Les risques professionnels recensés obligatoirement depuis 2001 dans les DUERP, et plus précisément dans le volet psychosocial peuvent-ils permettre une meilleure cotation de la probabilité d’occurrence dans la cartographie des risques d’atteinte à la probité ?
Quelles sont les plus values à réaliser conjointement ces deux documents ?
Deux défis apparaissent lors de la rédaction d’une cartographie des risques déontologiques, aussi appelée cartographie des risques d‘atteinte à la probité, le premier étant de s’assurer que tous les risques potentiels sont pris en compte. Cela peut être difficile, car il est plus aisé de se concentrer uniquement sur les risques les plus évidents ou les plus immédiats.
En effet, il est important de se rappeler que les risques déontologiques peuvent être subtils à appréhender. L’autre défi est de garantir que la cartographie des risques déontologiques est objective et impartiale. Ces deux éléments se retrouvent aussi dans les Documents Uniques d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP) et plus particulièrement les Risques Psycho-Sociaux (RPS). Cet article a pour objet de traiter les risques d’atteinte à la probité comme risques professionnels à travers les RPS.
I) La plus-value de se baser sur les RPS pour cartographier les risques d’atteinte à la probité.
La mesure des RPS est obligatoire depuis l’accord-cadre relatif à la prévention de ces mêmes risques dans la fonction publique signé le 22 octobre 2013, obligeant chaque employeur public à élaborer un plan d’évaluation et de prévention des RPS en 2015. Il lui revient alors d’évaluer les risques, physiques comme psychosociaux, et de les hiérarchiser au sein d’un même document pour prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la santé physique et mentale des agents.
Il en découle la mesure des RPS dans le DUERP sur le fondement de l’article L4121-1 du Code du travail. Cela permet de comprendre les risques auxquels expose un poste (ou Unité de Travail), liés entre autres aux relations professionnelles (collègues, hiérarchie, employeur, etc.), à l’organisation du travail et aux exigences du poste, à l’éthique et aux valeurs, etc.. Il est alors possible de mettre en place des actions de prévention des situations de stress, d’intimidation, de harcèlement moral et de violence.
La cartographie des risques déontologiques est un moyen de prévention qui vise à réduire les manquements à la probité. Le terme de probité regroupe les 6 infractions disposées dans l’article 1 de la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (dite Sapin II), à savoir la corruption,le trafic d’influence, la concussion, la prise illégale d’intérêt, le détournement de fonds publics et le favoritisme (Loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (1)).
Cette même loi dispose de l’obligation de cartographie pour les grandes sociétés et établissements publics industriels et commerciaux ayant plus de 500 salariés et réalisant plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. La loi ne définit pas d’obligation ni de référentiels pour les autres collectivités locales mais sa tenue est vivement conseillée par la HATVP [1]. De plus, la certification des comptes locaux et la réforme sur la responsabilité des gestionnaires publics nous poussent à trouver un moyen de prévention sur ces risques.
Il semble opportun, pour répondre à l’obligation qu’a l’employeur en termes de prévention des RPS, de mettre en place une cartographie des risques déontologiques, tant les risques peuvent être inhérents à un poste de travail particulier ainsi qu’à l’état mental d’un agent (stress, fatigue …) et donc faire parti des risques professionnels.
A) Approche méthodologique comparée.
Les RPS font partie intégrante des DUERP et suivent le même formalisme. La loi se veut assez souple dans la manière de les évaluer avec toutefois certaines obligations. En effet, peu de formalisme légal est attendu dans les DUERP et dans les cartographies de risques déontologiques, seul l’objectif poursuivi est explicitement indiqué.
Les éléments similaires sont perceptibles dans la finalité des documents, avec le contexte organisationnel :
1) la cartographie des risques et les DUERP vise à identifier, évaluer, et hiérarchiser les risques, que ce soit ceux d’atteinte à la probité inhérents aux activités de l’entité ou ceux professionnels (physiques, biologiques, de pandémie, psychosociaux …), en vue de leur maîtrise ;
2) les instances dirigeantes prennent la décision et endossent la responsabilité. Le Maire est responsable et garant du bien-être de ses agents, et de l’image de sa collectivité. On discernera cependant les types de responsabilités qui pourront revêtir, en fonction des cas, un caractère civil, pénal ou politique ;
3) la mise à jour des deux documents doit avoir lieu à chaque nouvel élément modifiant l’exposition au risque ou au moins une fois par an.
