ?

Cordialement,
Marion

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de benji1484   le Mar 26 Avr 2011 17:47

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Bonjour,

La thèse s'intitule "analyse économique des marques éditoriales". La question des informations publiques comme intrant de certaines industries éditoriales prend une large place. Je me base sur le cas de l'édition juridique pour l'instant.

La question porte sur l'étude de la valorisation des données juridiques publiques par l'édition juridique. J'étends l'étude à tous les services juridiques (dans le sens où ils servent à la recherche d'information par le consommateur final, c'est à dire les services de conseil et les juristes d'entreprise, ainsi que la diffusion publique par la DILA).

Pour l'instant je reste sur le secteur juridique, mais ma thèse s'étendra aux autres données publiques (médicales, météorologiques, etc.).

N'hésitez pas à me poser des questions si mon sujets vous intéresse.

Benjamin

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de gerard-gaby   le Mar 26 Avr 2011 18:34

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Bonsoir,
Quelques réponses pour tenter de vous aider :
1- J'ai l'occasion de me servir de LEGIFRANCE quotidiennement ; j'en obtiens toujours ce que je recherche, qui est essentiellement un texte, moins souvent une jurisprudence.
2- Non, c'est, pour moi bien sûr, complémentaire. J'ai parallèlement une collection de codes "papier" et un abonnement à un site juridique payant. Ceci dit cela implique tout de même une moindre consommation, j'ai par exemple supprimé il y quelques années mon abonnement à l'édition sur CD-ROM des arrêts du Conseil d'Etat, trouvant mon bonheur suffisamment dans LEGIFRANCE.
3- J'en pense du bien ; les moteurs de recherche proposés permettent de trouver rapidement ce que l'on cherche ; au niveau amélioration j'aimerais disposer de la possibilité de consulter un texte dans l'état où il était à X date.
4- Je précise que je travaille en entreprise, pas en "cabinet" ; sinon pourriez-vous préciser cette question ? qu'entendez-vous par "licence de réutilisation de données juridiques" ?
5- Ah que oui !!!!
6- Je suis le responsable juridique d'un établissement public (380 millions d'euros de budget annuel - 330 agents), ai fait des études de Droit public, suis titulaire d'un MASTER II et surtout d'une expérience.... trop longue malheureusement, puisque l'heure de la retraite approche !!!
En espérant vous être utile, bon courage,
:D
CARPE DIEM

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de Mon ego et moi   le Mar 26 Avr 2011 20:22

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Bonjour Benjamin, à mon tour je vous réponds :

1- Dans votre travail, quel est votre rapport à Legifrance ? en termes de fréquence d'utilisation et de "productivité"

Indispensable, même si Legifrance a parfois des ratés sur des évolutions législatives, je l'utilise depuis pas mal d'années et je suis familier à son interface. Du coup, c'est le site que je privilégie, en plus de deux avantages à mon sens décisifs : authenticité (c'est un site gouvernemental) et gratuité. Avec le progrès conséquent depuis deux ans je crois, de ne plus interrompre les sessions de navigation au bout de 10 ou 15 minutes, qui mettaient à bas des recherches et imposaient, à une époque où les navigateurs ne comportaient pas d'onglets, d'ouvrir parfois des dizaines de fenêtres.

2- Pensez-vous que Legifrance peut se substituer à l'édition juridique (livres, CD-Rom et sites payant des éditeurs) ? Si oui, avez vous récemment diminué votre consommation d'édition juridique et/ou stoppé un abonnement ?

Non, ce qui est logique, puisque la contrepartie du paiement doit justifier les tarifs parfois élevés des éditions juridiques payantes. Il y a plutôt, comme pour ce que disait l'excellent gerard-gaby, complémentarité entre les deux modalités.

3- Que pensez-vous du site Legifrance et quelle amélioration souhaiteriez vous ?

Dans l'ensemble satisfait, j'aimerais que le moteur de recherche soit plus performant et que les arrêts notamment soient plus clairement distingués. Peut-être inclure de nouveaux critères de recherche (l'auteur d'une note, une référence dans une parution juridique).

4- Votre cabinet achète-t-il des licences de réutilisation de données juridiques ? et si oui, le coût technique de réception et d'exploitation vous semble-t-il fort ?

Pas de cabinet mais une entreprise en ce qui me concerne. Et un service juridique représentant 0,5% de l'effectif total, autant dire que les coûts de ce service sont assez réduits comparativement à l'ensemble des charges de l'entreprise.

5- Enfin, à un niveau "expert" en droit, pensez-vous que la doctrine et les commentaires soient toujours indispensables ?

