Bonjour à tous...
Je ne suis pas trop coup de gueule en général, mais là, quand je vois les dessous de la prépa ENS Cachan, je sors littéralement de mes gonds. J'ai déjà évoqué le sujet, mais je ne puis résister à l'envie d'en rajouter une couche et de développer davantage ma pensée, à tous les stades de la préparation. Alors y point par point, déconstruisons ce mythe avec des arguments purement analytiques, chers aux juristes que nous sommes.
Qu'est ce que la prépa ENS Cachan? Ou plutôt, pourquoi préparer l'ENS Cachan? " Parce que c'est là que sont formés les professeurs de droit ! " répondent en choeur les étudiants. Ils n'ont pas tout à fait tort, il existe des professeurs formés à cette prestigieuse école qui ressemble davantage à un serpent de mer des étudiants.
Car c'est bien là que le calvaire commence. Certes, des étudiants motivés, réellement intéressés par le droit, qui se sont au préalable informés sur les formations en droit, se retrouvent dans cette prépa, et eux je ne leur en veux pas. Quant aux autres, ceux qui se sont retrouvés là "par hasard" ou "parce qu'on leur a dit que c'était prestigieux" alors qu'ils se foutent comme d'une guigne du droit (pardonnez moi l'expression), c'est déjà plus problématique. Vouloir enseigner une matière qu'on ne maîtrise pas encore, et de surcroît on ne s'est pas du tout renseigné, on est à mi chemin entre le foutage de gueule et le n'importe quoi.
Comment on rentre à cette prépa?
Et oui, c'est une prépa ! Donc ça veut dire qu'il n'y a pas de place pour tout le monde, il faut donc une sélection. Bon ça peut encore se comprendre. Il faut théoriquement choisir les plus motivés. En pratique, que nenni. A aucun moment il n'est évoqué la question de la motivation du candidat. Aucune épreuve de présélection. Le candidat est jugé sur son dossier scolaire de lycée et ses notes du bac. Pas anormal me direz vous. Vous ne savez pas encore tout. En pratique, les lycéens trop brillants en sont évincés. La responsable de la sélection de l'ENS de Toulouse l'avoue d'ailleurs dans l'Etudiant Magasine : " Nous prenons des candidats aux notes tangeantes, avec aucune note au dessous de 9 sur 20". Deux de mes amis, de très bons lycéens, motivés et qui ont eu une mention TB au bac ES, en ont été violemment évincés. "Trop brillants, vous êtes", leur a t'on dit à leur rejet de dossier. ça annonce la couleur. C'est clairement une classe composée d'étudiants peu motivés, légèrement paumés et surtout dépourvus de projet professionnel, manquant cruellement d'autonomie qui est mise en place. Des étudiants m'a tu vus, méprisant les universitaires, sont hélas légion là bas. Je n'invente rien.
Un déroulement de cours facilité
Les étudiants en prépa ENS Cachan étudient parallèlement à la classe prépa et a l'université des cours de 1ère année. Ils sont amenés à voir en cours, le même programme traité par plusieurs professeurs, ce qui a pour effet de faciliter grandement la compréhension du programme. De plus, ils voient par anticipation les programmes de droit des affaires de licence et de 2ème année, ce qui les aide grandement dans les années à venir ! Ils n'ont pas l'impression en deuxième année, de découvrir le programme de droit des affaires comme un étudiant standard.
Egalement, à l'examen, ils sont dispensés de certaines matières universitaires et ont des épreuves aménagées, des styles de sujets dissertation n'appellant pas de connaissances précises, souvent sous forme de " que pensez vous de...". La pratique et les annales montrent qu'il est possible d'avoir de bonnes notes à une telle épreuve sans beaucoup de connaissances précises, mais juste en sachant argumenter, peu importe au fond qu'on sorte du cadre juridique, et peu importe surtout qu'on ait parlé de droit ou non. Ces sujets s'apparentent davantage à des sujets de réflexion de culture générale. Ainsi, les étudiants de Prépa Cachan parviennent aisément en licence sans avoir abordé l'exercice du commentaire d'arrêt.
Bref, ils font du droit sans vraiment en faire, et le droit qu'ils voient, on leur mache grandement le travail en leur distribuant entre autres des polycopiés de cours, ce qui est bien plus d'un grand secours qu'une prise de note à la va vite en amphi, lot commun des universitaires. Ainsi, il n'est pas étonnant qu'ils affichent chaque année un taux de réussite à 3 chiffres.
Un relationnel facilité
En plus de tout ce que j'ai exposé avant, le groupe a une place prépondérante, et le relationnel entre étudiants joue très vite, alors que pour un étudiant standard, cela prend infiniment plus de temps, à cause de l'anonymat de la fac, bien plus palpable qu'on ose bien le dire. AInsi, notre petit étudiant de prépa Cachan se voit faciliter sa recherche de stages car il a déjà un carnet d'adresses dans lequel puiser. Le piston joue beaucoup en prépa, ne nous voilons pas la face.
Conclusion?
Schématique mais réaliste : un étudiant je m'en foutiste, épris de prestige bien davantage que de travail bien fait, et peu intéressé par le droit, peut arriver à ses fins en grimpant très vite dans les années, sans trop suer sang et eau. Opinion personnelle : une duperie intellectuelle sans nom, le triomphe de l'amateurisme et du dilettantisme. Un apprentissage sur le mode "avoir", qui mise avant tout sur la chance au détriment de la construction d'un projet personnel abouti, réfléchi, muri...
Voilà, j'ai été long mais j'ai voulu aller (paradoxalement) à l'essentiel. Il y aurait encore à dire, des points pas évoqués, ou trop rapidement.
Des questions, des contestations?