Un responsable du dispositif de probité doit être désigné par les instances dirigeantes.
Le responsable de ce dispositif pilote le déploiement, l’évaluation et l’actualisation du programme opérationnel. Il coordonne l’élaboration de la cartographie des risques en accompagnant chaque service dans l’audit de ses fonctions, des processus mis en œuvre, des risques induits et des mesures préventives en place et définit les axes d’améliorations. Ce dernier point nous montre la similitude avec le conseiller et assistant de prévention en matière de prévention des risques au travail, et nous pousse à penser que ces deux agents pourraient être la même personne, avec une formation polyvalente adaptée qui prend pour base le psycho-social.
Les éléments de similitude sont aussi visibles dans le rendu final du document au vu de la méthodologie employée passant par :
- l’identification des risques inhérents aux activités de l’entreprise ;
- l’évaluation des risques bruts ;
- l’évaluation des risques nets ou résiduels ;
- la hiérarchisation des risques nets ou résiduels et élaboration du plan d’actions ;
- la formalisation, la mise à jour et l’archivage du document d’évaluation [2].
La cartographie des risques déontologiques selon les recommandations de l’AFA (avec la comparaison de la rédaction du DUERP en deuxième ligne) se rédige comme suit :
L’occurrence ou la fréquence se calcule de la même façon dans les deux documents :
La gravité, du fait de ses conséquences, est la principale source de différence dans les deux documents (même si cela nous permet de constater dès à présent les similitudes et les liens de causalité entre les RPS et les conséquences sur la réputation et les humains pris en compte dans la cartographie des risques déontologiques).
Certains points de divergences sont à noter.
NB : Etant donné que la cartographie des risques comme outil déontologique vise à la mise en place d’une politique de probité (anticorruption), elle concerne aussi les élus en leur qualité d’ordonnateur.
La cartographie des risques d’atteinte à la probité touche aussi bien les agents que les élus, alors que les RPS ont vocation première à ne concerner que les professionnels, donc uniquement les agents publics. Pourtant, les élus, bien qu’il ne soit pas fait obligation de hiérarchiser les risques professionnels qui s’opposent à eux, la fonction d’élu n’étant pas une profession, ont un impact sur les RPS, en ce que la Fonction Publique Territoriale leur donne le rôle d’employeur avec la double casquette de management et de contrôle (accentué dans les petites collectivités). Cette tâche fait qu’il serait intéressant de prendre les élus en compte dans les DUERP, pour avoir un référentiel et proposer des moyens de préventions face aux violences et aux agressions sur leurs personnes, en augmentation.
Le renforcement de la déontologie prend un caractère déterminant dans l’atmosphère psychosociale, puisque selon les mots de Jean Louis Nada, alors président de la HATVP, (dans le guide I de la HATVP) :
« Boussole de l’action publique, la déontologie aiguille les fonctionnaires et les élus dans l’exercice de leurs missions quotidiennes. Source de légitimité, elle est un rempart face à la défiance grandissante des citoyens envers leurs institutions et leurs responsables publics ».
Le terme de “défiance” est fort à propos du fait de sa référence à la psychologie, en étant définie comme un sentiment de crainte et de perte de confiance [3]. Cela nous montre à quel point la déontologie gagne à être associée aux évaluations psychologiques.
B) Les raisons de l’atteinte à la probité par le prisme des unités de travail.
L’atteinte à la probité peut avoir différentes causes, qui dépendent notamment des contextes sociaux, économiques et culturels dans lesquels elle se produit. Selon le prisme des unités de travail, ces causes peuvent être liées aux caractéristiques des individus, des groupes et des organisations qui composent ces unités. Ce prisme nous permet de regrouper alors les processus par groupe d’individus.