Oui : il faudrait être à la fois naïf et prétentieux pour affirmer n'avoir pas besoin d'un autre point de vue pour bien comprendre un arrêt. Une chose est de le comprendre, une autre est de bien le comprendre. En outre, doctrine et commentaires sont proposés par des spécialistes qui vont, plus systématiquement que Legifrance, dresser des parallèles avec d'autres jurisprudences (arrêts des mêmes formations ou des mêmes cours/conseils sur un thème précis, comparaisons internationales, évolution dans le temps en particulier, éventuellement des liens avec l'actualité législative qu'il est difficile de suivre avec une grande acuité en même temps qu'on exerce son emploi).

Pourriez-vous aussi m'indiquer votre poste/domaine d'étude/ niveau svp ?

Juriste dans une compagnie d'assurances, doctorant en droit international (public et j'attends déjà les commentaires ironiques de matthejoke s'il passe par ici).

PS : désolé si le poste peut paraître mal placé. Je l'ai posé rationnellement dans le poste ayant le plus de message :winkL:

Faute de mieux, le modérateur discrètement caché sous le pseudonyme "Mon ego et moi" ne voit pas de raison de déplacer votre sujet, qui ne peut que s'accommoder plus ou moins de chaque fil. Dis-je avant de me faire taper sur les doigts par un administrateur moins compréhensif. :)
« Certaines plages sous-staffées justifient, à iso-effectifs, l’ajustement du workflow via notamment la mise en place de task forces ».

N°1 au classement SMBG des meilleurs forumistes du Village Justice.

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de Vanille-Fraise   le Mar 26 Avr 2011 22:23

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Bonsoir,

Je crois qu’il faut aider les étudiants ; je réponds donc à vos questions.

1- Dans votre travail, quel est votre rapport à Legifrance ? en termes de fréquence d'utilisation et de "productivité"
Utilisation quotidienne pour des recherches de législation ou de jurisprudence + un abonnement au JO électronique : une vraie mine d’or… surtout quand on est en attente d’un décret bien particulier (j’attends les derniers décrets d’application de la réforme du crédit à la consommation – loi du 01/07/2010).

2- Pensez-vous que Legifrance peut se substituer à l'édition juridique (livres, CD-Rom et sites payant des éditeurs) ? Si oui, avez vous récemment diminué votre consommation d'édition juridique et/ou stoppé un abonnement ?
Pour les besoins de mon activité : oui. J’appartiens à un réseau informel de correspondants qui me retransmettent de nombreuses informations (liens, lettres,…). Je n’ai plus d’abonnements papier depuis des années.

3- Que pensez-vous du site Legifrance et quelle amélioration souhaiteriez vous ?
J’y trouve toujours ce que je cherche sinon, c’est parce que ce que je cherche n’existe pas ou n’est pas encore numérisé (ex : décisions de première instance).
J’ai participé à la matinée d’information organisée par le DILA en mars dernier et j’y ai découvert des tas d’astuces… ainsi que la possibilité de poser des questions aux personnes qui maintiennent le site.

4- Votre cabinet achète-t-il des licences de réutilisation de données juridiques ? et si oui, le coût technique de réception et d'exploitation vous semble-t-il fort ?
Non, mon entreprise est trop petite.

5- Enfin, à un niveau "expert" en droit, pensez-vous que la doctrine et les commentaires soient toujours indispensables ?
Il faut rester modeste ; la lecture d’un commentaire n’empêche pas de se faire sa propre opinion.

Pourriez-vous aussi m'indiquer votre poste/domaine d'étude/ niveau svp ?
Consultante indépendante dans le secteur bancaire (clients = grands comptes et PME).
Formation : droit + banque + gestion + comptabilité (université)

Je reste à votre disposition.

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de benji1484   le Mer 27 Avr 2011 10:19

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Je vous remercie beaucoup !

A la question 4, le terme de "cabinet" en effet maladroit :oops:

Gerard-Gaby, les licences de réutilisation de données juridiques sont des bases de données envoyées en stock et en flux quotidiens au format .xml à des entreprises ré-utilisatrices (cabinets d'avocats/éditeurs juridiques/journaux) par la DILA. Leur prix est très faible mais j'aimerais mesurer le coût de maintenance et d'exploitation de ces licences...

Je peux déjà tirer quelques conclusions que je vérifierai par questionnaire aux services de conseils juridiques.

N'hésitez pas à continuer à répondre, chaque réponse est riche d'enseignements :D

Cordialement,

Benjamin

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de Mariel88   le Mer 27 Avr 2011 17:45

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1- Dans votre travail, quel est votre rapport à Legifrance ? en termes de fréquence d'utilisation et de "productivité"

Je l'utilise tous les jours ou presque, principalement lorsque je me pose une question juridique. Ainsi je vérifie sur un seul et même site et les textes législatifs, conventionnels et la jurisprudence afférente.

