Enquête intéressante et qui reflète bien la réalité du métier de secrétaire en cabinet d’avocat (car les secrétaires de service juridique en entreprise auraient un tout autre discours), à savoir qu’il y a une très grande variété de modes d’exercice du métier selon le type des cabinets employeurs.
Pour exemple ces deux citations :
“Dans un petit cabinet, les dossiers sont variés et permettent de toucher à plus de domaines.
L’expérience permet une certaine autonomie dans l’organisation de son travail, ce qui est agréable.”
opposée à
“Nous sommes considérées comme une bonne exécutante dans la plupart des cas et quelquefois comme un prolongement de l’ordinateur...”
Cette différence de positionnement s’explique par le fait que dans un petit cabinet l’avocat seul ou avec très peu de collaborateurs demande à sa secrétaire un appui à la fois administratif, juridique, relationnel avec la clientèle au téléphone, comptable, etc. tandis que dans une grande structure les associés vont pouvoir déléguer à un collaborateur confirmé qui lui-même s’appuie sur des juniors pendant que les stagiaires font des recherches, des comptables les factures, etc.
C’est pourquoi les cabinets plus petits souhaitent des secrétaires qui aient une formation juridique spécialisée comme l’ENADEP, alors que les grands sont demandeurs d’excellente formation en secrétariat : vitesse de frappe, maîtrise de logiciels de présentation, et de pratique de l’anglais pour des postes plus consacrés à la production de documents dans un contexte international.
Il est important de savoir selon son profil quelle est la taille et le type des cabinets qu’il faut rechercher pour trouver sa place et y réussir.
Mais dans tous les cas l’exigence de qualité est omniprésente. Une secrétaire ne doit jamais perdre de vue que c’est le document final mis en forme sur son ordinateur qui va être remis au client ou au tribunal et que la moindre erreur qui aurait échappé aux relectures pourrait être lourde de conséquences. Ceci est la contingence mais aussi la grandeur de ce travail.
Il y a moins, aujourd’hui, de secrétaires en cabinet mais par contre leur niveau de formation souhaité à l’entrée est bien supérieur à celui qui était recherché il y a 20 ans, cela démontre l’importance de ces postes même si les rapports avocats/fonctions supports ne sont pas toujours faciles. La reconnaissance, il est vrai, est rarement à la hauteur des efforts et de la qualité de services fournis .
Le stress est souvent présent aussi dans une profession où les responsabilités des avocats sont importantes, les délais toujours trop courts et du fait que la secrétaire est le maillon ultime de la production des documents, tous les retards s’accumulent avant que le travail qu’elle doit accomplir ne lui parvienne et cependant le délai doit être tenu !
L’Ego des avocats, leur caractère difficile sont des réalités mais, même ceux qui ont changé de secrétaire tous les 6 mois pendant des années lorsqu’ils en rencontre une qui sait s’adapter à leur mode de travail, qui les rassure par sa rigueur, son implication, sa réactivité mais aussi par sa capacité à dire au bon moment, sur le bon ton, ce qui ne va pas dans le service et propose des solutions, ils forment ensemble une vrai « équipe » au point que lorsqu’ils changent de cabinet ils l’emmènent avec eux.
L’évolution vers un poste de juriste ne passera que par des diplômes, par contre en petit cabinet la secrétaire pourra devenir une vraie « assistante juridique » alors qu’en grande structure elle évoluera plus vers de l’assistanat de direction pour des associés ou responsable d’une équipe de secrétaires.
En conclusion, le métier de secrétaire juridique en cabinet est un métier souvent décrié, toujours exigeant, qui demande de grandes qualités professionnelles et beaucoup de réactivité mais qui offre des emplois bien rémunérés auprès de professionnels passionnés à celles qui apprécient ce milieu intellectuellement riche, et savent répondre à ses contraintes. Il y a les secrétaires qui sont passé en cabinet par l’ intérim et décrètent qu’elles n’y remettront jamais les pieds et celles qui ne veulent plus changer de métier après l’avoir découvert.
Edwige Dorel
edwige.dorel chez etcconseil.fr