Au niveau individuel, l’atteinte à la probité peut être causée par des facteurs tels que la cupidité, l’égoïsme, l’absence de moralité, l’incapacité à résister à la tentation, la détresse psychologique, ou tout autre faille psychologique propre à la personne. Ces facteurs peuvent être renforcés par des situations de stress, de pression, de vulnérabilité économique, de manque de perspectives professionnelles ou de manque de contrôle interne. Les RPS ne reprennent pas ces risques puisqu’ils sont inhérents à un poste et non aux individus. Pour rappel, les facteurs pris en compte lors de la rédaction des RPS et de la cartographie doivent être objectifs et impartiaux. Il faut néanmoins noter que, si le rédacteur de ces documents est amené à recenser des facteurs similaires entre les individus d’une même unité de travail, le risque ne sera plus individuel mais collectif, nécessitant donc sa prise en compte.
Au niveau des groupes d’individus, les atteintes à la probité peuvent être engendrées par des facteurs tels que la culture d’entreprise, les normes sociales, les relations de pouvoir, les pressions de conformité, ou encore un manquement dans l’accompagnement managérial. Ces facteurs peuvent encourager ou tolérer des comportements corrompus, ou même les rendre nécessaires pour réussir dans le groupe ou l’organisation.
Au niveau des collectivités, les mêmes atteintes peuvent être causées par des facteurs tels que la mauvaise gestion, la carence de la réglementation et de la supervision, les conflits d’intérêts, les inégalités économiques, etc. Ces facteurs peuvent créer des situations propices à la corruption, la concussion ou au favoritisme ou même la rendre systématique dans certaines organisations.
En règle générale, il faudra apporter une vigilance accrue aux Unités de Travail qui, de part les RPS inhérents à leur métier, seront davantage susceptibles d’être exposés au risque de d’atteinte à la probité.
C’est pourquoi, dans le cadre de l’élaboration de la cartographie des risques déontologiques, l’évaluateur devra notamment s’intéresser de manière plus précise aux UT pouvant être exposés aux RPS suivants :
- le stress qui peut rendre les agents/élus plus vulnérables aux tentations de corruption, car ils peuvent être plus disposés à prendre des risques pour résoudre des problèmes financiers ou professionnels ;
- l’isolement social ou professionnel qui peut pousser certains agents à accepter des avantages divers ou à prendre des décisions frauduleuses pour se sentir acceptés ou appréciés. L’isolement social est également à appréhender comme un facteur de risque favorisant l’apparition de tous les autres RPS énoncés ;
- le harcèlement perpétré par la chaîne hiérarchique (du responsable directe aux élus), les collègues ou des administrés ;
- la discrimination qui peut créer un trauma avec une volonté de faire payer la collectivité [4] ;
- la souffrance psychologique, induite par des conditions de travail dégradées, qui rend les agents/élus plus vulnérables et peut réduire leurs capacités de discernement et de résistance à la pression.
Un autre point de similitude avec la cartographie réside dans la qualité du rédacteur à sensibiliser les audités. En effet, le volet psychosocial ou pénal d’une mission ou d’une tâche est souvent méconnu et un point de pédagogie sur les effectifs est nécessaire avant de commencer l’audit.
Les élus devront faire l’objet d’une attention plus poussée en raison de leur activité professionnelle qui ne leur assure pas nécessairement le même niveau de traitement que les agents, de la vulnérabilité psychologique que peut induire leur fonction, des risques financiers qui peuvent peser sur leur activité professionnelle, de leur position de domination managériale sur les agents et du manque d’encadrement des frais de représentations. De plus, les élus, en étant tenus responsables, ont la fonction de contrôle des effectifs et des moyens mis en œuvre pour éviter les risques.
II) Les moyens réciproques de prévention des risques d’atteinte à la probité et de la prévention des risques psychosociaux.
Il est important de noter que le stress, l’isolement, le harcèlement, la discrimination et la détresse psychologique ne sont pas des causes directes de risque de corruption (ou favoritisme, concussion, prise illégale d’intérêts … ). Cependant, ces risques peuvent augmenter la vulnérabilité des individus aux tentations et il est donc important pour les employeurs de prendre en compte ces aspects et de mettre en place des mesures de prévention qui sont propres au référencement des RPS, en plus des mesures de prévention contre la corruption, et ce même si nous allons voir dans cette partie que les moyens peuvent être communs.