2- Pensez-vous que Legifrance peut se substituer à l'édition juridique (livres, CD-Rom et sites payant des éditeurs) ? Si oui, avez vous récemment diminué votre consommation d'édition juridique et/ou stoppé un abonnement ?

Non, car l'édition juridique apporte un grand plus autour du texte brut. La doctrine analyse la jurisprudence et les textes ainsi ils aident à leur application.

3- Que pensez-vous du site Legifrance et quelle amélioration souhaiteriez vous ?

J'apprécie le site qui quoique un peu brut de prime abord est relativement simple d'utilisation.

4- Votre cabinet achète-t-il des licences de réutilisation de données juridiques ? et si oui, le coût technique de réception et d'exploitation vous semble-t-il fort ?

Pour cela je ne suis pas au courant, je sais que nous sommes abonnés à quelques textes type liaisons sociales, etc, je n'en sais pas plus ...

5- Enfin, à un niveau "expert" en droit, pensez-vous que la doctrine et les commentaires soient toujours indispensables ?

Oui, on n'a pas le temps de toujours se poser la question du futur, de l'application, des conditions etc. Il faut dire que nous sommes face à un mouvement de diarrhée (oui certains me désapprouveront) législatifs avec en plus des Cours qui vont de revirements en revirements.

Pourriez-vous aussi m'indiquer votre poste/domaine d'étude/ niveau svp ?

Je suis Juriste droit social, j'ai un M2 en droit social. Je ne suis par contre pas avocate donc je ne sais pas si mes réponses vous intéressent.

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de benji1484   le Jeu 28 Avr 2011 10:00

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Merci Mariel88, vos réponses m'intéressent car je met les juristes d'entreprise et les avocats au même niveau, vous recherchez de l'information juridique pour un tiers !

   Re: Questions d'économiste aux juristes du site

de gerard-gaby   le Jeu 12 Mai 2011 9:36

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vu vos précisions, la réponse est négative en ce qui nous concerne pour l'achat des licences de réutilisation des données.
:D
CARPE DIEM

 
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Validation du conseil constitutionnel des clauses d’exclusion prises sans unanimité dans les statuts de SAS. Par Alexandra Six, Avocat.

Validation du conseil constitutionnel des clauses d’exclusion prises sans unanimité dans les statuts de SAS.

Par Alexandra Six, Avocat.
-
814 lectures

Modifié le : 4 juillet 2023

1re Parution : 14 février 2023

4.88  /5
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Par décision du 9 décembre 2022, le Conseil constitutionnel confirme la validité des dispositions de la loi du 19 juillet 2019.

Généralités sur la clause d’exclusion d’un associé d’une SAS.

La clause d’exclusion contenue dans des statuts permet, aux conditions de majorité requises d’exclure un associé et de procéder au rachat de ses actions, soit par la société qui devra procéder par réduction de capital soit au profit d’un tiers.

Auparavant, pour être valable, la clause d’exclusion devait avoir été introduite dans les statuts lors de la constitution de la société ou par voie de modification ultérieure en cours de vie sociale par décision unanime des associés (C. com., ancien art. L227-19). De sorte que cet ajout était quasi impossible à mettre en place postérieurement à la création de la société et à la rédaction des statuts constitutifs.

L’évolution de la clause d’exclusion d’un associé avec la loi Soilihi.

La loi n° 2019-744 du 19 juillet 2019 portant simplification du droit des sociétés a supprimé l’exigence de l’unanimité pour l’adoption ou la modification des clauses d’exclusion d’un associé d’une SAS en modifiant l’article L227-19 du Code de commerce.

Ces clauses peuvent désormais être adoptées ou modifiées « par une décision prise collectivement par les associés dans les conditions et formes prévues par les statuts » (C. com., art. L227-19, al. 2). Dorénavant, il est donc possible d’adopter ou de modifier une clause statutaire d’exclusion d’associé dans les conditions et formes prévues librement par les statuts (notamment les règles de majorité).

Cette évolution emporte une précarisation de la situation des associés minoritaires de SAS. Toutefois, restent les modalités de mise en œuvre et les abus sous contrôle du juge en cas de conflit.

Certains auteurs ont critiqué cette disposition rappelant le principe posé par l’article 1836 du Code civil, selon lequel il est interdit d’augmenter les engagements d’un associé sans son consentement. Or, selon la jurisprudence sous les dispositions antérieures, l’introduction d’une clause d’exclusion dans les statuts augmente les engagements des associés (CA Paris 3ème ch., 27 mars 2001), comme l’ajout d’un cas d’exclusion à une clause statutaire préexistante (CA Paris, 17 février 2015 n° 14/00358).

