de
laurabgn
le Ven 27 Nov 2015 12:15
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Profession: Juriste
Bonjour,
Je partage une petite analyse personnelle concernant la rémunération du juriste débutant.
Il y a une multitude de critères à prendre en compte quand on souhaite évaluer ses prétentions salariales, outre la distinction Île de France / Province qui a tendance, d'après mes recherches, à s'amenuiser ; pour exemple, j'ai déjà entendu qu'un 36K€ dans Paris intramuros pour un poste quelque soit le profil demandé était "au-dessus du plafond" dont disposait cette société qui est pourtant un groupe multinational... et je me suis vue offrir plus par une PME en région PACA (j'avais 2 ans d'expérience) !
Le cursus est important bien entendu : un juriste qui dispose du CAPA, ou d'un diplôme étranger, ou encore d'un double cursus école de commerce ou autre, est supposé (parce que ce n'est pas une vérité absolue) pouvoir prétendre à un salaire plus élevé.
En revanche, je n'ai jamais connu de boîte qui distinguait selon les universités où vous avez pu obtenir votre M2.
Attention au secteur public qui disposent de grilles non négociables, mais dans un tel cas, la question des prétentions salariales ne se pose pas...
Un point important concerne également le secteur dans lequel la boîte exerce ; par exemple, les sociétés exerçant dans le secteur du bâtiment dépendent de la convention collective du bâtiment, les charges y sont légèrement supérieures (je dirais environ 25% au lieu de 20 à 23 dans d'autres secteurs), mais les congés payés sont réglés par une caisse (et non la société) qui verse une prime d'environ 30% sur vos congés. Ces sociétés ont d'ailleurs une politique particulière concernant les heures supplémentaires/RTT (un statut spécifique à la convention collective du secteur est celui de cadre intégré aux 35H, ce qui soulève cette problématique)
Ceci est un exemple que j'ai pu vivre, pour vous montrer que le secteur d'activité a son importance...
Ce qui nous amène à évoquer les avantages qui font ou non partie de la rémunération négociée. Avant de donner ses prétentions salariales, il convient de ne pas hésiter à poser des questions sur les avantages procurés par la société qui vont influer sur le montant demandé, en fin d'entretien avec les RH ou au moment où votre correspondant RH vous interroge sur vos prétentions salariales ; certains m'en ont parlé de manière très transparente avant de me poser la question, d'autres ne l'ont pas évoqué.
Parmi ces avantages, sont concernés :
- le remboursement des frais de transport et/ou frais kilométriques ; certaines sociétés les proposent, et les frais kilométriques peuvent représenter un avantage de plusieurs centaines à plus de 1000€ par mois selon les témoignages que j'ai pu entendre autour de moi
- la mutuelle (une bonne mutuelle peut coûter plus de 100 euros par mois, qui peut parfois aussi bénéficier au compagnon/pacsé/conjoint),
- les tickets restaurants (parfois une cantine permet à la société de s'en exonérer, et les tarifs de ce restaurant peut varier du simple au double, ce qui peut être salé à la fin du mois, entre 50 et 200 euros selon les restaurants),
- les primes ; le 13ème mois est relativement courant (mais pas obligatoire), parfois même un 14ème mois existe (voire plus !) mais attention, certaines sociétés le présentent comme une prime, d'autres l'incluent dans le calcul de la rémunération brute annuelle négociée dès les premiers entretiens (ce qui divise votre rémunération brute annuelle par 13 ou 14, et non par 12...),
- les primes de participation aux bénéfices et autres primes ; ces primes sont difficiles à anticiper, mais il est tout à fait possible de faire quelques recherches, interroger des salariés de la boîte sur les réseaux professionnels de type Linkedin ou Viadeo, voire carrément demander à la RH à combien environ s'élevait ces primes les années précédentes,
- d'autres types d'avantages mais plutôt réservés aux juristes expérimentés ou chefs de services (voitures de fonction etc.) ce qui ne concerne pas vraiment les juristes débutants.
La connaissance de ces primes découle généralement du premier entretien réalisé avec les RH.
A titre personnel, je connais mal les rémunérations proposées en région parisienne.
Une étude AFJE précise que les écarts sont en moyenne de 13% entre la région parisienne et la province et l'écart tend à s'amenuiser (baisse des salaires en région parisienne, ou augmentation en province, je ne sais pas...). L'écart homme-femme est bien présent, estimé à 23% en moyenne passés 2-3 ans d'expérience, peu présent en début de carrière....