La HATVP précise dans son guide que l’une des plus-values de la cartographie des risques d’atteinte à la probité est, en plus de « un fonctionnement amélioré de la structure » [5].
Avec la reprise des conséquences des risques de la cartographie des risques d’atteintes à la probité, on voit l’impact qu’ils ont sur les agents, avec une toxicité qui peut s’installer dans un service, la dégradation des relations élu/agent/administrés ….
Il ne fait donc aucun doute que les conséquences de la corruption ont un impact sur la qualité de vie au travail. On va donc se demander si, puisque la corruption a un impact négatif sur les RPS, la politique anticorruption a un impact positif.
Les risques psychosociaux sont définis comme un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs. Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les facteurs liés à l’organisation du travail et aux relations de travail [6]. Il semble intéressant de voir en quoi les moyens de préventions établis dans une CRD peuvent influer sur ces trois catégories de facteurs.
A) Organisation du travail (Le management et l’exposition des règles, vers la culture de la transparence).
L’élu doit lire lors de leur prise de fonction l’article 111.1.1 du CGCT, aussi appelé charte de déontologie. En plus des principes d’impartialité, de diligence, de dignité, de probité et d’intégrité, elle y dispose la cessation immédiate de tout conflit d’intérêts. Or l’exposition du principe même de conflit d’intérêts qui n’est pas acquis, attendu que le principe d’intérêt n’est pas explicitement et juridiquement défini. La Cour de Cassation donne cependant une définition du conflit d’intérêts :
« constitue un conflit d’intérêts toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction ».
Cette notion de conflit d’intérêt est tout à propos dans la recherche de moyens de préventions, puisque le conflit d’intérêt ne fait pas partie du Code pénal, et qu’il n’est donc pas pénalement sanctionné. Néanmoins, la responsabilité politique de l’élu pris dans une situation de conflit d’intérêts peut créer de la défiance citoyenne et une perte de motivation des agents, l’intérêt général n’étant plus garanti, qui va par cette carence d’organisation impacter les relations au travail.
La cartographie permet de mettre le doigt sur les différents mandats qu’un élu (et agent) peut avoir, le risque de conflit d’intérêt pouvant intervenir dans un milieu Public/Public. Le RPS peut prendre en compte l’interférence qui peut exister entre divers intérêts locaux et la cartographie permet, par ses moyens de prévention, de ne pas voir ces intérêts convergents transformés en prise illégale d’intérêt par un juge. De plus, les intérêts reconnus par le juge pénal pour caractériser un conflit d’intérêt en prise illégale d’intérêts pouvant être moraux, il est important de s’assurer que ces intérêts ne soient pas imputables à la fonction qu’occupe l’élu ou l’agent et à un manque de moyens de préventions, en commençant cette dernière par la mesure des RPS.
L’un des moyens mis à la disposition des élus et des agents pour remplir l’obligation de déontologie qui pèse sur chacun d’entre eux est le référent déontologue. Même s’il est à noter que les missions assurées par ce dernier en toute autonomie, indépendance et objectivité ne sont pas les mêmes qu’il s’agisse des élus ou des agents, il est chargé dans les deux cas d’apporter tout conseil utile au respect des principes déontologiques à qui en fait la demande. Les avis sont confidentiels et ne lient pas le demandeur. Ce soutien extérieur a une influence sur la compréhension des obligations, favorisant ainsi le dialogue avec un tiers de confiance pour diminuer les facteurs communs de risques liés au stress, et l’isolement social ou professionnel. La médiatisation autour de ces compétences et de ses moyens de saisines peut donc être prévue dans les moyens de prévention des deux documents.
Un autre point à aborder sur l’organisation du travail au profit du respect de la probité est la réforme des gestionnaires publics. Avec cette réforme, la responsabilité revient à celui qui a commis la faute. Une pression supplémentaire qui va peser sur les agents et une modification du dynamisme entre l’élu et l’agent. Ce changement de responsabilité tend à s’interroger sur le responsable réel de la faute commise et sur le caractère sérieux de la faute.
Il faut noter que cette réforme fait peser la responsabilité uniquement sur l’agent puisque, même si des mécanismes d’exemption de faute sont prévus, les élus ne sont pas justiciables devant la Cour des Comptes. En fonction des moyens de management en place dans les collectivités, cette nouvelle responsabilité peut augmenter le stress et les situations de harcèlement pour qu’une action soit menée.