Bien que la jurisprudence ne se soit pas encore prononcée sur cette question depuis ces nouvelles dispositions, il semble qu’en vertu du principe specialia generalibus derogant, l’article 1836 du Code civil doive s’effacer devant l’article L227-19 du Code de commerce qui prévoit spécifiquement cette mesure pour les SAS.

L’arrêt de la Chambre commerciale de la Cour de cassation du 12 octobre 2022 n° 22-40.013.

Contexte : un salarié était associé d’une société par actions simplifiée dont l’une des clauses statutaires stipulait que la qualité d’associé était réservée aux seuls salariés ou aux mandataires sociaux. La perte de l’une de ces deux qualités entraînait l’exclusion de l’associé qui ne remplissait plus la condition statutaire. Le salarié, licencié au mois d’octobre 2020, devait donc perdre également sa qualité d’associé.

En janvier 2021, une assemblée est convoquée. Les associés décident, d’une part, de modifier la clause statutaire (cette clause interdisait à l’associé sujet de l’exclusion de prendre part au vote) et, d’autre part, de prononcer son exclusion de l’associé du fait de la perte de sa qualité de salarié (bien que celui-ci ait voté contre cette décision).

L’associé exclu saisit alors le tribunal de commerce en nullité de la modification statutaire et de la décision l’excluant de la société et ordonnant la cession de ses actions. Par un mémoire distinct, il pose quatre QPC (questions prioritaires de constitutionnalité).

Le particularisme de cette décision tient au fait que cette SAS avait été créée avant la loi précitée du 19 juillet 2019, l’associé exclu arguait dans un premier temps que les dispositions de la loi de 2019 étaient inapplicables à une SAS créée antérieurement à son entrée en vigueur.

Sur ce point, la Chambre commerciale a considéré que la loi a pour « objet et pour effet de régir les effets légaux du contrat de société » : dès lors, la loi de 2019 est bien applicable aux SAS antérieurement créées. Ainsi une clause d’exclusion statutaire peut donc, comme en l’espèce, tout à fait être modifiée sans exiger l’approbation de l’unanimité des associés.

La conformité à la Constitution du dispositif d’exclusion statutaire dans une SAS.

Le conseil constitutionnel a tranché sur les QPC : l’associé d’une SAS peut être tenu de céder ses actions en application d’une clause d’exclusion statutaire à laquelle il n’a pas consenti, sans que cela ne constitue une atteinte à son droit de propriété.

4 Questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) ayant pour objet de contester la conformité des articles L227-16 et L227-19 du Code de commerce aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.

1- L’article L227-16 du Code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il porte atteinte au droit de propriété sans nécessité publique ?

2- L’article L227-16 du Code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il porte atteinte de façon disproportionnée aux droits de propriété sans que cette atteinte soit justifiée par un motif d’intérêt général ?

3- L’article L227-16 du Code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il permet, combiné à l’article L. 227-19 du même code, la cession forcée par l’associé de ses actions sans qu’il ait consenti à l’adoption de la clause statutaire d’exclusion l’autorisant ?

4- L’article L227-19 du Code de commerce est-il conforme aux articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 alors qu’il permet la cession forcée par l’associé de ses actions sans qu’il ait consenti à l’adoption de la clause statutaire d’exclusion l’autorisant ?

Pour rappel, l’article 17 garantit le droit de propriété comme étant « un droit inviolable » et l’article 2 précise que les atteintes à ce droit doivent être justifiée par un motif d’intérêt général et être proportionnées à l’objectif suivi.

Le Conseil constitutionnel tranche sans équivoque. Les dispositions contestées ont pour unique objet de permettre d’exclure un associé en application d’une clause statutaire, elles n’entrainent pas une privation de propriété.

Sur le motif d’intérêt général. Le législateur a donc poursuivi un objectif d’intérêt général en permettant à une SAS de contraindre un associé à céder ses actions, ces clauses étant la garantie d’une cohésion au sein de l’actionnariat et de la poursuite de l’activité (ce qui évite d’ailleurs un blocage des SAS).

Sur le caractère disproportionné de l’atteinte au droit de propriété. Selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation, la décision d’exclure un associé ne peut être prise qu’à la suite d’une procédure prévue par les statuts. Elle doit reposer sur un juste motif, conforme à l’intérêt social et à l’ordre public et ne pas être abusive. Par ailleurs, elle donne lieu au rachat des actions de l’associé exclu à un prix de cession qui peut être contesté devant le juge par l’associé, tout comme la décision d’exclusion elle-même.

Notons que la décision du Conseil vient rappeler l’exigence que soient formulés dans les statuts les motifs d’exclusion et que ces motifs soient conformes à l’intérêt social et à l’ordre public.

Se trouve ainsi confirmée la mise en œuvre de ces clauses statutaires dans les SAS par la loi précitée.

La rédaction et les règles de majorité des statuts sont donc fondamentales.

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