Tout ça pour dire que lorsque l'on débute, avec un ou deux stages à son actif, la tranche de négociation 28-32K€ me semble réaliste pour des sociétés qui disposent d'un service juridique composé de plusieurs personnes.
Ceci étant, certaines sociétés ont été enclines à m'offrir 36K€ avec 1-2 ans d'expérience.
Pour ma part, j'ai député à 26 000 bruts environ dans le secteur public avec un M1, ce qui n'est pas représentatif puisque je me situais dans une tranche un peu bâtarde (au moins Licence / moins du Doctorat... !), ce qui fait que j'étais rémunérée de la même façon qu'une personne qui sortait d'une licence, à un poste où un Master I au moins était exigé.
En tout état de cause, il faut garder en tête qu'il sera moins risqué de demander trop que pas assez.
A titre personnel, j'ai regretté de ne pas avoir demandé plus en me disant "si je demande trop, ils vont en attendre plus de moi".
En réalité, il est indéniable que la négociation du salaire est bien plus facile avant de signer son contrat, qu'une fois qu'on est dans la boîte, où il sera bien plus difficile de demander une augmentation.
La règle d'or je pense reste : il vaut mieux trop demander que pas assez ; lorsqu'un recruteur vous appelle, cela veut d'ores-et-déjà dire que votre CV correspond à leurs recherches, qu'il prend acte de vos compétences et vos expériences. L'entretien a pour but de mieux vous connaître sur le plan personnel et sur vos expériences, afin de vous départager avec d'autres candidats. J'ai pu constater que l'utilisation des prétentions salariales comme outil permettant de départager les candidats ne concerne que les candidats en short-list, à la fin du process (mettons, ils hésitent entre 2 candidats qui leur conviendraient).
Bien sûr, connaître vos prétentions salariales permet de vous évaluer et je pense qu'il faut avoir quelque chose à vendre en retour ; si vous savez vous vendre en utilisant de bons arguments (une autonomie supérieure par rapport à d'autres personnes au cours de vos expériences précédentes, la sollicitation de votre manager sur des dossiers très importants malgré votre jeune âge et/ou expérience, votre analyse d'une problématique complexe à un moment donné etc.), cela peut convaincre cette personne que, non seulement le salaire demandé peut correspondre à ce que vous savez faire, mais aussi, que vous savez vous vendre, que vous savez argumenter, et que vous savez vous défendre (pour le poste à venir, des qualités fort utiles pour convaincre vos clients internes/externes et la Direction de la société).
Si vous demandez trop, rares sont les RH qui ne vous le diront pas... Cela m'est déjà arrivé pour un poste en région parisienne et j'ai interrompu la suite (venant de PACA je n'étais pas prête à quitter la région pour "si peu"). De la même manière, si vous demandez trop peu, rares seront les RH qui vous le feront savoir... !
Des prétentions salariales trop élevées pourront toujours être revues à la baisse par la suite (l'inverse n'étant pas vrai).
Il y a des façons de présenter ses prétentions salariales aussi. Il y a une énorme différence entre dire "je veux tant", et dire "compte tenu de tel, tel et tel paramètre (expériences/qualités personnelles), j'estime que tant peut représenter les prétentions salariales auxquelles je peux prétendre".
Enfin, l'annonce elle-même peut vous donner une idée du plafond dont dispose la société. Si une société annonce qu'elle recherche un profil de type 5 ans d'expérience, qu'elle vous appelle tout-de-même (potentiellement parce que ce n'était pas son critère #1), et que vous n'en avez pas, cela veut forcément dire que cette société dispose de l'enveloppe permettant d'"acheter" un profil 5 ans d'expérience... Il sera plus aisé de demander "trop" à cette entreprise, quitte à ce qu'elle vous propose de le revoir un peu à la baisse, qu'à une entreprise qui recherche un débutant et qui pourrait vous proposer le SMIC en se disant "ce candidat a enchaîné des stages, je lui propose le SMIC, il acceptera".
A tou(te)s celles et ceux qui n'osent pas, vous n'imaginez pas ce que l'on peut obtenir en demandant, après avoir exposé son parcours et ses expériences de façon intelligente... Pour ma part, avec un simple M2, une courte expérience de 6 mois à l'étranger, je n'ai jamais vécu de période sans emploi et j'ai pu trouver mon premier poste avant même mon année de M2.
Qui ne demande rien n'a rien !
Bonne chance et bon courage à tous.
Laura