La cartographie des risques déontologiques, par ses procédures visant à réduire le risque, va permettre d’immuniser les acteurs les plus sujets aux RPS. Ces derniers permettront d’adapter les procédures de contrôle, en partant du postulat que plus ils sont élevés et moins les procédures risquent d’être respectées, et donc qu’elles devront être plus contraignantes. Ce système permettra de ne pas faire peser des procédures anti-corruptions inutiles de façon à optimiser le bon fonctionnement de l’administration.
Le découpage des RPS par unité de travail permet de sectoriser lesdites procédures.
La cartographie, dans son premier point de mise en place, nécessite l’engagement de l’instance dirigeante. Cet engagement passe par une politique de tolérance zéro. Mais elle a aussi pour conséquence d’exposer les règles applicables en la matière et amène à la transparence du processus de décision de d’application. L’effet de sa mise en place par la transparence donne du sens au travail des agents puisqu’elle certifie que l’action à mettre en place a pour finalité l’intérêt général / l’intérêt de la collectivité.
B) Relation au travail.
La Fonction Publique Territoriale est singulière dans les conditions de travail, puisque les agents doivent écouter la hiérarchie directe c’est-à-dire la direction, mais aussi les élus.
Ce triptyque relationnel est particulier, les élus n’étant pas des professionnels. Cette particularité est accentuée dans les petites collectivités dans lesquelles les élus ont aussi la casquette de manager. La cartographie des risques déontologie va créer un intérêt pour les élus, l’un des moyens de prévention disposés dans ladite cartographie étant d’élaborer des moyens de contrôle des actions.
Ces moyens de contrôle signifient que l’élu et la direction prennent un dossier et le décortique de bout en bout. Par ce moyen l’élu et la direction ne peuvent rien ignorer du travail rendu par l’agent public, et donc permet aussi une remontée d’information sur les conditions de travail des agents.
La cartographie dans les moyens de prévention œuvre dans la diffusion de l’information sur les cellules de signalements qui permettent de faire remonter les cas de harcèlement au travail, les actes de violence, de sexisme ou de discrimination. Pour rappel la loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique est venue renforcer la lutte contre les diverses formes de violence, discrimination, harcèlement et sexisme.
Ainsi depuis le 1er mai 2020, les employeurs territoriaux doivent mettre en place un dispositif de signalement. Une parfaite connaissance du dispositif de signalement mis en place dans la collectivité va permettre à plus ou moins long terme de diminuer les RPS. En effet l’objectif des dispositifs de signalement est de protéger les victimes ou témoins en les orientant vers les professionnels compétents.
Un autre mécanisme interne aux compétences similaires mais dont la finalité diverge est le référent alerte, issu aussi de la loi Sapin II (la même loi dispose de l’obligation de cartographier les risques de probité pour certaines collectivités). En effet, l’agent qui dénonce un crime, un délit ou un conflit d’intérêt ne peut théoriquement pas être sanctionné, ni discriminé s’il est de bonne foi. Le référent alerte vise à protéger les lanceurs d’alerte pour ne pas altérer les relations de travail d’un agent lanceur l’alerte
Cette institution vise à ce qu’un lanceur d’alerte qui respecte la procédure du dispositif ne soit pas pénalisé. La pénalisation de ce lanceur d’alerte peut se mesurer par les RPS.
En effet, il serait préférable de pouvoir s’appuyer sur l’état de santé de l’unité de travail de l’agent concerné préalable à l’alerte pour quantifier si des mesures coercitives sont prises à son encontre. Dans cet objectif de protection, la loi Wassermann est venue modifier la loi Sapin II en simplifiant la procédure pour lancer une alerte pour une meilleure protection, en ouvrant les canaux d’alerte et en ne rendant plus la saisine de l’autorité hiérarchique préalable obligatoire. Cette dernière loi et son décret d’application montre bien la conscience du législateur aux représailles sur les lanceurs. Auparavant, le lanceur devait avoir "personnellement" connaissance des faits qu’il signalait, la suppression de cette condition permet une meilleure protection de l’anonymat du lanceur et ainsi empêche une détérioration de ses RPS.
