Les candidats reprochent parfois aux entreprises et cabinets d’avocats ainsi qu’aux recruteurs de rechercher des « clones » dotés de parcours professionnels linéaires. Compte tenu du coût financier et humain d’une erreur de recrutement, leur souci de limiter au maximum le risque est compréhensible. Face à cette situation, les profils atypiques ont-ils une chance de faire carrière de juriste ?
Il convient d’abord de définir le terme « atypique ». La « carte mentale » des juristes reste assez conventionnelle, valorisant le respect des normes et la rigueur intellectuelle plutôt que l’anticonformisme. Il semble donc difficile de trop s’éloigner des qualités inhérentes à la fonction juridique, telles que l’analyse, la synthèse, la capacité à convaincre ses interlocuteurs…Si l’un des ces critères fondamentaux manque, le juriste peut se trouver pénalisé à terme.
Néanmoins, un juriste possédant les qualités incontournables, mais étant « atypique » dans sa formation ou son parcours professionnel peut trouver sa place tant en entreprise qu’en cabinet. Ainsi, nous avons récemment recruté pour un poste de directeur juridique dans un établissement public un ancien conducteur de métro devenu docteur en droit à plus de 40 ans. Les vocations tardives peuvent être les plus profondes…
De même nous avons recruté pour un autre poste de directeur juridique, dans l’immobilier cette fois une ancienne championne de rallye automobile. Là aussi, les qualités déployées dans un tout autre domaine se sont avérées précieuses pour occuper ce poste. Enfin, il existe plusieurs exemples d’avocats initialement diplômés dans des domaines scientifiques (pharmaciens, architectes, médecins, ingénieurs) qui ont passé le CAPA à mi-carrière et mis à profit leurs connaissances techniques en se spécialisant qui en droit de la santé, qui en droit de la construction.
Quels conseils donner aux juristes « atypiques » ? Essentiellement une double recommandation : d’abord faire valoir le côté atypique sous un angle positif en mettant en avant la valeur ajoutée qu’il représente : une expérience diversifiée, un regard nouveau, un dynamisme hors du commun, par exemple.
Ensuite ne pas inquiéter en montrant que pour être atypique, on n’en est pas moins capable de s’adapter aux normes de la profession juridique, tant en matière de fonctionnement intellectuel (organisation, analyse, rigueur) que de comportement (codes vestimentaires et professionnels). Bien évidemment, le candidat « atypique » recherchera plutôt un poste dans une entreprise ou un cabinet à priori ouvert à ce type de profil. Par exemple, certains cabinets d’avocats mettent en avant les parcours divers de leurs avocats.
Côté entreprises, les anglo-saxonnes sont en règle générale plus ouvertes aux profils atypiques que leurs homologues françaises, pour des raisons culturelles (parcours universitaires moins déterminants pour l’évolution professionnelle qu’en France, plus d’ouverture aux changements de carrière…).
En conclusion, les candidats doivent savoir qu’un profil atypique, s’il recèle potentiellement créativité et ouverture, représente aussi un risque pour le recruteur. La première étape est donc de rassurer et convaincre...
Sharon Golec
Directeur Associé
Legalteam Solutions
www.legalteam.fr
www.jurishop.fr/LEGALTEAM-Solutions
Les forums du village vous permettent si vous le souhaitez de participer à une discussion sur ce sujet :
https://www.village-justice.com/for...