Ces mesures, bien que bienvenues et associées à la possibilité pour d’autres institutions de recueillir les alertes, restent lacunaires dans les petites collectivités ou un nombre d’agents restreint ont accès à l’information qui crée l’objet de l’alerte. La cartographie des risques déontologiques permet une recherche préalable au lancement d’une alerte et permet une institutionnalisation de cette procédure. Ce prérequis permet aussi de limiter la responsabilité personnelle due à la méconnaissance des agents, via la mise en place de la codification des procédures.
C) Condition d’emploi.
La cartographie des risques déontologiques en développant la culture de la déontologie n’a pas pour seul objectif de ne pas être sanctionné au pénal, elle vise un objectif bien plus ambitieux : celui de la transparence de l’action publique. Cette transparence qui permet de connaître les moyens d’une prise de décision pour créer un consensus. En effet, il est facile de penser avec un regard extérieur que le bien-être et la motivation des agents est sollicitée par le sentiment d’œuvrer pour l’intérêt général. Cette finalité est en effet à nuancer par les formalismes et l’éclatement des tâches. La culture de la transparence rapproche la finalité des acteurs.
Cette culture de la transparence a un impact direct sur la légitimité d’action auprès des administrés, le bien être des agents, la responsabilité politique et pénale des élus. La transparence se caractérise par une relation de confiance et d’honnêteté qui permet une implication plus forte des agents, un meilleur processus d’intégration des nouveaux arrivants et une baisse des RPS. La transparence induite par la cartographie des risques se traduit par un outil de management.
La cartographie des risques passe en dernier lieu par la formation des agents et des élus aux risques d’atteinte à la probité. Cette formation est un point clé dans les RPS puisqu’elle élabore un moyen de reconnaître les risques d’atteinte, ce qui entre dans l’organisation du travail, mais aussi a pour but de former les agents à la conduite à tenir en cas de risques ; qui peut être propre à chaque Unité de Travail en fonction des risques référencés.
Cette information sur la conduite à tenir est un point déterminant puisque l’agent est aussi formé à la réaction à avoir en cas de tentative de corruption mais aussi d’agressivité des usagers. Cette formation, en plus de diminuer les risques d’atteinte à la probité va avoir un effet sur les RPS. Cette formation peut être dispensée avec la formation générale à la sécurité pour les nouveaux arrivants. En effet, le taux de turn-over est important dans la fonction publique et au sein des élus.
Le conseiller (et/ou assistant de prévention pour les DUERP) est chargé d’apporter tout conseille utile l’autorité territoriale, sous la responsabilité de laquelle il est placé, dans la mise en œuvre des règles de sécurité et d’hygiène au travail [7]. Ce dernier peut, puisque la liaison entre les RPS et les risques de probité sont démontrés, être amené à prendre une part essentielle dans la cartographie des risques d’atteinte à la probité.
En effet, dans son guide (guide référentiel du conseiller de prévention) la FNCDG précise que le rôle du conseiller de prévention
« contribue à la mise en œuvre de la politique de santé et de sécurité au travail de la collectivité. Sa mission est de conseiller l’autorité territoriale (auprès de laquelle il est placé) dans la démarche d’évaluation des risques, dans la mise en œuvre d’une politique de prévention des risques et dans la mise en place des règles de sécurité et d’hygiène au travail ».
La HATVP précise dans son guide [8] et des référents déontologues que
« Pour les structures d’une taille suffisante, un comité de pilotage de la cartographie des risques peut être utilement instauré afin d’associer et d’informer régulièrement élus et direction, et de prendre les décisions importantes (appel ou non à un prestataire externe, calendrier de présentation devant l’assemblée délibérante,..) ».
Pour les petites collectivités, il semble intéressant que le conseiller de prévention prenne la place du comité de pilotage. La HATVP précise dans le même guide (à la page 23) que le responsable peut également désigner une personne au sein des services, en particulier du service juridique, qui soit à même de disposer des informations nécessaires pour identifier des problèmes structurels nouveaux. Le conseiller de prévention semble alors plus approprié pour ce rôle.